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Lettre n° 475
du 20 mars 2019
 

Nos sélections de la quinzaine

 
 

 

 


 
      THEATRE

 
 


Photo Marion Duhamel


 

LES RIVAUX de Sheridan. Mise en scène Anne-Marie Lazarini. Avec Alix Bénézech, Cédric Colas, Charlotte Durand-Raucher, Philippe Lebas, Thomas Le Douarec, Bernard Malaterre, Willy Maupetit, Sylvie Pascaud, Catherine Salviat, Marc Shapira.
Pourquoi faire simple quand on peut compliquer à loisir les choses ?
Lydia, nièce insolente, ne rêve que de rapts romantiques par son amoureux secret, dont sa tante ne veut pas entendre parler. Jack abonde dans le penchant de sa belle et trouve ingénieux de s’affubler d’un pseudonyme Beverley, afin de mener double vie et jeu. La tante de l’une et le père de l’autre décident de les unir, envers et contre toutes les préventions supposées des deux jeunes gens. Pas question de désobéir à l’autorité des aînés, ah mais ! Il faut préciser qu’il y a de la fortune à la clef.  Sir Anthony Absolute, le père, est tyrannique, Mrs Malaprop, la si désopilante tante, s’emmêle dans la prononciation des mots alambiqués qu’elle croit élégant d’employer à tort et à travers. Julia, cousine et confidente de Lydia, rêve de son sauveur amoureux, Faulkland, dont la jalousie morbide tourne cette évidence à la catastrophe. La vieille Mrs Malaprop joue les jeunes amoureuses ridicules, assiège Sir Lucius de courriers sans ambiguïté, si ce n’est sur leur signature.
Les quiproquos s’enchaînent, les vieux croient être aimés de jeunettes, les provinciaux un peu lourdauds s’invitent à cet assaut d’élégances et de snobisme qu’est la société d’une ville de cure, Bath. ... (Lire la suite).


 


Photo Léo Paget


 

JAMAIS PLUS de Geoffrey Lopez. Mise en scène de l’auteur. Avec Antoine Fichaux.
Quel adolescent pourrait résister à l’appel au combat adressé à toute une jeunesse pour relever une Allemagne humiliée ? Franz est ébloui par les week-ends passés au bord de la mer autour d’un feu de bois, par la rude camaraderie où chacun s’endurcit et s’affirme. « Nous sommes l’armée en culottes courtes de l’Allemagne » clame avec fierté le gamin de treize ans qui voit tout à coup dans cet embrigadement l’accès à un monde insoupçonné, plus vaste que son environnement étriqué, la sensation d’être libre, vivant. Revêtir le costume, marcher en colonne, apercevoir de loin « le sauveur de l’Allemagne » est grisant. Et puis, il est tellement simple de désigner l’ennemi à abattre « cette racaille qui vole le travail des vrais allemands », ces juifs que son père, quelle honte, n’hésite pas à cacher pour les aider à fuir ! L’arrestation de son père, due à sa trahison, sanctionnée par la gifle magistrale de sa mère, puis leur pardon, marquent brutalement le retour à la réalité, une prise de conscience définitive, même s’il lui sera impossible d’effacer ces années d’aveuglement.
Bien plus tard, le jeune étudiant en médecine qu’il est devenu est entraîné par son frère Sebastian chez des amis, Hans et Sophie Sholl dont il écoute les idées.. ... (Lire la suite).


 


Photo Pierre Dolzani

 

ONCLE VANIA FAIT LES TROIS HUIT de Jacques Hadjaje. Mise en scène Anne Didon et Jacques Hadjaje. Avec Ariane Bassery, Isabelle Brochard, Sébastien Desjours, Anne Dolan, Delphine Lequenne, Laurent Morteau, Jacques Hadjaje ou Pierre Hiessler.
Une usine de robinetterie, en Limousin. Sept ouvriers, quatre femmes et trois hommes d’âges variés, se retrouvent depuis nombre d’années autour d’un amour du théâtre auquel ne les prédisposait guère leur piètre culture. Si ce n’est la figure centrale de leur explication des textes, le prêtre ouvrier, Pierre. La toute jeune arrivée, Clara, s’intègre progressivement à cette troupe de copains, dans les rires complices, les douleurs partagées. La grève ouvrière plane en ombre portée sur leurs répétitions de la pièce de Tchékhov « Oncle Vania ». Texte difficile, à comprendre, à apprendre, à jouer. De quoi s’interroger sur la pertinence de ce choix de pièce, lorsque la vie à l’extérieur est si complexe et menaçante. Et pourtant, c’est là que se cimentent les idéaux presque toujours déçus, les doutes si perceptibles, la vraie tendresse au-delà des insolences et des aigreurs échangées, sur les filigranes de leurs joies et de leurs échecs de vie. ... (Lire la suite).


 


Photo N


 

LES CARNETS D’ALBERT CAMUS. Adaptation, mise en scène et interprétation Stéphane Olivié Bisson. Collaboration artistique Bruno Putzulu.
« Je me force à écrire ce journal mais ma répugnance est vive », écrit Albert Camus dans un de ses carnets. Que penserait-il s’il voyait leur contenu ainsi divulgué sur scène, lui pour qui « la vie est secrète » ? 
Ces confidences n’ont rien de subversif. Elles marquent son attachement à l’Algérie, au quartier Belcourt, au cimetière face à la mer et à l’odeur des caroubiers, souvenirs émus d’une enfance vécue à Alger auprès d’une mère adorée mais souvenir plus pénible celui-là de sa pauvreté face à ses camarades lycéens, un monde dont il se sent exclu. Longtemps après, il avoue pourtant ressentir « la nostalgie d’une pauvreté perdue » car elle sert, selon lui, à construire la sensibilité.
Il évoque un père mort pour la France à vingt-neuf ans, un premier amour, révélation de la femme, des femmes qu’il aimera séduire toute sa vie. Il évoque l’Espagne dont sa famille maternelle est originaire et ce lien lui offre l’occasion d’une pensée pour les républicains espagnols « échoués » à Argelès - sur - mer entre 36 et 39 qui combattirent pour la France. ... (Lire la suite).



 
      SPECTACLES

 
 


Photos Aurélia Thévenin

 

MARC JOLIVET - ADN de Marc Jolivet avec la participation de Camille Jolivet.
Cela commence très fort ! Au bord du plateau, un trublion conseille au public de quitter la salle pour assister à la pièce qui suit, bien meilleure selon lui. Son expulsion est rapide. Pensez ! Mademoiselle Jolivet, indispensable complice, menace d’appeler à la rescousse un certain Alexandre, garde du corps bien connu… Elle est acclamée, par ledit public décidé à rester coûte que coûte.
Cette entrée en scène de celui qu’ils sont venus applaudir est virevoltante, une très grande forme dont il va faire preuve jusqu’aux dernières secondes de ce spectacle, écrit sous le signe de l’état des lieux des maux de notre planète, mais pas forcément de ses remèdes.
Bien qu’il ait fait une recherche ADN pour connaître ses origines, avec un résultat d’ailleurs étonnant, Marc Jolivet bouscule les certitudes : l’ADN n’est pas ici le nom de l’Acide DésoxyriboNucléique mais signifie selon lui « l’Avenir-Dépend-de-Nous » !
Notre avenir, vaste sujet. Au traditionnel « Stand Up », Marc Jolivet préfère le « Lie Down », preuve à l’appui, mais pas le « lie to » !  ... (Lire la suite).



 
      EXPOSITIONS ET SITES

 
 


Photo © Maurice Aeschimann

 

FRANZ MARC / AUGUST MACKE. L’aventure du Cavalier bleu. C’est la première exposition monographique consacrée à Paris à ces deux peintres allemands, morts tous deux sur le front de France. La rencontre entre Franz Marc (1880-1916) et August Macke (1887-1914), alors âgé de vingt-trois ans, de sept ans son cadet, a lieu à Munich en 1910.
Marc se détourne d’une vocation de pasteur et de philosophe et fréquente l’Académie des Beaux-Arts de Munich, alors centre européen du symbolisme et de l’ésotérisme. Il se rend à Paris à plusieurs reprises, en 1903 et en 1907, et y admire les tableaux de Gauguin et Van Gogh. C’est dans l’animal plutôt que dans l’homme qu’il trouve son principal motif pictural, lui permettant d’exprimer son sentiment profond, lyrique, pour la nature. Après avoir découvert en 1912 à Paris, en compagnie de Macke, dans l’atelier de Delaunay, la série des Fenêtres, il opère une synthèse stylistique (Les loups (guerre balkanique), 1913), empruntant successivement à l’orphisme de Robert et Sonia Delaunay et au futurisme des peintres italiens tels que Gino Severini, Giacomo Balla ou Umberto Boccioni, dont on voit une œuvre ici. ... (Lire la suite).

 
 


Photo © Gérard Blot

 

ROUX ! De Jean-Jacques Henner à Sonia Rykiel. Dans quel lieu pouvait-on le mieux présenter une exposition consacrée au thème de la rousseur et plus précisément à la chevelure rousse ? Assurément, le musée national Jean-Jacques Henner était prédestiné. Il est installé dans un hôtel particulier de la plaine Monceau, construit au XIXe siècle pour le peintre Guillaume Dubufe qui en fit sa demeure et son atelier. En 1921, Marie Henner, nièce du peintre Jean-Jacques Henner (1829-1905), l’achète et en fait, en 1924, un musée dédié à son oncle. Les trois étages sont utilisés pour l’accrochage, très dense, de quelque trois cents œuvres de Henner, évoquant son itinéraire de son Alsace natale à Paris, en passant par la Villa Médicis, où il a séjourné suite à son prix de Rome, ainsi que son atelier place Pigalle. Ce qui frappe dans ses toiles et ses dessins c’est l’obsession du roux, de tout temps remarquée, pour les chevelures de ses personnages. C’est donc ce caractère emblématique de la peinture de Henner qui motive cette exposition.
Celle-ci se déploie, en cinq sections, à côté des toiles de Henner, dont la quasi-totalité est à sa place habituelle, sur tous les niveaux. Elle rassemble des peintures, croquis de mode, affiches, photographies, dessins, masques, films, soit une centaine de pièces.
Le parcours commence dans le Salon aux colonnes avec la première rousse de Henner, Idylle (1872), accrochée à côté d’autres de ses œuvres comme La Liseuse (1883) ou le portrait de La Comtesse Kessler (vers 1886) et des toiles de peintres ayant représenté des rousses, comme Renoir (Jeune femme à la rose, 1918-1919), Edgard Maxence (Femme à l’orchidée, vers 1900), Carolus-Duran (Lilia, 1889) ou Charles Maurin (Composition, vers 1892). ... (Lire la suite).

 

 
 
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