HERMANN. Texte de Gilles Granouillet. Mise  en scène François Rancillac. Avec Daniel Kenigsberg, Claudine Charreyre, Lenka  Luptakova, Clément Proust. 
Léa, neurologue, est spécialiste des  troubles de la mémoire. Celle, presque banale, qui s’efface chez ses patients en  gériatrie, celle, plus incongrue, qu’on ne parvient pas à concentrer, même en  pleine jeunesse. Un jeune homme, Hermann, atterrit un jour dans son service, un  presque anonyme, sans histoire à retracer, sans identité à reconstruire. Autour  de lui, un épais mystère, que viennent cisailler des fulgurances de langage, de  souvenirs entrevus. Qui est vraiment Olia, la jolie épouse du professeur Daniel  Streiberg ? De quel droit se permet-elle de venir voir cet Hermann qu’elle  prétend d’abord ne pas connaître ? Léa ne voit en elle qu’une oisive en  mal de curiosité malsaine, avant d’accepter les excuses balbutiantes de la  jeune dame revenue à une meilleure franchise. Olia et Hermann s’enfuient,  laissant à Daniel le mari et à Léa le champ d’une alliance amoureuse. La  survenue d’Hermann fait voler en éclats les couples, en recompose d’autres. La  folie guette au détour des retrouvailles, nul n’en sort indemne.
La pièce est construite en anamnèses  enchevêtrées avec le récit actuel de Léa, d’abord à 29 ans puis à 42 ans. Deux  histoires d’amours croisées, douloureuses ou attendries, sombres ou rieuses. Au  centre, humainement et professionnellement, la question est posée de la nature  même de la mémoire, cette collection d’instants dont on reconstitue  arbitrairement le cortège pour lui donner un sens et une signification.  Pourquoi ce souvenir-ci et pas un autre, pourquoi son apparition précise ou son  oubli ? Pourquoi cette voix reconnue au milieu d’autres sons  ordinaires ? ...  (Lire la suite)
(En salle prochainement).