LES TUDORS
Article
publié exclusivement sur le site Internet, avec la Lettre
n° 384
du
15 juin 2015
LES TUDORS. Après « Les Médicis »
et « Les Borgias », voici « Les Tudors » ! Ici l’accent est mis
essentiellement sur les portraits de ces personnages illustres et,
comme pour les deux expositions du Musée Maillol, sur l’exploitation
que la littérature, le théâtre et le cinéma en ont fait.
Les cinq souverains de cette dynastie ont régné pendant 118 ans
de 1485 à 1603. Il s’agit d’Henri VII, d’Henri VIII, d’Edouard VI,
de Marie Ire et d’Elisabeth Ire. Le plus célèbre est bien entendu
Henri VIII dont les multiples mariages inspirèrent une abondante
littérature dès le XVIIe siècle avec Shakespeare. L’exposition suit
la chronologie et nous conduit d’un souverain à un autre dans une
scénographie très réussie d’Hubert Le Gall, jouant de la couleur
des salles, avec de nombreux panneaux nous rappelant l’histoire
de ces rois et reines et des cartels très lisibles.
Après une introduction évoquant le mythe de cette dynastie au XIXe
et XXe siècle avec le tableau représentant Anne Boleyn à la Tour
de Londres dans les premiers moments de son arrestation (Edouard
Cibot, 1835) et la magnifique robe portée par Cate Blanchett dans
le film Elisabeth réalisé par Shekhar Kapur en 1997, nous
entrons dans la salle consacrée d’un coté à Henri VII (règne 1485-1509),
son fondateur et de l’autre coté à Henri VIII (règne 1509-1547).
Peu d’objets pour Henri VII dont le portrait côtoie celui de Louis
XII. En revanche, les témoignages du règne d’Henri VIII abondent
et se poursuivent dans la salle voisine.
La part belle est faite à ses six épouses, à commencer par Catherine
d’Aragon, veuve de son frère aîné Arthur. Ensemble ils règnent plus
de vingt ans, ont de nombreux enfants mais un seul survit, Marie.
Henri VIII craint d’avoir offensé Dieu en épousant sa belle-sœur.
Il demande au pape d’annuler son union. Le pape refuse et Henri
VIII rompt avec l’Eglise catholique et crée l’Eglise anglicane.
Les évêques invalident son mariage et le roi épouse Anne Boleyn,
qui lui donne une fille, la future Elisabeth Ire. Sous l’influence
de Cromwell, Henri VIII fait arrêter la reine pour adultère et inceste,
sans preuves convaincantes, et la fait exécuter avec son frère et
quatre autres personnes. Peu après, il épouse sa maîtresse, Jeanne
Seymour, qui lui donne un fils, le futur Edouard VI, mais meurt
quelques jours plus tard, en 1537, suite à une infection durant
son accouchement. Ce fut sans doute l’épouse préférée du roi puisque
c’est à ses côtés qu’il se fit inhumer. Quelques années plus tard,
en 1540, le souverain épouse Anne de Clèves mais, déçu, il fait
annuler le mariage tout en assurant à Anne une confortable rente
et le titre de « sœur aimée du roi ». Henri VIII épouse alors Catherine
Howard, une des dames de compagnie d’Anne de Clèves, de trente ans
sa cadette, le jour de l’exécution de Cromwell. Apprenant, un an
plus tard, qu’elle le trompe avec un courtisan, il la fait condamner
à mort et exécuter. Henri VIII épouse finalement sa sixième et dernière
épouse, la riche veuve Catherine Parr, en 1543. Celle-ci contribue
au rapprochement du roi avec ses deux filles qui reviennent alors
dans l’ordre de succession au trône, mais derrière leur frère. A
part le portrait d’Anne de Clèves, exécuté de son vivant par Hans
Holbein le Jeune, les portraits des épouses du roi furent réalisés
au cours des siècles suivants par des artistes fascinés par ce « tableau
de chasse ».
La section suivante est consacrée à Edouard VI (règne 1547-1553),
mort à 15 ans dont on voit quelques portraits, et à sa demi-sœur
Marie Ire (règne 1553-1558), première femme à gouverner le royaume,
qui épouse Philippe II d’Espagne et restaure le catholicisme. Elle
meurt des suites d’une maladie, sans héritier, en 1558.
C’est sa demi-sœur Elisabeth Ire (règne 1558-1603), qui lui succède.
Elle envisage de prendre pour époux Robert Dudley mais ses conseillers
la dissuadent de se marier à un simple sujet. Le bal des prétendants
commencent alors avec la Suède, l’Autriche, la France. Nous voyons
à côté des nombreux portraits de la reine ceux de ses prétendants,
auxquels une section entière est consacrée. Finalement elle n’épousera
personne et terminera un règne de 45 ans avec pour surnom « La reine
vierge ». Ainsi se termine la dynastie des Tudors.
La dernière partie de l’exposition reprend le thème de l’introduction
avec les ouvrages tant littéraires que musicaux inspirés par cette
dynastie, par le règne de neuf jours de Lady Jane Grey et par Marie
Stuart, toutes deux arrière-petites-filles d’Henri VII, décapitées
sur l’échafaud. Après Shakespeare, ce sont Walter Scott, Hugo, Dumas
pour la littérature, Rossini, Donizetti, Saint-Saëns pour la musique,
Henry Andrews, Paul Delaroche, Eugène Devéria, Eugène Delacroix
pour la peinture qui s’emparent de ces personnages dans des œuvres
toujours lues ou jouées. Une exposition instructive et brillante.
Musée du Luxembourg 6e. Jusqu’au 19 juillet 2015. Lien
: www.museeduluxembourg.fr.
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