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 C'EST 
              LA VIEVanités de Caravage à Damien Hirst
 
 Article 
              publié dans la Lettre n° 312 
 C’EST LA VIE. VANITES DE CARAVAGE A DAMIEN 
              HIRST. Cette exposition singulière est consacrée à l’évocation 
              de la mort à travers ce que l’on appelle des vanités, d’après 
              la fameuse phrase de l’Ecclésiaste : « Vanité des vanités, tout 
              est vanité ». Les deux commissaires, Patrizia Nitti, directrice 
              du Musée Maillol, et Claudio Strinati, directeur général du ministère 
              de la culture italien, nous présentent quelque cent soixante œuvres 
              - peintures, sculptures, photographies, vidéos, bijoux, objets - 
              en nous faisant remonter le temps. C’est ainsi que nous voyons tout 
              d’abord, dans une grande salle, des œuvres souvent monumentales 
              d’artistes contemporains comme cette Tête de mort II de Niki 
              de Saint Phalle, ce Crâne de Yan Pei Ming dont on avait admiré 
              au Louvre l’an dernier Les Funérailles de Monna Lisa (Lettre 
              295) ou ce Gants-tête d’Annette Messager, à côté de créations 
              plus intimistes. Nous pouvons citer le Crâne aux papillons 
              de Philippe Pasqua et The Fear of Death (half skull) de Damien 
              Hirst, fait avec des mouches et de la résine sur un crâne humain ! 
              La suite de l’exposition nous fait voir d’autres œuvres contemporaines 
              ou modernes. Par exemple le Self Portrait de Robert Mapplethorpe, 
              déjà mentionné à propos de l’exposition « Deadline » au Musée d’art 
              Moderne de la Ville de Paris (Lettre 303), La Jeune fille 
              et le mort, de Jean Hélion, La Complainte du vampire 
              de Clovis Trouille, l’Homme au crâne de Bernard Buffet, l’Ecce 
              Homo de Paul Delvaux et le fameux tableau Nature morte, crâne 
              et chandelier de Paul Cézanne, qui remit la vanité à l’honneur.
 En effet ce genre artistique, très ancien puisque l’on a retrouvé 
              des crânes ornés vieux de neuf mille ans (Jéricho), a connu une 
              alternance d’heures de gloire et d’oublis. Les grecs sont les premiers 
              en occident à faire figurer le squelette pour évoquer la brièveté 
              de la vie, illustration reprise à l’époque romaine dans des fresques 
              de Pompéi et que l’on peut rapprocher du « Souviens-toi que tu n’es 
              qu’un homme » chuchoté par un esclave à l’oreille de l’homme que 
              les romains portaient en triomphe !
 A la fin du Moyen Age apparaissent les danses macabres de squelettes 
              et les « memento mori ». Les artistes ont présent à l’esprit les 
              horreurs de la Mort Noire (la peste) et de la Guerre de Cent ans 
              ainsi que la nouvelle théologie chrétienne du « Drame de l’agonie ». 
              La Renaissance ne traitera pas ce sujet. En revanche, au XVIIe siècle, 
              la tête de mort apparaîtra de manière magistrale dans les œuvres 
              d’artistes tels Le Caravage (Saint François en méditation, 
              vers 1602), Georges de la Tour (Extase de Saint François, 
              1640-1645) ou Francisco de Zurbaran (Saint François agenouillé, 
              vers 1635). Avec l’apparition de la nature morte, la mort envahit 
              la peinture. Genovesino va jusqu’à représenter un enfant endormi 
              avec une tête de mort dans les bras (Cupidon endormi (Vanité)) ! 
              Le puritanisme du XIXe siècle ne goûtera guère ces débordements 
              et il faudra attendre Géricault (Les Trois crânes, 1812-1814) 
              ou Paul Cézanne, déjà cité, pour remettre ce genre au goût du jour, 
              sans interruption cette fois, jusqu’à nos jours, tant la mort a 
              été une obsession avec, entre autres, deux guerres mondiales et 
              le sida.
 Cette exposition nous permet de voir les œuvres d’autres grands 
              artistes comme Picasso, Braque, Warhol, Basquiat et beaucoup d’autres. 
              Nous y voyons aussi les bijoux-vanités créés depuis 120 ans par 
              la joaillerie Codognato de Venise pour d’illustres clients parmi 
              lesquels Diaghilev, Manet, Cocteau, Visconti, Warhol, Elton John.
 Une exposition originale, bien présentée, permettant aussi de voir 
              la collection de peintures et de sculptures de Maillol, présentés 
              dans cet hôtel particulier, l’hôtel Bouchardon, par son principal 
              modèle, la galeriste Dina Vierny. Musée Maillol 7e. Jusqu’au 
              28 juin 2010. Pour 
              voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien 
              : www.museemaillol.com.
 
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