Parcours en images de l'exposition

YVES SAINT LAURENT
LES COULISSES DE LA HAUTE COUTURE À LYON

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°534 du 10 novembre 2021




Titre de l'exposition
Les maisons de couture ont de tout temps commandé à Lyon des étoffes façonnées dont les soieries luxueuses de très haute qualité ont fait la renommée de la ville. Le commerce et l’industrie de Lyon depuis au moins cinq cents ans sont intimement liés à la soie, traditionnellement la plus utilisée pour les fils. Produite par la chenille du papillon Bombyx mori domestiqué, cette matière d’exception, originaire d’Asie, a été diffusée vers l’ouest au long des routes qui ont pris son nom, routes de la Soie. Lyon a d’abord vendu des soieries fabriquées à |’étranger ; puis les Lyonnais ont tissé. Du XVIIIe au XXe siècle, ils ont été les arbitres de la mode. Les maisons de soieries étaient aussi connues que les couturiers. L’apparition des marques de prêt-à-porter dans les années 1970 les a renvoyées dans les coulisses de la haute couture.

Yves Saint Laurent (1936 - 2008) découvre la soierie lyonnaise par les journaux de mode qu’il feuillette à Oran, sa ville natale. Il entrevoit le savoir-faire des fournisseurs de tissus dans les pages de publicités où les photographies de leurs collections détaillent les caractéristiques des étoffes.
Yves Saint Laurent, à l’instar de ses prédécesseurs, et notamment de Christian Dior dont il est l’assistant puis le successeur en 1957, commande aux manufactures lyonnaises dès sa première collection, comme l’attestent les modèles exécutés dans des lainages et des soies de Ducharne du printemps-été 1962.

Yves Saint Laurent a ainsi contribué à pérenniser ce savoir-faire et par là-même à valoriser et sauvegarder ce patrimoine inestimable.

Sauf mention contraire, les œuvres présentées sont conçues par Yves Saint Laurent et conservées par le Musée Yves Saint Laurent Paris. Les pièces textiles sont issues de collections haute couture.

 
Texte du panneau didactique.
 
Yves Saint Laurent à son bureau, studio du 5 avenue Marceau, Paris, 1976. Photographie de Guy Marineau. © Yves Saint Laurent.


1 - Paper dolls

Scénographie

À l’âge de seize ans, Yves Saint Laurent imagine une «maison de couture de papier». À partir des magazines de mode, le jeune homme réalise onze poupées, les « Paper dolls », en découpant des silhouettes de mannequins célèbres du milieu des années 1950. Il invente pour chacune une garde-robe complète grâce à un patron, relevé sur la pose de la poupée. Sur les deux programmes de collection de l’automne-hiver 1953-1954 et 1954-1955 qui accompagnent ses « Paper dolls », les différentes maisons lyonnaises telles que Ducharne, Bianchini-Férier ou Bucol sont citées. On les retrouve aussi sur le verso de certains vêtements.

 
Texte du panneau didactique.
 
Couverture du programme de collection des paper dolls, collection automne-hiver 1953-1954. © Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent.
Intérieur du programme de collection des paper dolls, collection automne-hiver 1953-1954. © Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent.
 
Trois « Paper dolls » avec des éléments de leur garde-robe, 1953-1955. Collage, gouache et encre sur papier.
 
Robe de jour La Mañola pour la paper doll Ivy comportant l'annotation « satin de Ducharne » au verso, 1953-1955 © Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent.


2 - La métamorphose de la soie

Scénographie. Photo Thierry Olivier.

Lyon est réputée pour la qualité de sa soierie. Les nombreux fournisseurs de cette matière précieuse ont alimenté les créations d'Yves Saint Laurent tout au long de sa carrière. La plupart des fabricants faisaient parvenir au service de la manutention de la maison les échantillons des tendances de l'année afin de les proposer au couturier. Ce dernier choisissait alors les tissus qu'il allait transformer en vêtements. Il avait une grande connaissance des matières textiles, depuis la torsion des fils jusqu’aux techniques complexes comme en témoignent l'ensemble des tissus présentés dans l'exposition et analysés selon la méthode créée par le CIETA (Centre International d'Étude des Textiles Anciens).

Les tissus sont caractérisés par une armure : mode d'entrecroisement des fils de la chaîne (fil longitudinal monté sur le métier à tisser) et de la trame (fil transversal passé entre les fils de chaîne au cours du tissage). On nomme tissus unis, les tissus de structure uniforme, sans décor créé au tissage. Les textiles peuvent être décorés et ennoblis après tissage par impression, par peinture à la main ou encore par la moire (déviation et écrasement des trames), technique typiquement lyonnaise. De nombreux tissus façonnés aux armures dérivées du damas par exemple sont connus sous le nom usuel et commercial de « brocart » comme c'était le cas dans la maison de couture. Ce terme, qui n'a aucune signification technique, correspond à des tissus richement ornés avec souvent l'ajout d'or et d'argent. Ils sont le résultat de plusieurs croisures avec des chaînes et des trames diverses.

L'invention de nouvelles matières, dont Lyon s’est fait une spécialité, a permis de développer des étoffes surprenantes qu’Yves Saint Laurent a largement utilisées dans ses créations et que l'on peut voir dans les nombreuses pages de publicité valorisant à la fois le créateur et le fournisseur. Ces innovations ont également permis à ces maisons lyonnaises de se maintenir en activité jusqu'à aujourd'hui.

 
Album d’échantillon Brochier. Papier, échantillons textiles.

 

 

 

 

Texte du panneau didactique.
 
Publicités Yves Saint Laurent pour les maisons Bucol et Bianchini-Férier, issues de l’Officiel (septembre 1989 et mars 1983).


3 - Le processus créatif

Scénographie

Une année de création se divise en deux collections haute couture : printemps-été, présenté en janvier, et automne-hiver, en juillet. Chaque collection débute habituellement par des croquis du couturier. Chaque croquis est reproduit sur sa « feuille de Bible », complétée au fur et à mesure par le nom du mannequin, du premier d'atelier, des références des matières premières, dont le nom du fournisseur, et des échantillons. La première étape est la  construction d'une «toile» par les ateliers, qui interprète le croquis du modèle en volume. Une fois la toile mise au point, on procède au choix des tissus. Différents critères sont pris en compte : le poids, le tombé, la couleur, le motif.

La toile est ensuite démontée pour créer le patron du modèle. En parallèle, les fiches de manutention, détaillant les fournitures, leur prix, le métrage et le temps de fabrication, sont élaborées. Une fois cousu, le modèle est présenté à Yves Saint Laurent, toujours sur mannequin vivant, jusqu’à sa validation après deux à trois essayages. Les planches de collections, consignées par typologies, afin d'avoir une vision d'ensemble, sont réalisées au même moment.

Lors des défilés, auxquels les fournisseurs sont invités, est remis au public le programme de la collection sur lequel les appellations des tissus ont une visée plus commerciale que leurs appellations techniques. Après le défilé, l'inventaire de la collection est dressé dans un carnet mentionnant, en face de chaque numéro de modèle du défilé, soit le nom des clientes l'ayant acheté à un tarif préférentiel, soit l’annotation « musée » si celui-ci doit rejoindre le patrimoine de la maison de couture.

 
Texte du panneau didactique.
 
Robe de soir. Printemps-été 1996. Prototype - Atelier Renée. Mousseline imprimée, qualité n°2755, dessin 2745, coloris 4 – Bucol. Taffetas, qualité mousseline, légèrement crépon, imprimé. Soie. Photo Thierry Olivier.
- Fiche de studio dite « feuille de Bible ». Printemps-été 2000. Papier imprimé collé sur papier quadrillé, annotations au crayon graphite, échantillon de taffetas – Bucol.
- Fiche de manutention. Printemps-été 2000. Encre sur papier, échantillon de taffetas – Bucol.
- L’Officiel. Mars 2000. Ensemble porté par Amalia Vairelli. Printemps-été 2000. Salon Impérial de l’Hôtel Inter-Continental, Paris. Impression sur papier.
 
Pancarte de l’atelier Renée. Printemps-été 1996.
 
Fiche du studio dite « fiche de Bible » de la robe de mariée dite «Shakespeare» collection haute couture automne-hiver 1980. © Yves Saint Laurent.
Planche de collection. Printemps-été 1999. Crayon graphite et crayons de couleur sur papier avec échantillons textiles.


4 - Cigaline
® et taffetas - Bucol

Scénographie. Photo Thierry Olivier.

Créée en 1924, la maison Bucol tire son nom de ses fondateurs Charles Colcombet et Claude Buchet.
Dès 1854, les Colcombet dirigent à Saint-Etienne une fabrique de rubans, héritière d’une manufacture du XVIIIe siècle. Grand prix d'honneur à l'Exposition universelle de 1900, Colcombet travaille déjà pour la haute couture parisienne et exporte ses produits dans le monde entier. L'entreprise se spécialise au XXe siècle dans les tissus innovants et originaux. Elle utilise des fibres synthétiques comme le nylon (polyamide) pour créer le Cracknyl ® puis la Cigaline ®. En 1987, la famille cède l’entreprise.
Bucol a rejoint depuis la Holding Textile Hermès.

 
Texte du panneau didactique.
 
Robe de soir portée par Claire Calladine, collection haute couture automne-hiver 1987. Photographie de Guy Marineau. © Yves Saint Laurent.

Au fil des années 1960, les corps se révèlent, la révolution sexuelle s'impose, les femmes s’émancipent. Yves Saint Laurent est un couturier de son époque et s'inscrit dans ce tournant en créant ses premiers « nus — habillés » tout en transgression et en transparence dans l'un de ses matériaux favoris pour révéler le corps féminin, la Cigaline ®. Ce tissu synthétique, imaginé par la maison Bucol, est en effet aussi fin, léger et crissant que les ailes d’une cigale.

 

Le taffetas correspond à la fois à la première armure de tissage et à l'utilisation d'une matière aux fibres continues comme la soie. Yves Saint Laurent le commande principalement chez Bucol. il peut être en soie changeante grâce à des fils de deux ou trois couleurs, ou moirée, dans des coloris très variés. Le taffetas murmure au moindre frottement, capte la lumière, nimbe le corps de celle qui le porte en évoquant l'époque des grands bals et les heures glorieuses de la haute couture.

Texte du panneau didactique.
 
Texte du panneau didactique.
 
- Ensemble. Printemps-été 1999. Prototype – Atelier Colette. Veste et bustier : Cigaline ®, macassar, n°2075/U, coloris 281 - Bucol. Taffetas, qualité mousseline, gaufré. Polyamide. Jupe : Satin - Gandini. Double-face chaîne, base satin de 8 « sans envers ». Soie (à gauche).
- Ensemble. Printemps-été 1999. Prototype - Atelier Frédérique. Blouse : Cigaline ® n°2790/217, coloris 281 - Bucol. Short : crêpe de laine tricotine n°6401 - Garigue (au centre).
 
- Robe de soir. Automne-hiver 1991. Prototype - Atelier Simone. Robe faille turquoise, n°1420, coloris 105 - Bucol. Taffetas (à grosses côtes). Soie. Plastron : guipure (à gauche).
- Robe de cocktail. Automne-hiver 1969. Variation de modèle. Atelier Simone. Cigaline ® noir - Bucol (à droite).
Photo Thierry Olivier.
 
Ensemble. Printemps-été 2000. Prototype - Atelier Colette. Faille chinée imprimée, n°1345/2416, coloris 1570 - Bucol. Taffetas imprimé sur chaîne. Soie. Photo Thierry Olivier.
 
Veste d’un tailleur dit « Picasso ». Automne-hiver 1979. Prototype – Atelier Jean-Pierre. Photo Thierry Olivier.


5 - Mousselines et crêpes - Bianchini-Férier et Sfate et Combier

Scénographie. Photo Thierry Olivier.

Trois jeunes hommes issus de la sphère créative, de la technique et de la finance respectivement — Charles Bianchini, François Atuyer et François Férier — s'associent en 1888 pour créer leur propre maison à Lyon, médaillée dès 1889 à l’Exposition universelle de Paris. Des usines de production sont installées dans l'Ain et dans l'Isère. Bianchini-Férier noue des liens directs avec les couturiers et développe au XXe siècle de nouveaux tissus adaptés au changement des modes, avec une préférence croissante pour les matières souples et fluides, comme les mousselines.

 

En 1850, David Armandy père crée dans la Drôme une fabrique de soie. En 1920 se constitue dans l'ancienne Indochine (et situé dans l'actuel Vietnam) la S.F.A.T.E., Société Franco Annamite Textile et d'Exportation, résultat de la fusion de la maison Armandy et Cie avec la société Emery & Tortel. Vers 1900, Combier se spécialise dans le tissage mécanique de soieries, en particulier de la mousseline. En 1970, Sfate rachète Combier. Des reprises successives à la fin du XXe siècle n'affectent pas la production, qui se poursuit sous le même nom. Sfate et Combier, qui maîtrise aujourd’hui toute la chaîne de production, est labellisée «Entreprise du Patrimoine Vivant».

Texte du panneau didactique.
 
Texte du panneau didactique.
 
Veste brodée. Automne-hiver 1971. Prototype – Atelier Jean-Pierre. Velours de soie n°28510 – Bianchini-Férier. Broderie Lesage.
 
01 - Robe de soir. Automne-hiver 1995. Prototype – Atelier Renée. Robe : Mousseline rose fuchsia, n°6122, coloris 39 – Hurel.
05 - Robe de soir. Printemps-été 2002. Prototype – Atelier Georgette. Mousseline bleu ciel, n°023184, coloris 201 – Bianchini-Férier. Taffetas, qualité mousseline, légèrement crépon. Soie.
04 - Robe de soir. Printemps-été 2002. Prototype – Atelier Georgette. Mousseline glycine, n°23184, coloris 176 – Bianchini-Férier. Taffetas, qualité mousseline, légèrement crépon. Soie.
Photo Thierry Olivier.

Yves Saint Laurent utilise la mousseline, qualité de taffetas de fils fins tissés peu serrés, pour sa finesse et son aspect flottant qu'il qualifie de « léger comme une plume ». Pour la dernière collection du printemps-été 2002, il imagine treize robes en mousseline de la maison Bianchini-Férier qui semblent être cousues à même le corps laissé libre de tout mouvement. Défiant l'apesanteur, le maintien s'effectue par l'emploi d’un bustier, architecture de la robe, sur lequel sont fixés les plis.

 
Texte du panneau didactique.
 
Robe de soir portée par Chrystele Saint Louis Augustin, collection haute couture printemps-été 1996. Photographie de Guy Marineau. © Yves Saint Laurent.
Nuanciers réalisés par le studio d’Yves Saint Laurent. Échantillons textiles épinglés sur feuille de papier quadrillé.


6 - Velours - Bouton-Renaud, Beaux-Valette et Hurel

L'entreprise est issue d’une affaire familiale fondée en 1865, la maison Guillaume et Bouton. En 1953, François Renaud crée F. RENAUD, une société de vente de coton uni dont les principaux clients sont les grossistes parisiens. Dans les années 1970, la société change de nom et devient Jacquand Renaud, pour fusionner en 1975 avec E. Bouton sous le nom de Bouton-Renaud.

Dotée de ses propres outils de production pour le tissage et l’ennoblissement — teinture et peinture à la main sur velours — Bouton-Renaud produit des velours pour d’autres maisons lyonnaises. L'entreprise est aujourd’hui labellisée «Entreprise du Patrimoine Vivant».

La maison Beaux-Valette est fondée en 1935, par un descendant de mouliniers ardéchois, Valette, et un financier, Beaux. De 1945 à 1985, elle a un bureau parisien qui suit la mode. Dans ses mémoires, Jacques Valette, directeur de l'entreprise à partir des années 1970, se souvient avoir assisté en 1963 à l’un des premiers défilés Yves Saint Laurent. Les velours façonnés, en particulier ceux teints en fils, sont un des fleurons de la maison. Populaire non seulement en France, Beaux-Valette s’exporte au Japon pour la fabrication de kimonos et aux États-Unis avec un bureau à New-York. La société perd son indépendance et est vendue en 1993.

 
Texte du panneau didactique.
 
Robe de soir. Automne-hiver 1991. Prototype – Atelier Catherine. Robe : velours noir, n°7135/NR – Beaux-Valette.


7 - Matières et techniques innovantes - Brochier et Abraham

Scénographie. Photo Thierry Olivier.

En 1878, Jakob Abraham crée l’entreprise, mais son histoire est surtout marquée par Gustav Zumsteg, surnommé le « roi de la soie ». Cet autodidacte ancre sa société dans le paysage de la haute couture. Il établit, dès les années 1940, des relations privilégiées avec les couturiers, dont certains deviendront ses intimes, comme Christian Dior et Yves Saint Laurent, pour ne citer qu’eux. Abraham obtient l'exclusivité de la fabrication des foulards d’Yves Saint Laurent. Alors que son siège social est en Suisse, la maison installe un bureau de style à Lyon et un à Paris pour suivre la mode. Le magazine économique suisse Bilanz estime qu’Abraham faisait travailler un tiers des métiers lyonnais au plus haut de sa production.

Employé par des soyeux lyonnais, Jean Brochier s’installe à son compte en 1890. Dès les années 1920, son fils, Joseph, oriente l’entreprise vers les tissus de « haute nouveauté ». Grâce à ses connaissances des mouvements artistiques, du milieu de la mode et de la fabrique, il développe l’activité internationale à Londres et à New York. Par la suite, l’entreprise fabrique des tissus à usage technique pour l'aviation, la marine ou l'architecture à côté des tissus pour la haute couture dans la grande tradition lyonnaise. En 2002, Brochier rachète Bianchini-Férier et en 2007, la branche technique devient Brochier technologies.

 
Texte du panneau didactique.
 
Façonnés. Robrac, Automne-hiver 1987-1988. Échantillons de matelassé lamé, Automne-hiver 1989. Chaussures et colliers de «brocart», Automne-hiver 1989.
 
Robe dite « Cléopâtre ». Printemps-été 1990.
Prototype – Atelier Jacqueline.
Soie lamée or Lurex ®, n°3354-5643, coloris 801/or – Brochier.
Double-face chaîne, satin de 5 (décochement 2) à l’endroit, interrompu, et en satin de 5, chaîne (décochement 3), à l’envers crêpe.
Soie, lame métalloplastique dorée (polyester).
 
Robe dite « Cléopâtre » portée par Rochelle Redfield, collection haute couture printemps-été 1990. Photographie de Guy Marineau. © Yves Saint Laurent.
 
- Robe de soir. Automne-hiver 1987. Prototype. Atelier Felissa. Panne de velours lamé argent. Abraham (à gauche).
- Robe de soir. Automne-hiver 1990. Prototype. Atelier Renée. Panne de velours lamé or. Abraham (à droite).
Photo Thierry Olivier.
 
Ensemble de soir porté par Mounia Orosemane, collection haute couture automne-hiver 1986. Photographie de Guy Marineau. © Yves Saint Laurent.


8 - La mariée Shakespeare

Scénographie

Pour sa collection automne-hiver 1980, Yves Saint Laurent choisit de rendre hommage aux poètes et écrivains qu'il admire. Le défilé se clôt sur un air tragique de Mahler dans une mise en scène quasiment liturgique : la mannequin Mounia, parée d’une robe de mariée fastueuse, s’avance lentement sur le podium puis s’agenouille telle une icône. Cette robe de mariée est un hommage à William Shakespeare qui transporte le public dans une ambiance élisabéthaine. Yves Saint Laurent fait écho aux costumes de cour, d’apparat, aux manteaux de doges vénitiens.

L'éclat particulier est dû à l'accumulation d’étoffes précieuses des plus grands soyeux lyonnais : le manteau est réalisé dans un cloqué de chez Bucol tout comme le turban vénitien et la ceinture, la robe se compose d’un damassé de la maison Abraham, les ganses sont tissées par la maison Mérieux, les ornements de bras sont drapés d’un lamé de Bianchini-Férier, et le long voile de tulle est fourni par la maison Hurel. La mariée, avec son camaïeu d’ors, est une symbiose des savoir-faire lyonnais.

 
Texte du panneau didactique.
 
Robe de mariée dite « Shakespeare ». Automne-hiver 1980. Prototype - Atelier Esther. Photo Thierry Olivier.
Fiche de studio dite « feuille de Bible ». Automne-hiver 1980 (à gauche).
Fiche de manutention. Automne-hiver 1980 (à droite).


9 - Le studio d'Yves Saint Laurent

Studio d'Yves Saint Laurent, 5 avenue Marceau - Paris 16e.

Lyon et sa région ont toujours dominé l’histoire du textile et en particulier de la soie. La Fabrique lyonnaise (nom donné par Colbert en 1667 à l'industrie de la soie à Lyon) était très complexe car les nombreux savoir-faire étaient répartis en de multiples métiers spécialisés : les dessinateurs, les préparateurs de fils, les tisseurs, les apprêteurs, les blanchisseurs et les teinturiers, sans compter les mécaniciens, les échantillonneurs, les coursiers, etc. Les plus nombreux étaient les tisseurs qui fournissaient les fabricants. Des intermédiaires, que l'on appelait dans le métier des converteurs, faisaient « convertir » leur savoir-faire par d’autres gens. Ils étaient au cœur de l’activité parisienne et établissaient un travail de proximité. Ils savaient ce qu'il fallait fabriquer pour le marché, ils avaient « l’air du temps » et forçaient le fabricant à changer ses habitudes et à innover pour suivre les tendances de la mode.

Le fabricant apparaît la plupart du temps comme nom de fournisseur sur les documents d’archives de la maison Yves Saint Laurent : les mousselines chez Bianchini-Férier ou dans une moindre mesure chez Sfate et Combier, la Cigaline® et les taffetas principalement chez Bucol, les velours chez Bouton-Renaud, Beaux-Valette ou Hurel et le lamé or chez Brochier, sans oublier Abraham qui n’était pas directement un fabricant mais un revendeur de tissus produits par ces grandes maisons.
Tous ces métiers continuent d'exister et de fournir les plus grandes maisons de couture.

 
Texte du panneau didactique.
 
Studio d'Yves Saint Laurent, 5 avenue Marceau - Paris 16e. Toile préparatoire d'un manteau. Automne-hiver 2000. Photo Thierry Olivier.
 
Kirat Young et Yves Saint Laurent dans le studio du couturier, 1983. Photographie de Guy Marineau. © Yves Saint Laurent.
 
Studio d'Yves Saint Laurent, 5 avenue Marceau - Paris 16e. Vue partielle.
Yves Saint Laurent, Anne-Marie Muñoz et Pierre Bergé dans le studio, 5 avenue Marceau, 1977.
Photographie de Guy Marineau. © Yves Saint Laurent.
 
Studio d'Yves Saint Laurent, 5 avenue Marceau - Paris 16e. Ensemble de robracs - Bucol et Bouton-Renaud.
 
Studio d'Yves Saint Laurent, 5 avenue Marceau - Paris 16e. Vue partielle.