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Lettre n° 566
du 22 mars 2023
 

Nos sélections de la quinzaine

 
 

 

 


 
      THÉÂTRE

 
 


Photo Yan Ray



 

LÉOCADIA de Jean Anouilh. Mise en scène David Legras. Collaboration artistique Camille Delpech. Avec Camille Delpech, Valérie Français, Emilien Raineau, Drys Penthier, Axel Stein-Kurdzielewicz, David Legras ou Jacques Poix-Terrier (le narrateur).
Un « Souvenir » ?! Amanda est atterrée. La duchesse d’Andinet d’Andaine l’a fait congédier par son employeur de la chapellerie de la rue de la Paix afin de l’attirer dans son château de Pont-au-Bronc en Bretagne, pour jouer le rôle de « souvenir » auprès de son neveu ! Certes, le Prince a sombré dans la mélancolie depuis la disparition accidentelle de son aimée, la cantatrice Léocadia Gardi. Certes, frappée par la ressemblance entre les deux jeunes femmes, la tante qui adore son neveu a tenté ce subterfuge, espérant un sursaut. Mais que peut faire une petite modiste pour détourner un Prince de son amour mort ? Dépitée, Amanda reprend sa valise, bien décidée à attraper le dernier train pour Paris. En traversant le parc, elle en apprend davantage sur les étranges habitants du château. Couvant son seul héritier avec l’énergie du désespoir, la duchesse a fait transporter là tous les endroits fréquentés par le Prince avec la belle Léocadia : « monsieur Souvenir » pourvoit à l’entretien des emplacements : un taxi mangé par le lierre où sommeillent des lapins, un poste de glaces qui ne fabrique plus rien, une auberge qui sert encore un très bon champagne… Germain, le majordome, chasseur à ses heures, est partout à la fois. Chacun garde un œil sur le héros neurasthénique qui déambule, coincé dans son souvenir amoureux… Ce petit monde de doux dingues pique la curiosité d’Amanda. Elle promet de rester trois jours…
Trois jours pour constater le fossé abyssal entre sa petite existence d’ouvrière et celle de ces gens qui ne vivent pas la réalité quotidienne mais une histoire parallèle au-delà de tout entendement, au nom de l’amour. ... (Lire la suite).






 
      EXPOSITIONS ET SITES

 
 


Photo Photo Picspark Co



 

ORS ET TRÉSORS. 3 000 ans d’ornements chinois. L’École des Arts Joailliers accueille une petite partie de la prestigieuse collection Mengdiexuan, appartenant à un couple hongkongais, représentant plus de trois mille ans de culture : de la dynastie Shang, 1500 ans avant notre ère, à la dynastie Qing, au début du XXe siècle. À côté de ces objets en or, le Musée national des arts asiatiques - Guimet a prêté des objets en céramique (vase, tabatière, assiette, bol) et en jade, avec des décors similaires à ceux des objets en or.
L’exposition commence par une salle dédiée à cette matière précieuse, symbole de pouvoir dans la Chine impériale. On y voit de gros cristaux d’or et des objets réalisés avec ce métal. Mais surtout nous y apprenons ce qu’est ce métal, où on le trouve, sous quelle forme, à quelle température il fond (1064°C), pourquoi on parle de « carat » etc. Parmi les caractéristiques mécaniques de l’or, on retient sa grande malléabilité et sa ductilité. On peut réaliser des feuilles d'or extrêmement fines, jusqu’à 0,0001 mm et, en théorie, avec un gramme d’or, on pourrait obtenir un fil d'un diamètre d'un cent-millième de millimètre (0,00001 mm) de plus de 2000 mètres. En revanche l’or ne résiste pas aux rayures. C’est pourquoi les bijoux en or sont faits avec des alliages d’autres métaux, d’où la notion de carats, qui définit le pourcentage d’or dans l’alliage, et celle de couleur : « or jaune », « or blanc », « or rose » et même « or rouge » et « or vert », plus rares, en fonction des métaux ajoutés à l’or.
Après ces rappels bien utiles, neuf tableaux nous renseignent sur l’histoire de la Chine depuis la première dynastie attestée par des preuves archéologiques, celle des Shang (environ 1500-1046 avant notre ère) et les influences nomades, jusqu’à la dernière dynastie, celle des Qing (1644-1911). Entre les deux, pas moins de 38 dynasties se sont succédé !
L’exposition proprement dite est découpée en neuf sections thématiques. En effet, comme la datation des pièces manque parfois de précision, les commissaires ont préféré présenter les objets en fonction de leurs décors. On a ainsi successivement : les figures humaines, les objets de bon augure, l’art de la ceinture, l’art de la coiffure, les animaux, les fleurs et le monde végétal, les oiseaux et les insectes, le dragon et enfin le phénix. ... (Lire la suite).




 
 


Photo © Fabrice Hyber



 

FABRICE HYBER. LA VALLÉE. Cet artiste vendéen né à Luçon en 1961 a investi la totalité des espaces de la Fondation Cartier pour en faire une sorte d’école, avec son préau en bois à l’entrée, ses porte-manteaux, ses classes avec des bureaux, des chaises et, bien sûr, de nombreux tableaux.
Hyber est un « touche à tout » qui a fait deux ans d’études scientifiques avant d’intégrer l’école des beaux-arts de Nantes. On le retrouve dans toutes sortes de créations comme Mètre carré de rouge à lèvres (1981), Le plus gros savon du monde – Traduction (1991) (22 tonnes), un Hybertmarché au musée d’art moderne de Paris (1995), le pavillon français de la biennale de Venise de 1997 qui lui vaut le Lion d’or, le lancement du Mouvement de Libération des Bonzaïs à San Francisco en 1999, L’Artère, le jardin des dessins pour le Sidaction dans le parc de la Villette (2003-2004), etc. Nous l’avons vu dans l’exposition « Nous les Arbres », en ce même lieu en 2019 (Lettre n°491). En effet, ce passionné de la nature a semé pas moins de 300 000 graines d’arbres de plusieurs centaines d’essences différentes autour de l’ancienne ferme de ses parents, à Mareuil-sur-Lay-Dissais, où il vit et travaille. Il a appelé ce domaine de plusieurs dizaines d’hectares « La Vallée ».
Aujourd’hui nous pouvons voir ou revoir une soixantaine de toiles, dont près de vingt produites pour cette exposition et une grande installation, L’Homme de Terre (2010). Hyber conçoit ses peintures comme il conçoit sa vallée, par petites touches, allant d’une toile à l’autre au grès de son inspiration, notant sur l’une une phrase, dessinant sur une autre une image, collant sur une troisième un objet et ainsi de suite. La toile devient ainsi un espace d’apprentissage et d’enseignement : « J’apprends en faisant et je veux transmettre ». ... (Lire la suite).





 
 


Photo Spectacles Sélection



 

OSSIP ZADKINE. Une vie d’ateliers. En 1981, Valentine Prax (1897-1981), peintre et compagne du sculpteur Ossip Zadkine (1888-1967), qu’elle avait épousé en 1920, lègue tous ses biens à la Ville de Paris sous condition d’en faire un musée consacré à Zadkine. C’est chose faite en 1982 et, quarante ans plus tard, c’est l’occasion de commémorer ce legs avec cette exposition où l’on peut voir ou revoir une centaine d’œuvres, non seulement de Zadkine mais également de Valentine Prax, pour laquelle le musée est trop souvent discret.
Le legs ne comprenait pas seulement les œuvres de Zadkine et sa demeure-atelier de la rue d’Assas, mais aussi des centaines de photographies, prises par des anonymes ou de célèbres photographes de l’époque tels Marc Vaux, André Kertész ou Daniel Frasnay, et toutes sortes d’objets personnels. C’est avec ce fond que les commissaires ont conçu la présente exposition en évoquant ce qu’était cet atelier entre 1928 et 1967, années durant lesquelles le couple vécut dans cette maison.
Mais avant d’acheter la « folie d’Assas », Zadkine, né dans l’actuelle Bielorussie et arrivé en France en 1909, avait occupé plusieurs ateliers. Ceux-ci sont évoqués à travers les œuvres qu’il a réalisées dans ces derniers. C’est ainsi que nous voyons Tête héroïque (1912-1913) et surtout Tête de jeune fille en marbre, du musée de Grenoble, sculptées dans la cité d’artistes de la Ruche où le jeune sculpteur s’était installé. Si la Ruche a hébergé des artistes tels Chagall, Soutine, Modigliani, Zadkine la juge malcommode et trop excentrée. Dès qu’il en a les moyens il s’installe, en 1911, rue de Vaugirard, dans le 15e  arrondissement puis, en 1913, rue Rousselet dans le 7e arrondissement, où il reste jusqu’à son déménagement rue d’Assas.
Si nous n’avons qu’une photographie du sculpteur dans son atelier de la Ruche ou (?) de la rue de Vaugirard, en revanche il y en a beaucoup qui ont été prises dans son atelier de la rue Rousselet. Sur l’une d’entre elles on le voit en compagnie du peintre Foujita. De nombreuses sculptures évoquent cette période. Tout d’abord cette grande Vénus cariatide en bois (1919) et cet Hermaphrodite (1914) en bronze qui nous accueillent dans la première salle. Il y a aussi Maternité (1919) en marbre, Musicienne (1919) et Formes féminines (1922) en pierre calcaire, Buste de jeune femme (1914) en ciment, Tête d'homme (1922) en bois doré à la feuille, Chien chinois (1922) en terre cuite, etc. L’énumération de ces œuvres montre la diversité des techniques employées par Zadkine, de la terre cuite au ciment. ... (Lire la suite).



 

 
 
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