ERECTION
PRESIDENTIELLE
Article
publié dans la Lettre n° 268
ÉRECTION PRÉSIDENTIELLE de et avec
Gérald Dahan.
Qui ne connaît pas Gérald Dahan, l’imposteur, celui qui n’hésite
pas à mystifier artistes ou hommes politiques par téléphone interposé ?
On se souvient de la Marseillaise chantée par l’équipe de France
de football, la main sur le cœur, après un faux coup de fil de Jacques
Chirac à Zizou, ou celle du ministre du Québec à Ségolène Royal,
au sujet du mot « souveraineté ». Les dupes grincent des dents,
les autres rient à leurs dépens. Par les temps qui courent, Gérald
Dahan a la part belle et il en profite: l’imminence de l’élection
présidentielle est une manne. Quoi de plus drôle que d’épingler
les candidats et de faire élire par le public le plus comique d’entre
eux, à la manière de la Star Ac !
Beau garçon, du charme, et une présence indéniable sont les atouts
physiques de notre imitateur humoriste qui se déplace sur scène
avec une formidable aisance, occupant bien le terrain, accompagné
dès les premières minutes par la musique de Dallas, évidemment,
mais encore fallait-il y penser ! Entre projections, sketchs et
imitations, il tient la scène deux heures d’horloge, avec tout de
même une pause cigarette dans la peau d’un Jean-Pierre Bacri peu
loquace, ce qui lui permet de souffler. Les spectateurs sont venus
là pour s’amuser et ils ne sont pas déçus. Téléphones portables
en main, ils sont d’ailleurs mis à contribution, élection oblige.
Une mise en scène complexe et bien réglée, un fantastique travail
des lumières, la coopération du public et le tour est joué. Si le
fond de ses sketchs sur les hommes politiques reste tout de même
bien léger, ses imitations en revanche sont hallucinantes. Jacques
Chirac s’adressant à ses concitoyens sans un mot mais avec force
gestes et mimiques, est une véritable réussite. Avant de rallumer
les banlieues, Johnny Hallyday aidé de Doc Gynéco sont inénarrables
en Starsky et Hutch. Edouard Baer est plus vrai que nature, tout
comme Fabrice Lucchini ou les chanteurs Claude Nougaro et Indochine
et j’en passe. Les présentateurs en prennent aussi pour leur grade.
Stéphane Bern et Jean-Luc Delarue ne sont pas épargnés. La diversité
et l’excellence des imitations sont le fondement de ce spectacle
réjouissant dont la partie politique mériterait d’être un peu plus
approfondie mais… avec le temps tout ne s’en va pas toujours!
Parions que notre humoriste saura donner du corps à ses textes,
il en a le talent, l’intelligence et la finesse d’esprit. Théâtre
du Gymnase 10e.
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