UNE
IMAGE PEUT EN CACHER UNE AUTRE
Arcimboldo - Dali - Raetz
Article
publié dans la Lettre n° 299
UNE IMAGE PEUT EN CACHER UNE AUTRE. Arcimboldo
- Dali - Raetz. Ceux qui ne voient pas une vieille femme dans
cette image d’Epinal représentant une jeune fille lisant, seront
sans doute désappointés par cette exposition qui nous montre que
de la préhistoire (Vénus des Milandes) à nos jours les artistes
ont toujours joué sur la perception multiple que l’on peut avoir
d’une œuvre. Avec une sélection de quelque 250 objets (peintures,
dessins, gravures, sculptures, films) l’exposition nous invite à
déambuler parmi vingt et une sections classées par thèmes. On y
voit entre autres les célèbres portraits d’Arcimboldo (XVIe siècle)
faits d’assemblage d’objets de toutes sortes (fruits, poissons,
etc.) parfaitement identifiables. Certains de ces portraits représentent
autre chose quand on les renverse (Tête réversible avec corbeilles
de fruits, 1590). On trouve des représentations analogues dans
des miniatures mogholes des XVIe et XVIIe siècles, ce qui pose la
question de l’antériorité.
Les cartes des pays sont aussi l’objet de détournement telle Le
Royaume de France en forme de bateau (1796). Certaines peintures
sont incompréhensibles vues de face alors qu’elles révèlent, par
exemple, un paysage en les regardant de profil (Paysage anamorphosé,
vers 1550). Comme dans la nature où la forme des objets évoque des
choses précises - il suffit d’écouter les commentaires des guides
de grottes (!) - les peintres ont représenté des paysages qui révèlent
des êtres humains (Côte escarpée, de Degas, 1890-1892, avec
des courbes féminines !).
Ces techniques ont permis de diffuser des images séditieuses, politiques
ou érotiques, permettant à l’artiste de plonger le spectateur dans
le non-sens ou l’incongruité pour rétablir le sens sur un autre
plan et dans un second temps. Le pommeau de canne qui projette le
profil de Napoléon tient du même principe. Nous avons aussi des
silhouettes ou des découpages que l’on peut interpréter de deux
façons différentes (Hide-and-Seck, de Tchelitchew, 1940-1942 ;
Coupes pour Picasso, de Jasper Johns, 1930) ou bien des vues
d’architecture aux perspectives impossibles (Concave et convexe,
d’Escher, 1955) ou bien encore les fameuses tâches de Rorschach.
Une place importante est accordée à Salvador Dali qui passa maître
dans l’art des images à multiples figurations (L’Enigme sans
fin, 1938). D’autres œuvres célèbres comme le Viol, de
Magritte, 1934 ou la Princesse X, de Brancusi, 1915-1916,
sont également présentées. Une exposition très riche, évidemment
pleine d’énigmes, pour le plus grand plaisir du visiteur. Grand
Palais 8e. Jusqu’au 6 juillet 2009. Pour
voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien
: www.rmn.fr.
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