CALACAS

Article publié en avant-première sur Internet avec la Lettre n° 346
du 19 novembre 2012
puis dans la Lettre n° 347
du 10 décembre 2012


CALACAS. Conception, scénographie et mise en scène Bartabas. Décors et costumes Laurence Bruley. Masques Cécile Kretschmar. Avec 8 cavaliers, 4 musiciens, 29 chevaux, un dalmatien et un troupeau de dindes !
C'est le 9e spectacle conçu et présenté par Bartabas, fondateur en 1984 de ce qu'il nommera plus tard Théâtre équestre Zingaro (tsigane en italien), du nom de son cheval fétiche. A l'occasion de ses précédents spectacles (Lettres 180, 221, etc.), nous avions souligné l'apport considérable de cette troupe dans l'utilisation des chevaux, bien loin des spectacles de cirque traditionnel ou des spectacles équestres donnés, par exemple, par le Cirque national Alexis Gruss (Lettre 192) ou par le Cadre noir de Saumur. Chaque fois, Bartabas renouvelle et le thème qui l'inspire et le cadre de sa mise en scène. Avec Calacas, un mot de sept lettres, comme Zingaro et tous ses spectacles depuis Eclipse (!), le spectateur est assis entre deux pistes circulaires, une au sol, de forme traditionnelle même si nous ne savons pas si son diamètre fait bien les 13 mètres réglementaires, et une en haut, très longue, entourant les spectateurs.
Au début du spectacle la salle est plongée dans la pénombre. On devine des formes sur la piste sans pouvoir vraiment les identifier. Quand la piste s'éclaire on voit des dindes, bien vivantes, et des squelettes qui s'animent eux aussi, avant de disparaître, pour un temps, dans les cintres. Le ton est donné. Calacas s'inspire de la traditionnelle fête des morts mexicaine et, pendant 1h45, nous assistons à une succession effrénée de numéros où les squelettes sont omniprésents. Les cavaliers portent un costume représentant un squelette et un masque en forme de tête de mort, qui claque des dents ! A certains moments les chevaux ont pour seule monture un squelette. On le voit, tout est délicieusement macabre.
Parmi les quatre musiciens qui accompagnent les parties du spectacle avec des chevaux ou jouent durant les intermèdes leurs propres numéros, nous avons deux chinchineros. Ces hommes orchestre chiliens se déplacent et dansent avec aisance au milieu des gradins et sur la piste tout en faisant résonner la grosse caisse qu'ils portent dans le dos, la timbale fixée dessus et les autres instruments qu'ils tiennent à la main. C'est assez prodigieux et le public est conquis.
Les figures avec chevaux sont néanmoins la raison d'être du spectacle. Les 29 chevaux de la troupe évoluent dans toutes sortes de formations et de circonstances : seul au milieu de la piste ; avec des écuyers retenus par un fil, tourbillonnant dans le ciel et se juchant alternativement sur le dos de l'animal ; galopant tout le long de la piste supérieure ; tirant avec un rythme d'enfer des charrettes comme celles que l'on voyait jadis dans les parades de cirque ou dans les westerns. L'un des numéros les plus rares est celui de ce cheval se juchant, membre après membre, sur un minuscule tabouret que son dresseur fait alors tourner lentement sur lui-même.
Mais ce que nous avons préféré ce sont encore ces cortèges de chevaux galopant seuls, sur la piste supérieure, guidés par un seul cavalier sur le cheval de tête ou, plus poétique, trottant sur la piste inférieure en formant des figures complexes sur le sol au milieu de constructions à bases de squelettes, portées par des hommes. C'est très simple et c'est magnifique. Un spectacle étonnant, vivant et audacieux, pour tous les âges. Fort d'Aubervilliers 93. Pour voir notre sélection de diapositives, cliquez ici.
Lien : www.bartabas.fr.


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