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Lettre n° 579
du 11 octobre 2023
 

Nos sélections de la quinzaine

 
 

 

 


 
      THÉÂTRE

 
 


Photo Vincent Pontet


 

ET SI C’ÉTAIENT EUX ? Texte et mise en scène Christophe Montenez et Jules Sagot avec la troupe de la Comédie Française, Alain Lenglet, Florence Viala, Laurent Stocker, Julie Sicard, Sébastien Pouderoux, Élissa Alloula, Clément Bresson, Dominique Parent.
Il faut les voir avancer sur la scène de l’émission phare « Et si c’étaient eux ? », diffusée en direct sur impots.gouv dont l’audimat explose depuis trois ans. Le pas incertain de Patrick Darent, les mains tremblantes de Judith Siquaire, l’œil vague de Francine Valia, le mutisme obstiné de Martin Lallemand, le moins mal allant Séraphin Bouderoux et le retardataire Armand Tresson auraient de quoi inquiéter la production, mais bon ! Les anciens de l’hospice de Pont-aux-Dames, réservé aux pensionnaires et sociétaires de la Comédie Française, arrivent peu à peu. Certains sont encore au maquillage, d’autres déjà sur le plateau brillant de mille feux. Ils sont bien décidés à gagner le concours afin de sauver leur établissement privé, à but non lucratif, du rachat par un groupe public à but lucratif. Lisa Oullala, l’indispensable assistante, règle les dernières mises au point tout en chaperonnant les candidats, inquiète du retard de l’animateur Alban Vauqueur. Celui-ci survient à la dernière seconde, mèche rebelle et gestes nerveux, stéréotype de l’animateur obséquieux sur le retour.
Il s’agit donc pour ces retraités de la Comédie Française d’affronter les candidats des deux autres Ehpad, passés devant les caméras les semaines précédentes. Quizz, scène classique, monologue, surprise, improvisation les attendent. Même si Lisa assure, Alban a bien du mal à maîtriser les élans oratoires des vénérables vieillards. C’est vrai quoi ! Comment peut-on demander aux anciens de la Grande Maison de rivaliser avec ceux de l’Hospice du Soleil qui accueille les retraités de la Cartoucherie, beatniks des années 70, ou le « ramassis de cabots » de La Ménardière, maison de retraite pour comiques ?... (Lire la suite).








 


Photo Jean-Louis Fernandez
Coll. Comédie-Française


 

L’OPÉRA DE QUAT’SOUS. Texte Bertolt Brecht. Musique Kurt Weill avec la collaboration d’Elisabeth Hauptmann. Traduction Alexandre Pateau. Adaptation et mise en scène Thomas Ostermeier. Direction musicale Maxime Pascal. Avec la troupe de la Comédie-Française et le chœur et l’orchestre Le Balcon.
À Londres, dans le quartier de Soho, Jonathan Peachum règne en maître sur la population des mendiants. « Charité bien ordonnée commence par Peachum » ne sont pas de vains mots. Ce chef de bande et sa femme Celia surveillent de près les fréquentations de Polly, leur fille unique. Mais lorsque Macheath, dit Mackie, un bandit notoire, l’épouse en secret, le « roi des mendiants », furieux d’une union qui pourrait porter préjudice à ses affaires, fait pression sur Tiger Brown, le chef de la police de Londres, pour qu’il procède à l’arrestation du malfrat, ceci avec la bénédiction de la société hétéroclite qui gravite dans le quartier. Mais Brown est un ami d’enfance et le beau-père de Macheath qui a épousé sa fille Lucy. Et la bigamie ne l’empêche pas de fréquenter les prostituées, Jenny en particulier. La rivalité entre Polly et Lucy, la jalousie de Jenny, l’ambiance délétère de la ville et les préparatifs du couronnement de la reine, attisent la guerre entre « le roi des mendiants » et « le roi des voleurs ». Arrêté, évadé et de nouveau arrêté, Mackie est condamné à la pendaison. La grâce l’emportera-t-elle sur le droit ? ... (Lire la suite).






 

Photo Marcel Hartmann



 
PIÈGE POUR UN HOMME SEUL de Robert Thomas. Mise en scène Michel Fau. Avec Régis Laspalès, Catherine Murino, Michel Fau, Denis d’Arcangelo, Sissi Duparc, Elexis Driollet, Denis Richard.
Les premières notes de musique de la série télévisée, suivie avec assiduité dans les années soixante, mettent tout de suite le spectateur dans l’ambiance ! Daniel Corban arpente avec une inquiétude croissante le salon du chalet, proche de Chamonix, qu’il vient de louer avec sa femme. Depuis dix jours, il est sans nouvelles d’Elisabeth qui a quitté les lieux après une dispute. De plus en plus angoissé, il se résout à signaler sa disparition à la police. C’est un commissaire à l’aspect plutôt débonnaire qui est chargé de l’enquête et il la mène consciencieusement, carnet en main, un rôle idéal pour Régis Laspalès qui se réserve quelques répliques de son cru pour amuser une galerie qui ne demande que cela.
L’affaire se complique lorsque le curé du village assure avoir rencontré Elisabeth. Et elle se complique encore plus lorsque Madame Corban se présente au chalet. Non seulement Daniel ne reconnaît pas sa femme mais il crie au complot. Celle-ci campe sur ses positions, appuyée par le témoignage du curé. Elle suggère alors que son mari est amnésique ou pire qu’il est devenu fou. Plus l’enquête avance, plus le commissaire semble perplexe et plus Daniel assure être la proie d’une machination qu’il ne parvient pas à contrer. Les témoignages d’un clochard et d’une infirmière sont très attendus…... (Lire la suite).






 


Photo Gregoire Matzneff



 

LE HUITIÈME CIEL de Jean-Philippe Daguerre. Mise en scène de l’auteur. Avec Florence Pernel, Bernard Malaka, Charlotte Matzneff, Marc Siemiatycki, Antoine Guiraud, Tanguy Vrignault
Après avoir « gratté le ciel » durant toute sa vie professionnelle en dotant vingt-sept pays d’Europe de tours immenses, Florence Duval, architecte reconnue, prend une retraite anticipée. Le cocktail d’adieu passé, la chute est brutale. Très vite remplacée, Florence n’existe plus. Exit le jeune amant, exit le chauffeur et la voiture de fonction, exit la table réservée chez Ledoyen. Pierre, son mari, qui a géré durant trente-huit ans les absences de sa femme et ses coups de canif dans leur contrat, lui annonce qu’il la quitte, elle qui n’a jamais mis les pieds dans une cuisine, ni vu grandir sa fille Jeanne, actuellement à Washington. Totalement déconnectée de la réalité et dorénavant seule dans la propriété dotée d’un parc immense, Florence perd pied lorsque Robert le jardinier, lui assène le coup de grâce en lui annonçant sa démission. Il lui propose tout de même un couple de géorgiens susceptibles de le remplacer. Ils sont sans papiers et viennent d’éviter de justesse le charter qui devait les renvoyer chez eux. N’importe quelle femme sensée refuserait mais Robert se fait insistant. L’accumulation de tous ces événements va susciter chez Florence une prise de conscience du monde qui l’entoure. ... (Lire la suite).






 


Photo mh Le Ny



 

LE MYTHE DE SISYPHE d'après Albert Camus. Adaptation Pierre Martot. Collaboration Jean-Claude Fall. Avec Pierre Martot.
D'une œuvre aussi foisonnante et dense, tout l'enjeu est d'adapter à la scène un texte qui en respecte le fil philosophique et humaniste sans en appauvrir la diversité par la nécessaire réduction de son amplitude temporelle.
Le travail de Pierre Martot est d'une remarquable pertinence, justement parce qu'il réfléchit en homme de théâtre, en projetant à la fois son corps, sa gestuelle et la transmission de la pensée d'Albert Camus sur un espace avec ses contraintes de lieu, de temps, de lumières. Voici donc une illustration au sens propre que n'aurait pas désavouée l'auteur, parce que le philosophe Camus, essentiellement homme de théâtre, ne se départit jamais de la pensée du corps et de la sensorialité incarnée dans le comédien.
« Donner à voir » l'absurde, en le faisant ressentir pour tenter de répondre à la question cruciale du sens de la vie. Ce sont d'abord une voix et un corps en marche sur un plateau presque vide, jeu d'ombres et de lumière qui scandent la démarche du philosophe invitant le spectateur à dérouler avec lui la pensée argumentée d'exemples. Ni le comédien ni le spectateur ne sont de purs esprits abîmés dans l'abstraction, parce qu' « il s'agit de vivre », en avançant, en marquant des pauses, en explorant avec le corps qui s'y épuise tout en éprouvant et faisant partager une joie intense. ... (Lire la suite).






 


Photo Baptiste Poisson



 

CHARLIE OU LES 16 ÉTAPES DE DEUIL de Marina Latil-Lena. Mise en scène Marine Torre. Avec Marina Latil-Lena.
Ça commence dans un village italien, où l'arrivée récurrente est scandée par un rituel précis d'ouvertures diverses, volet, porte, lumière, sociabilité circulaire des salutations.
Aujourd'hui, rien ne s'ouvre, si ce n'est la porte des réminiscences.
Depuis l'enfance douloureuse d'un premier deuil dans le froissement des tôles, des rêves et des culpabilités, Charlie s'est inventé un double, la méchante Garance, mot-valise qui sent le rance et aussi la violence. Celle qui ne stimule pas l'enfant joyeuse, mais qui hante ses cauchemars.
Tic tac tic tac, Charlie a quatre ans, neuf ans, seize ans, avec les joies et les deuils de ses premières amours, la traversée de tunnels physiques ou métaphoriques, le convoi funèbre de la réalité et des rêves enfouis qui désormais s'enfuient.
Les âges changent, mais rien ne change vraiment, ni le volet à fonctions multiples, ni les chaises modulables, ni la jupe-cape réversible d'une super-woman onirique ou de l'enfant désemparée.
Tic tac, est-ce présent, était-ce le passé, vers quel futur ? Tout se tisse et s'enlace, s'emmêle et se confond. Une danse macabre, réaliste et onirique.... (Lire la suite).








 
      EXPOSITIONS ET SITES

 
 

Photo © Fondation Angladon-Dubrujeaud



 
AMEDEO MODIGLIANI. Un peintre et son marchand. Quelque vingt-cinq toiles, dessins et sculptures de Modigliani (1884-1920) illustrent la relation très intime entre l’artiste italien d’origine juive et le Parisien Paul Guillaume (1891-1934), qui devient son marchand exclusif de 1916 à 1918. Les deux hommes se seraient rencontrés dès 1914 par l’entremise du peintre et poète Max Jacob, l’une des figures du milieu artistique de l’époque que fréquentaient tant Modigliani que Guillaume. Ce dernier était spécialisé dans l’art africain, tout juste reconnu en tant que tel par des Picasso, Braque et quelques autres. Paul Guillaume l’expose dans son appartement-galerie, loue pour lui un atelier rue Ravignan à Paris, l’encourage et tente de faire connaître ses œuvres. De cette période, nous connaissons des portraits peints et dessinés de son marchand. Trois tableaux et deux dessins sont exposés dans la première salle à côté de photographies des deux hommes posant tour à tour dans l’atelier de Modigliani.
La salle suivante, « Masques et têtes », propose une confrontation entre les sculptures et peintures de Modigliani et des sculptures africaines. Profitant de l’enseignement de Brancusi, Modigliani s’était consacré presque exclusivement à la sculpture entre 1911 et 1913. Il avait dû l’abandonner sur l’injonction de son médecin et mécène Paul Alexandre car la poussière menaçait dangereusement ses poumons. Comme les commissaires le font remarquer au jeune public, il y a une ressemblance frappante entre ses portraits de femmes, peints ou sculptés, et certains masques africains : tête ovale, yeux en amande, long nez et de simples traits pour les sourcils.
Le parcours se poursuit avec une évocation du Paris artistique et littéraire de 1906, date de l’arrivée de Modigliani à Paris, et 1918. L’on y voit des portraits de Max Jacob et Moïse Kisling, un peintre polonais, à côté de ceux de Beatrice Hastings, rédactrice en chef de la revue londonienne The New Age et compagne de Modigliani entre 1914 et 1916, période durant laquelle l’artiste travaille en étroite collaboration avec Paul Guillaume. ... (Lire la suite).





 
 

Photo © Mucha Trust


 
ÉTERNEL MUCHA. Né en Moravie, dans l’actuelle République tchèque, Alphonse Mucha (1860-1939) pose sa candidature pour entrer à l’Académie des beaux-arts de Prague en 1875. Celle-ci lui répond : « Choisissez une autre profession où vous serez plus utile. » Après avoir réalisé quelques travaux de décoration de théâtres et de châteaux, seul ou employé par des entreprises spécialisées, tout en suivant des formations en Moravie, à Vienne et à Munich, il arrive à Paris en 1887. Là il poursuit sa formation dans diverses écoles et est embauché par la première grande maison d'édition parisienne, Armand Colin.
La chance lui sourit le 24 décembre 1894. Seul artiste disponible, son imprimeur lui confie la réalisation de l’affiche de Gismonda, la prochaine pièce de Sarah Bernhardt. Mucha relève le défi et dès le matin du 1er janvier 1895, Paris se couvre de grandes affiches qui ont un si vif succès que des amateurs n'hésitent pas à les découper. Sarah Bernhardt l’engage alors pour un contrat de six ans.
Sa carrière est véritablement lancée et on retrouve son style si particulier, avec ses figures féminines élancées et aux longues chevelures flottantes, ses fleurs, végétaux et autres éléments naturels, sa calligraphie résolument originale, dans toutes sortes de créations : affiches, illustrations, publicités en particulier.
Pour l’Exposition universelle de 1900, il est chargé de décorer le pavillon de la Bosnie-Herzégovine. Il s’investit totalement dans ce projet, louant un hangar où il photographie ses modèles, une technique qu’il utilisera constamment, avant de les intégrer dans d’immenses fresques relatant les temps préhistoriques, l’arrivée des Slaves, la coexistence des religions, les légendes.
De 1906 à 1910 il se rend aux États-Unis. Comme portraitiste il ne rencontre pas le succès espéré. En revanche il intéresse le millionnaire américain Charles Crane à un projet qu’il portait depuis l’Exposition universelle. ... (Lire la suite).


 

 
 
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