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Lettre n° 591
du 10 avril 2024 |
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Nos sélections de la quinzaine |
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THÉÂTRE
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Photo Fabienne Rappeneau
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CONSEIL DE FAMILLE de Amanda Sthers et Morgan Spillemaecker. Mise en scène Morgan Spillemaecker. Avec Sébastien Pierre, Valentine Revel-Mouroz, Romain Thunin, Aude Thirion.
Réunis pour un dîner de famille, Florent, Ben et Fanny sont fébriles. Flo, surtout, accuse un ras-le-bol certain. Sa flambeuse de mère lui coûte «une blinde». Son frère et sa sœur oublient un peu trop qu’il paie le loyer de l’un et l’emploi fictif de l’autre, sans compter les pensions alimentaires qu’il doit verser à ses trois ex. Il crie grâce. Il n’a plus les moyens. La concurrence est là, le joint de culasse ne paie plus.
Bref, l’aîné de la famille voit venir la vieillesse de sa mère avec angoisse. Qui paiera la maison de retraite ? Une solution radicale lui vient bien à l’esprit mais il va falloir convaincre la fratrie ! La décision est encore très discutée quand arrive l’auteure de leurs jours, genre mère indigne. Son comportement amenuise peu à peu leur sentiment de culpabilité. «Je vais la buter» ne sont pas de vaines paroles vengeresses…
« Conseil de famille » s’apparente davantage à «Mur» (Lettre 359) qu’à «Le Vieux juif blonde» (Lettre 465), même si Amanda Sthers se montre un peu moins inspirée. Il faut dire qu’elle et son comparse y vont fort question vacheries. Le portrait des membres de la petite famille est plutôt «trash» et les propos féroces de la mère donneraient même des complexes à Adonis ! ... (Lire la suite).
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Photo H. Dersoir
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L'ÎLE DES ESCLAVES, de Marivaux. Mise en scène Stephen Szekely. Avec Laurent Cazanave ou Michaël Pothlichet, Barthélémy Guillemard, Lucas Lecointe, Marie Lonjaret, Lyse Moyroud.
Un naufrage, des corps chahutés, le calme après la tempête. Une chorégraphie en forme de Radeau de la Méduse inaugure la prise de conscience des deux couples survivants, sous la houlette du maître d'oeuvre de leur «résurrection» morale et sociale. Gouverneur de l'île où jadis des esclaves en fuite loin d'Athènes décidèrent de donner vie à une utopie égalitaire où maîtres et serviteurs inverseraient leurs rôles, Trivelin donne le ton. Il ne s'agit pas d'un carnaval momentané, mais d'une lucidité qui dessillera leurs yeux, en les amenant à vivre concrètement cette injustice majeure. Leur retour vers Athènes sera à ce prix. Iphicrate et Euphrosine opposent d'abord une résistance indignée et bougonne, Arlequin et Cléanthis vident, chacun à son tour, un sac bien chargé des avanies que leurs maître et maîtresse leur ont fait subir. Le dénouement conduit sans surprise au pardon réciproque... Mais, une fois de plus, la subtilité de Marivaux fait échapper à l'artifice convenu des épousailles à venir... Les couples se refont, quelle que soit la couleur de leurs costumes échangés, Trivelin manie avec une joie sardonique ces marionnettes. Arlequin est sans malice et Iphicrate y trouve son compte, Euphrosine renonce à sa bouderie pour demander pardon. Mais, comme dans les marivaudages coutumiers, c'est à la soubrette Cléanthis que revient la méfiance, sans conteste justifiée, devant un accord si unanime. Et la fable politique évolue dans un clair-obscur sans illusions. ... (Lire la suite).
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Photo Sébastien Toubon
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CLAIRE CHAZAL, MA BIBLIOTHÈQUE IDÉALE. Lectures de textes choisis et présentés par Claire Chazal.
Au fond de la scène, la bibliothèque ploie presque sous les livres reliés. Très à l’aise, on sent le métier, Claire Chazal se déplace d’un siège à l’autre, feuillets à portée de la main. Elle emporte son auditoire dans ce qui dépeint, selon elle, l’âme humaine, des extraits d’ouvrages d’auteurs qu’elle a aimés.
Elle revient tout d’abord sur le destin de Stefan Zweig, fuyant son Autriche natale, témoin des deux guerres mondiales et de leur barbarie. La préface de son autobiographie Le Monde d’hier, Souvenirs d’un Européen, dernier ouvrage avant de se donner la mort en 1942 au Brésil avec sa femme, est le triste constat d’une époque où il se sent citoyen de nulle part, un testament qui ferme la boucle d’une vie.
Romain Gary et son premier roman L’Éducation européenne lui succède, un auteur qu’elle confie avoir découvert récemment. Là perce déjà l’immense talent du héros de la Seconde Guerre Mondiale, écrivain et diplomate juif et suicidaire lui aussi.
Le deuxième mouvement d’un concerto annonce son auteur, Maurice Ravel. En 1928, il est au sommet de sa gloire. Il part pour une tournée en Amérique à bord du paquebot France, deuxième du nom. Son portrait, brossé par Jean Echenoz, est une description minutieuse d’un compositeur hors norme, un homme « sec mais chic ».
Christian Bobin et l’amour sont au rendez-vous avec La plus que vive, évocation de l’être aimé qui n’est plus.
L’aigle noir de Barbara plane alors sur le dernier extrait. ... (Lire la suite).
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SPECTACLES
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Photo Carole Parodi
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LISBETH'S. Texte de Fabrice Melquiot. Mise en scène Valentin Rossier. Avec Marie Druc et Valentin Rossier.
Le plateau est vide, à peine dérangé par deux micros, dans un clair-obscur que viennent troubler Lisbeth et Pietr. Deux mètres et cinquante-huit centimètres tiennent à distance l'incandescence de leur passion sans préambule. Pietr, un nomade solitaire et intimidé par sa propre banalité supposée, colporte des encyclopédies en sillonnant, au kilomètre près, les routes entre villes de France. Lisbeth flamboie de toute sa rousseur, de l'éclat d'un sourire à l'aune des bijoux qu'elle vend. Une rencontre improbable, une attirance incoercible les aimantent l'un vers l'autre. « Merci pour le coup de foudre».
En chants alternés, dans le staccato de leurs voix qui s'épousent, ils vont escalader les sommets d'une jouissance exprimée sans filtre, avant de perdre pied dans les braises encore fumantes de leur inexorable éloignement.
On assiste, médusé, bouleversé, à leur histoire de morsures, comme celle, jalouse, de l'enfant muet, comme le désir qui incendie l'impatience de l'autre. Comme la douleur de l'incompréhension face à la métamorphose subreptice. Impossible de résister à leurs voix modulées par le micro, scandées par le tempo d'une mélodie lancinante, de ne pas s'immerger dans la fresque imaginative que tous deux suscitent, tant par la crudité verbale de leurs récits enlacés que par la pudeur physique de ces deux corps qui jamais n'altèrent la distance qui les sépare. ... ( Lire la suite).
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EXPOSITIONS ET SITES
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Photo Spectacles Sélection
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DANS L’APPARTEMENT DE LÉONCE ROSENBERG. De Chirico, Ernst, Léger, Picabia … Léonce Rosenberg (1871-1947) fut un des premiers défenseurs de l’art abstrait et du cubisme, qu'il découvre chez les marchands de tableaux Ambroise Vollard et Wilhem Uhde en 1911 et Kahnweiler en 1912. Comme son frère Paul Rosenberg, le célèbre galeriste qui a représenté Braque, Picasso et Matisse en même temps que Kahnweiler, Léonce Rosenberg ouvre, dans son hôtel particulier, une galerie qu’il nomme « Galerie de L'Effort moderne » (1910-1941). En 1928 il passe commande à une douzaine de peintres de renom pour décorer son nouvel appartement de onze pièces situé 75 rue de Longchamp à Paris. Il attribue une pièce par artiste en associant aux toiles peintes un choix de mobilier ancien et contemporain. Le 15 juin 1929, le Paris mondain se presse pour la pendaison de crémaillère. Mais quelques mois plus tard, la crise financière de 1929-1930 précipite la ruine de Léonce Rosenberg et son déménagement. Ce décor exceptionnel se trouve alors à jamais dispersé.
La présente exposition évoque ce décor disparu en présentant dans cinq salles du parcours des œuvres qui décoraient l’appartement de Léonce Rosenberg. Si celui-ci admire et accompagne Picasso pendant la guerre et les années 1920, il ne fait pas appel à lui pour son appartement. Néanmoins, les commissaires ont accroché en guise d’introduction dans la première salle, neuf peintures et dessins de Picasso dont un portait de Rosenberg posant devant Arlequin. Ceci montre que Picasso n’hésitait pas à pratiquer au même moment un cubisme proche de l’abstraction et des dessins figuratifs. Cette coexistence se retrouve dans le choix des œuvres qui décoraient l’appartement de Rosenberg.
Dans la deuxième salle est exposée une grande peinture de Giorgio de Chirico (1888-1978), Le Combat, qui occupait la partie centrale du décor du hall de réception constitué de onze toiles dédiées au thème des gladiateurs. L’artiste détourne d’une manière ironique les codes de la peinture d’histoire avec un combat qui tient plus du mime que du massacre. En face de cette peinture, nous avons quatre toiles de Gino Severini (1883-1966), initialement prévues pour la chambre de Jacqueline, l’une des trois filles de Rosenberg, où l’on retrouve cette même veine parodique avec des ruines antiques et des personnages de la commedia dell’arte.
Dans la salle suivante, sous le titre «Survivances du cubisme», nous voyons des toiles d’Albert Gleizes (1881-1953), d’Auguste Herbin (1882-1960), de Georges Valmier (1885-1937) et du sculpteur hongrois Joseph Csaky (1888-1971). Ces peintures annoncent l’émergence du groupe Abstraction – Création au début des années 1930. ... ( Lire la suite).
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Photo Courtesy de l’artiste
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BERTILLE BAK. Abus de souffle. Pour son vingtième anniversaire, le Jeu de Paume inaugure, avec cette exposition et celle consacrée à Tina Modotti, une programmation exclusivement constituée de monographies de grandes figures féminines. Bertille Bak, artiste, vidéaste et plasticienne née à Arras en 1983, présente une partie de ses travaux des dix dernières années dont une vidéo, «Abus de souffle», spécialement réalisée pour cette exposition. Bertille Bak travaille en France, dans le Nord, en région parisienne, à Saint-Nazaire, mais aussi dans le monde entier, nouant des collaborations avec des communautés souvent invisibles et n’intéressant que peu de monde. Elle a ainsi travaillé avec des marins de bateaux de croisière à Saint-Nazaire, des demandeuses d’asile à Pau, de jeunes mineurs en Inde, en Indonésie, en Thaïlande, à Madagascar et en Bolivie. Dans ce dernier pays, elle a mis en scène des cireurs de chaussures tandis qu’au Maroc elle a suivi le travail de décortiqueuses de crevettes grises, récupérant les yeux pour en garnir des bouteilles-souvenirs aux couleurs et motifs des drapeaux marocains et néerlandais.
L’exposition se déroule en sept parties. Dès l’entrée, un grand panneau nous accueille avec une collection de gabarits de soufflets servant à attiser le feu. La première installation nous montre trois œuvres réalisées à Saint-Nazaire. La plus curieuse, Les complaisants, (2014) est un ensemble de 35 pièces uniques réalisées avec des mèches de cheveux que lui ont donné des marins. L’artiste les a utilisées pour confectionner en marqueterie 35 pavillons dits «de complaisance».
Avec Mineur Mineur (2022) nous avons une projection sur cinq écrans qui aborde le travail des enfants dans des mines, dans cinq pays, à l’époque actuelle. Cette installation nous montre non seulement leur condition de travail mais également toute une mise en scène ludique avec des lampes et des plateaux tournants.
La Brigada (2018-2024), œuvre déjà bien connue, nous présente une vaste installation avec des dizaines de boîtes de cireurs de chaussures de La Paz peintes par leurs propriétaires. Dans la vidéo qui l’accompagne, Bertille Bak fait évoluer ces cireurs de chaussures en une brigade de défense du soulier lustré, tandis que les femmes se livrent à des performances sportives époustouflantes. ... ( Lire la suite).
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THÉÂTRE |
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SPECTACLES |
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CINÉMA |
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EXPOSITIONS |
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CONCERTS
(musique classique) |
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CONCERTS
(sauf musique classique) |
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Spectacles Sélection
13 chemin Desvallières
92410 Ville d'Avray |
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