DUEL
Article
publié dans la Lettre n° 255
DUEL. Spectacle de Laurent Cirade,
Agnès Boury, Paul Staïcu, R.H.K Joo. Mise en scène Agnès Boury avec
Laurent Cirade (violoncelle), Paul Staïcu (piano).
La définition du Petit Robert a le mérite d’être claire : un duel
est « un combat entre deux adversaires armés ». Armés de quoi ?
Généralement, d’armes tranchantes ou à feu. Celles de nos deux musiciens
devraient être un violoncelle, un piano… à la rigueur un didjeridoo,
armes contondantes et inoffensives en apparence, sauf peut-être
pour les oreilles de l’entourage ! On change d’avis lorsqu’ apparaissent
la chaise longue, pas simple à ouvrir lorsque l’on est encombré
d’un violoncelle, la clé à molette et la pince monseigneur, indispensables
pour réparer la touche récalcitrante du piano, mais qui peuvent
aussi servir à autre chose, et même la tronçonneuse en cas de grande
fureur. Nos duettistes ne doutent de rien. Pour se défier, tout
est bon : la scie contre l’archet si besoin est. Pourtant le concert
avait plutôt bien commencé, à part un brin d’impatience de la part
du pianiste au moment d’accorder le violoncelle. Puis les relations
se sont peu à peu dégradées. C’est normal car, si nous continuons
de parcourir la définition dudit Petit Robert : il s’agit « d’un
combat singulier ». Pour être singulier, il l’est ! Imperturbables
et tentant chacun de tirer la couverture à lui, c’est-à-dire, le
devant de la scène, ils finissent par se mettre dans des situations
aussi inénarrables que désespérées. Etendu sur le sol, l’un n’aura
de recours que de jouer Sati les mains à l’envers, puis finira tout
de même assis devant le piano mais menotté et encagoulé. Pas simple
le métier, surtout lorsqu’ il faut sortir la carte de crédit pour
accéder au clavier ! Le Petit Robert parle aussi de duel oratoire
mais ici, la joute est musicale et le combat acharné. Au fil du
temps, le calme reprendra ses droits et profitant de l’absence de
son adversaire, Laurent tentera de séduire le public avec une Toccata
de Prokofiev mais, hélas, le vol du bourdon n’est pas loin…
Vous l’aurez compris. Ici, le pré n’est pas le champ du combat mais
une scène dont s’est diablement bien emparée Agnès Boury pour canaliser
nos deux musiciens facétieux, pris dans leur délire musical. Laurent
et Paul finiront tout de même par voir la vie en rose, partageant
amicalement les bons offices d’un violoncelle. Mais il ne faut pas
s’y fier, ne n’est sans doute qu’un répit. Demain ils recommenceront
pour la plus grande joie du public ! Comédie des Champs Elysées
8e.
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