CHANTECLER TANGO
Article
publié exclusivement sur Internet avec la Lettre n°
358
du
7 octobre 2013
CHANTECLER TANGO. Conception et direction
chorégraphique Mora Godoy. Musique originale et arrangements Gerardo
Gardelin. Mise en scène Stephen Rayne avec Mora Godoy, Marcos Ayala,
Horacio Godoy et 24 danseurs, chanteurs et musiciens.
Mora Godoy nous avait déjà enchantés avec Tanguera, son précédent
spectacle donné au cours de deux saisons au Châtelet. Mais aujourd'hui
Mora Godoy, considérée comme l'une des plus talentueuses interprètes
de tango, est aussi sur les planches avec une troupe éblouissante.
Ce spectacle original, dont c'est la création en Europe, a déjà
été donné à Buenos Aires où il a fait un triomphe.
L'argument est fondé sur la nostalgie du passé, sur les changements
qui surviennent dans notre environnement, sur la disparition de
certains lieux mythiques. Ici il s'agit du Chantecler, dont le nom
est emprunté à la pièce de théâtre d'Edmond Rostand. C'est un cabaret
fondé en 1924 à Buenos Aires par le français Amadeo Garesio, né
à Marseille en 1880, et par sa compagne Lucia Teresa Comba, elle
aussi née à Marseille, en 1888. Ils se sont rencontrés à Buenos
Aires, lui comme administrateur de cabarets, elle comme danseuse
de tango connue sous le nom de Ritana. Ce cabaret, comme tous ceux
ouverts dans les années 1920, permettait au tango de sortir des
bas-fonds de la capitale, où il se chantait et se dansait jusque-là,
et d'obtenir ses lettres de noblesse. La bonne société n'avait plus
besoin d'aller s'encanailler pour entendre des airs qui triomphaient
alors à Paris. Les artistes les plus connus, comme Carlos Gardel,
un autre français, se produisirent au Chantecler jusqu'à sa fermeture
en 1957 et sa démolition.
Mora Godoy imagine donc que le Chantecler a été fermé et qu'un promoteur
achète l'établissement, dont le gardien n'est autre que l'ancien
animateur du cabaret. Le spectacle alterne alors les scènes contemporaines
et les scènes de souvenir des années 1930-1940, avec leurs rencontres
amoureuses, leurs trafics en tous genres, leurs spectacles. Finalement
le promoteur décide de faire revivre ce lieu mythique !
Nous avons donc un spectacle dans le spectacle, avec la reconstitution
de scènes typiques de l'époque, des airs et des chansons - heureusement
surtitrées - connus et, surtout, des danses époustouflantes. Celles-ci
ne sont pas toujours « d'époque ». Mora Godoy a enrichi
les pas traditionnels avec des portés audacieux et des chorégraphies
endiablées, qui rendent le spectacle très vivant et moderne. Il
en est de même pour la musique qui adopte le tempo du tango mais
avec des arrangements et une orchestration elle aussi d'aujourd'hui.
Celle-ci est enregistrée alors que les tangos traditionnels sont
joués en live mais on ne remarque pas les changements tellement
les aspects techniques du spectacle sont soignés.
Le décor est lui aussi remarquable. Les changements d'époques et
de lieux se font en un clin d'œil, sans autre interruption que l'entracte.
Le ministère de la culture de Buenos Aires a voulu que le décor
présenté à Paris ressemble au vrai Chantecler. A voir les photos
de celui-ci, sa reconstitution est une réussite même si, au fond,
cela n'apporte rien au spectacle ! La mise en scène du britannique
Stephen Rayne est suffisamment explicite pour que l'on puisse suivre
l'intrigue de cette comédie musicale sans paroles ni chansons, autres
que celles données dans le spectacle du Chantecler, chansons qui
n'ont aucun lien direct avec l'histoire.
C'est un spectacle à ne pas manquer. En marge de celui-ci, Mora
Godoy et sa troupe donnent des cours d'initiation au tango dans
le foyer du théâtre. Les plus mordus prolongeront ainsi leur plaisir.
TMP Châtelet 1er. Pour
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Lien : www.chatelet-theatre.com.
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