KLIMT,
SCHIELE, MOSER, KOKOSCHKA,
Vienne 1900
Article
publié dans la Lettre n° 247
KLIMT, SCHIELE, MOSER, KOKOSCHKA, Vienne
1900. Les foyers artistiques en Europe autour de 1900 furent
très nombreux. Si l’importance de Paris reste indiscutable et sa
place la première, d’autres villes furent très actives dans ce domaine
telles que Munich, Leipzig, Stuttgart ou Vienne. Cette dernière
dont la population passe de un à plus de deux millions d’habitants
entre 1880 et 1910 est un véritable bouillon de culture tant en
politique, économie, philosophie, science, etc. qu’en musique, théâtre,
littérature, architecture, arts appliqués, peinture, etc.
En France l’art autrichien de cette époque ne suscite que peu d’intérêt
et est longtemps considéré comme « décoratif », c’est-à-dire subalterne
et n’intéresse pas les collections publiques françaises. Ce n’est
qu’en 1980 que le musée d’Orsay fait l’acquisition d’un paysage
de Klimt, seul tableau de ce peintre présent en France aujourd’hui.
Enfin une seule exposition, pluridisciplinaire, « Vienne. 1880-1938 :
naissance d’un siècle » fut organisée en France, en 1986.
Autant dire que la confrontation de ces quatre peintres dont trois
moururent en 1918 est une révélation. Pour une fois on met en avant
le symbolisme et l’expressionnisme au lieu du fauvisme et du cubisme !
Les 91 tableaux et 55 dessins réalisés entre 1890 et 1918 (seul
Kokoschka vécut au-delà, jusqu’en 1980) sont regroupés en trois
sections reprenant les genres qui, à la fin du XIXe siècle, correspondent
à des codifications traditionnelles de la peinture : l’histoire,
le paysage, le portrait. Et c’est aussi de cette façon que sont
abordées les transformations artistiques en Autriche ainsi que le
passage, sans réelle rupture, du symbolisme à l’expressionnisme
qui suscita l’émergence de nouvelles formes.
Gustav Klimt (1862-1918), le plus connu des quatre et le principal
fondateur de la « Sécession » viennoise, mouvement qui fut une révolution
du langage picturale, commence dans la tradition de la peinture
académique, puis évolue vers les peintures monumentales dont il
se libère sans difficulté pour aborder d’autres formes, d’autres
expressions, le tout dans la continuité.
Egon Schiele (1890-1918), remarqué par Klimt dont il fut considéré
un temps comme le disciple, ne s’intéresse pas aux sujets mythologiques
ou religieux comme celui-ci. Chez lui l’amour et la mort sont représentés
avec une très grande force expressive. Abandonnant les lignes fluides
de la Sécession pour un trait coupant, Schiele s’oriente vers l’expressionnisme.
Koloman Moser (1868-1918), le moins connu des quatre, rencontre
Klimt à l’Ecole des Arts Appliqués de Vienne. Il délaisse peu à
peu les arts décoratifs pour la peinture avec un intérêt croissant
pour l’allégorie (comme Klimt), la répétition des formes, les compositions
géométriques, l’exaltation des couleurs. Son œuvre est fortement
influencée par celle du peintre suisse Ferdinand Hodler.
Oskar Kokoschka (1886-1980) substitue dès 1910 au style linéaire
et décoratif de la Sécession viennoise des compositions à l’expressionnisme
exacerbé avec de violents contrastes de couleurs.
Les œuvres de ces quatre artistes sont ainsi confrontées dans les
trois sections de cette exposition exceptionnelle qui est un véritable
enchantement. Enfin il nous est permis de mieux connaître ces artistes
viennois et pas seulement Klimt, même s’il reste le plus séducteur.
Grand palais 8e. Jusqu’au 23 janvier 2006. Pour
voir notre sélection de diapositives, cliquez ici.
Lien: www.rmn.fr/vienne1900.
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