FEU POUR FEU de Carole Zalberg. Mise en scène Gerardo Maffei.
Chocs. Il s’agit d’une noria de chocs. Choc des coups des massacreurs sur leurs victimes dans ce village africain livré à leur barbarie. Choc de la douleur et du deuil, de la séparation et de l’abandon, parce qu’on ne voyage pas avec un cadavre, même celui de son épouse bien aimée. Choc aussi de la vie têtue, tenace, de ce minuscule bébé qu’un père éploré va mener sur les sentiers de l’exil. Et il survivra pour elle, grâce à elle, parce qu’elle ne lui laisse pas le choix de la désolation ou du suicide.
Choc des cultures, de leur incompréhension agressive, de leur irréductibilité l’une à l’autre.
Ce père, un homme simple et paisible, ne recherchait aucun ailleurs, il voulait que sa famille s’épanouisse dans la sérénité de la tradition. Il ne trouvera que le mépris, le rejet de ce continent blanc, où sa fille Adama refusera l’invisibilité à laquelle sa génération se voit contrainte, dans un entre-deux insupportable. Ni là-bas, ni ici.
Alors, elle allumera le brasier, la paix désormais impossible. Le père, dévasté par ce crime, et aussi celui du fils aîné, en filigrane, va entreprendre le récit adressé à sa fille de tant d’errance, d’exil, d’années de souffrances, d’apaisement frelaté. D’identités anonymes. ... (Lire).