C’ETAIT
BONAPARTE
Article
publié dans la Lettre n° 207
C’ETAIT BONAPARTE,
spectacle de Robert Hossein, écrit par Alain Decaux avec la participation
de Paul Lombard. Mise en scène Robert Hossein avec 83 comédiens
dont Fabrizio Rongione, Bernard Dheran, Pierre Dourlens, Bernard
Lanneau, Serge Maillat, Mélanie Page, Jean-Pierre Bernard, Julie
Kapour, Frédéric Norbert. De Jésus à De Gaulle, Robert Hossein,
depuis des décennies, se lance à corps perdu dans la reconstitution
des grandes fresques historiques. Critiqués ou ovationnés, ces moments
clés de notre histoire ne laissent jamais indifférent. Echafauder
un spectacle à partir de la vie de Bonaparte semble à première vue
hasardeux, le parcours de l’homme étant insaisissable par sa diversité
et sa complexité. Adoré ou haï, L’homme a fait couler beaucoup d’encre,
ses victoires politiques et militaires étant celles d’un grand stratège,
ses réformes celles d’un visionnaire, sa complexion romantique celle
d’une midinette. Alain Decaux, assisté de Paul Lombard, et Robert
Hossein s’attaquent sans nul doute à un monument. Cette épopée,
ils l’embrassent avec une volonté synthétique, mettant l’accent
sur les événements majeurs, évitant les digressions inutiles. Le
public suit donc avec un intérêt soutenu le fil conducteur chronologique
de l’itinéraire du petit Corse que rien n’appelait à un tel
destin. Général à 24 ans, vainqueur de la campagne d’Italie à 27,
de celle d’Autriche à 28, initiateur de la campagne d’Egypte à 29,
Consul à 31 et Empereur à 35.
Comment embrasser un tel parcours en deux heures et demie? Robert
Hossein a une fois encore recours à une mise en scène dynamique
et très mobile, habilement animée par des effets de lumière suggestifs.
Il utilise avec subtilité et intelligence de superbes tableaux inspirés
de David pour évoquer les principaux combats, celui du pont d’Arcole
étant le clou du spectacle. L’esprit didactique toujours en alerte,
le texte et les dialogues cernent de façon logique et parfaite les
actions militaires, politiques et diplomatiques de Bonaparte, ses
choix, ses succès et ses erreurs et l’on salue entre autres la remarquable
synthèse des raisons évoquées pour expliquer la fameuse campagne
d’Egypte. Ses grandes qualités de meneur d’hommes permettent au
metteur en scène de diriger sans la moindre faille une centaine
d’acteurs, interprètes des personnages qui ont pris part, de loin
ou de près, à la vie de Bonaparte. Pas de discours grandiloquents,
ni de logorrhées, un texte et des dialogues construits qui vont
à l’essentiel, dits par d’excellents comédiens, Bernard Dhéran (Talleyrand)
et Pierre Dourlens (Fouché) en tête, une réserve toutefois à l’encontre
de Fabrizio Rongione, dont le jeu est un peu trop mécanique dans
le rôle titre.
1800-1804, quatre années déterminantes dans la vie de Bonaparte
qui l’ont mené vers la plus haute marche mais qui ont aussi ouvert
à la France les portes de l’ère moderne. Ce sont ces années-là qui
ont décidé Alain Decaux et Robert Hossein à relever un défi difficile.
Un parcours sans fautes pour un spectacle incontournable, dont le
public ressort enthousiasmé, et d’autant plus méritoire qu’il permet
de faire travailler une bonne centaine d’artistes. Palais des
Sports 15e (08.92.69.18.02) jusqu’au 26 janvier 2003. Lien:
www.palaisdessports.com.
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