CABARET. Le musical de Broadway Live

Article publié dans la Lettre n° 264


CABARET, le musical de Broadway Live. Livret original Joe Masteroff, musique John Kander, adaptation française des dialogues Jacques Collard, des chansons Eric Taraud. Mise en scène originale Sam Mendes, chorégraphie et mise en scène originales (Broadway) Rob Marshall, direction musicale Fred Lassen avec plus d'une trentaine d’artistes dont Claire Pérot, Fabian Richard, Catherine Arditi, Pierre Reggiani, Geoffroy Guerrier, Patrick Mazet, Delphine Gransart.
Le voici enfin à Paris le fameux spectacle de Sam Mendes, créé à Londres en 1993 puis joué à Broadway de 1998 à 2004 (2377 représentations!) avant d’être présenté à Madrid en 2003 (750 000 spectateurs) puis à Amsterdam début 2006.
La genèse du spectacle est tout aussi intéressante que le spectacle lui-même. En 1928, Christopher Isherwood, un écrivain anglais, se rend à Berlin qui est alors l’une des villes les plus libres d’Europe, sans tabou. Il y observe la vie ainsi que la montée du nazisme. Pour écrire ses livres, dont Sally Bowles, publié en 1937, il prend pour modèle les gens qu’il rencontre, telle cette jeune femme de dix-neuf ans qui venait d’Angleterre. Les autres personnages sont eux aussi inspirés de personnes réelles, à commencer par Clifford Bradshaw qui n’est autre que Christopher Isherwood, Fräulein Schneider, la logeuse de l’auteur ou encore Emcee (MC, le Maître de Cérémonies), d’après un homme rencontré par Harold Prince, le metteur en scène du premier Cabaret. En effet, après une adaptation théâtrale à Broadway en 1951, sous le titre « I am a Camera », Harold Prince met en scène Cabaret, un musical, en 1966. C’est un triomphe (1165 représentations) repris au cinéma par le célèbre film de Bob Fosse avec Liza Minnelli. En 1987, la reprise à Broadway de la production d’Harold Prince est un échec, sans doute à cause du souvenir laissé par le film et Liza Minnelli. Il faut attendre 1993 et la mise en scène tout à fait novatrice de Sam Mendes pour retrouver le prodigieux succès que l’on connaît.
Ce dernier décide de présenter le spectacle dans une vraie boîte de nuit. Les spectateurs sont assis à des tables, des serveurs leur apportant à boire et à manger. Les artistes de l’ensemble font à la fois partie de l’orchestre et du chœur et le décor est réduit à quelques chaises. Comme à Londres et à Broadway, la salle des Folies Bergère a été entièrement transformée et nous entrons dans le Kit Kat Klub, la boîte de nuit miteuse du spectacle avec son Maître de Cérémonies (Fabian Richard) sensuel, charmant et guilleret et qui n’hésite pas à inviter les spectateurs à monter sur la scène, ses chanteuses telles que Sally Bowles (Claire Pérot) ou Fräulein Köst (Delphine Grandsart, également accordéoniste), ses danseurs et ses musiciens. Les chansons ont été adaptées en français ce qui évite les surtitres habituels. L’histoire est, bien entendu, la même. A Berlin, dans les années trente où la crise économique fait rage, Cliff Bradshaw (Geoffroy Guerrier), un jeune écrivain anglais en quête d’inspiration, découvre le Kit Kat Klub. C’est une boîte de nuit décadente, fréquentée par des spectateurs profitant d’un instant passé hors de la réalité, où se produisent un maître de cérémonie ambigu et cynique et la chanteuse Sally Bowles dont il tombe amoureux. A la même époque la logeuse de ces derniers, Fräulein Schneider (Catherine Arditi, merveilleuse), projette de se marier avec l’épicier juif Herr Schultz (Pierre Reggiani). Evidemment le contexte politique de l’époque bousculera leurs projets. C’est le grand intérêt de la pièce, et donc du musical, que de montrer le contraste entre les idées libertaires de ces jeunes, le métissage social et culturel d’une part et la montée du nazisme avec les drames qu’il engendre d’autre part. Un très beau spectacle, magnifiquement adapté pour la scène française, avec une distribution particulièrement bien choisie. Folies Bergère 9e. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici.


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