BONHEUR
Article
publié dans la Lettre n° 354
du
6 mai 2013
BONHEUR. Conception et mise en scène
Pierre Rambert. Réalisation Carl et Frank Clerico. Musique Jean-Claude
Petit. Costumes Edwin Piekny. Décors Charlie Mangel et Arnaud de
Segonzac. Lumières Fabrice Kebour. Chorégraphie Graig Revel Horwood
et Mic Thompson. Avec Carien Keizer, Stéphanie Laurendeau, les Bluebell
Girls, les Lido Boy Dancers et divers artistes.
Le Lido a été créé en 1946 par les frères Joseph et Louis Clerico
à l’emplacement d’un lieu de divertissements et de baignade, La
Plage de Paris, dont la décoration était inspirée de Venise
et de sa célèbre plage du Lido. Plus tard, en 1936, Léon Volterra
en prend la direction et en fait une salle de spectacles. Des dîners-spectacles
sont alors proposés et cette formule, toujours en vigueur, a été
reprise dans le monde entier. La salle actuelle, gigantesque, peut
accueillir 1150 spectateurs et servir presqu’autant de repas, à
la première séance, dont la qualité est remarquable dans de telles
circonstances.
Après Sans rimes ni raison, la première revue, créée avec
la collaboration de Pierre-Louis Guérin et de René Fraday, auxquels
viendra se joindre en 1949 Margaret Kelly Leibovici et ses célèbres
Bluebell Girls, vingt-cinq revues se sont succédé jusqu’en
2003, année de création de la présente revue, Bonheur.
Comme on le voit, alors que les précédentes revues étaient programmées
pour quatre ans environ, Bonheur fête son dixième anniversaire,
un véritable exploit dans ce domaine. Le succès est tous les soirs
au rendez-vous où les spectateurs de toutes nationalités se pressent
à l’une ou l’autre des deux représentations, 365 jours par an !
On ne voit pas de différence fondamentale, comme celle que l’on
a constatée en 2010 au Crazy Horse avec l’arrivée de Philippe
Decouflé et d’Ali Madhavi (Lettre n°312), entre Bonheur
et les précédentes revues (Lettre n°104). La formule de la
revue est en quelque sorte intemporelle et c’est cela qui ravit
le public, de tout âge, car les danseuses sont très chastes !
Les vingt-trois décors se succèdent sans temps morts, avec une troupe
de soixante-dix artistes aguerris sous la conduite de Carien Keizer,
meneuse de revue, et de Stéphanie Laurendeau, danseuse principale.
Les moyens déployés sont exceptionnels : nacelle se déplaçant sur
un rail fixé au-dessus de la salle pour amener sur scène la meneuse
de revue, escalier gigantesque, jeux d’eau époustouflants, décors
jaillissant du sol au milieu de la salle, vraie patinoire sur laquelle
évoluent un excellent couple de patineurs, Franck Levier et Lesley
Rogers, un éléphant plus vrai que nature, un vrai cheval, sans doute
pour la prouesse que cela représente en ce lieu car on n’en voit
pas l’utilité dans le spectacle, etc. Si, comme l’affirme le programme
le fil rouge est la recherche du bonheur, cela ne transparaît pas
vraiment sur scène où après le tableau de La Femme, arrivent
ceux de l’Inde Légendaire, puis de Paris je t’aime
et enfin de Rêves d’étoile. Le premier volet de ce dernier
tableau plombe littéralement l’ambiance avec l’apparition à l’écran
d’Edith Piaf, dont les chansons ne sont pas réputées pour exprimer
le bonheur ! Sa diction légendaire est parfaite ce qui n’est malheureusement
pas le cas de celle de Carien Keizer. Comprendre les paroles serait
un plus même si, au fond, elles n’apportent pas grand-chose à la
compréhension du spectacle ! Il serait également agréable de voir
des danseurs et danseuses manifestant plus d’enthousiasme et de
plaisir à être sur scène, que de métier et de savoir-faire. Néanmoins,
ne boudons pas notre plaisir, ce spectacle est grandiose.
Comme d’habitude des numéros de cabaret ou de cirque servent d’intermèdes
entre les quatre parties. Il y avait ainsi ce soir-là un joueur
de diabolo, Pierre Marchand, jeune français très doué ; un numéro
de statue vivante sortant des sentiers battus, particulièrement
réussi, et hélas un clown qui n’a fait rire personne, un intérimaire
peut-être ? Lido 8e. R.P. Pour
voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien
: www.lido.fr.
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