AU BOUT DE LA BANDE

Article publié dans la Lettre n° 230


AU BOUT DE LA BANDE. Un spectacle Kamera Sutra mis en scène par Vincent Burgevin avec Yanik, Boris Vigneron, Nicolas Devort, Jérôme Bruno, Vanessa Tap, David Bosteli, Geoffrey Etwein.
Oyez, oyez, bonnes gens. Venez nombreux à l’émission les Golden K7. Le principe est simple: munissez-vous d’une cassette vidéo d’une durée maximale de trois minutes, fruit de votre fibre créatrice. Si elle est tirée au sort et plébicitée par les applaudissements du public, elle sera Golden K7. Mais si elle déplaît, elle sera exécutée par la hache du Bourreau, charmant garçon au demeurant, qui vit au théâtre Déjazet avec son épouse cagoulée, et ses enfants. Sur la scène, un écran et un magnétoscope géants trônent en plein milieu. Le présentateur Yanik est un beau garçon au sourire étincelant qui sait chauffer une salle. Les aléas et les pépins techniques sont du ressort de Boris, le technicien aventureux. Une K7 sélectionnée présente l’infâme lord DVD, ennemi juré des cassettes vidéo. Lord DVD fait enlever par ses âmes damnées Bebop et Lula, la princesse Petitponey. Le train-train, me direz-vous, mais voilà, Yanik et Boris connaissent la princesse (vous aussi, mais chut!). Boris, n’écoutant que son courage, saute dans le magnétoscope au cri de « Secam, ouvre-toi » et est propulsé dans le monde imaginaire. Le spectateur suit, haletant de rire, les pérégrinations de Boris dans un univers de conte de fées moderne avec un chevalier maladroit, un mage-charlatan. Notre aventurier des K7 perdues fera d'autres rencontres pittoresques. La course effrénée se déroule dans le monde imaginaire débordant dans le monde réel, les frontières des deux mondes explosent.
A l’instar des personnages de la Rose pourpre du Caire de Woody Allen, nos héros crèvent l’écran. Entre la scène, les images projetées sur l’écran géant, les courses poursuites s’enchaînent à un rythme fou.Tout est réglé au centième de seconde. L’univers de Kamera Sutra est démentiellement délirant. Les têtes de lecture doivent être encrassées. Le spectateur est entraîné dans un univers follement drôle. Si vous êtes allergique et hermétique aux univers de Harry Potter, Thierry la Fronde, Shreck, les Monthy Python et autres Branquignoles, il est urgent de faire une bonne cure avec l’équipe de Kamera Sutra. Le spectacle déborde d’imagination toonesque, de gags, foisonne de détails. L‘intérieur des Bourreau mériterait un arrêt sur image, le film la Vie des bêtes, avec les oies sauvages de Seine Saint-Denis, mériterait un replay. Au bout de la bande est un spectacle que l’on veut rembobiner pour appuyer à nouveau sur la touche lecture. Ce mélange habile de tous les genres est le fruit d’une imagination fertile pétrie de talent et de dérision, décapant la morosité la plus tenace. Théâtre Déjazet 3e.


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