TRESORS DE LA CHINE ANCIENNE
Bronzes rituels de la collection Meiyintang
Article
publié dans la Lettre n° 353
du
15 avril 2013
TRESORS DE LA CHINE ANCIENNE. Bronzes
rituels de la collection Meiyintang. Sous ce nom, qui signifie
en mandarin le « domaine entre les parterres de roses », se cache
une collection mystérieuse, considérée comme la plus importante
et la plus prestigieuse collection privée de céramiques et de bronzes
chinois antiques. Bien connue des spécialistes, elle a été constituée
par deux frères suisses nés à Manille, Stephen et Gilbert Zuellig.
Le premier a vendu sa collection en 2011, à l’âge de 93 ans. En
revanche, les héritiers de son frère cadet, mort en 2009 à l’âge
de 91 ans, ont créé une fondation qui a mis en dépôt plus de 1500
céramiques au Musée Rietberg à Zurich.
En ce moment, nous avons donc la chance de pouvoir admirer près
de 120 bronzes chinois, réalisés entre le XIXe siècle et le Ier
siècle avant notre ère, jamais présentés au public.
Le parcours de l’exposition est « chronologique et esthétisant »
aux dires d’Olivier de Bernon, commissaire général de l’exposition.
Il se déroule en neuf séquences dans une scénographie admirable,
mettant bien en valeur ces magnifiques pièces. C’est ainsi que les
habituels numéros apposés à côté des objets sont remplacés par des
images sur les cartels, en dehors des vitrines. De grands panneaux
exposent chacune des séquences, tandis que des tableaux montrent
la chronologie ou la dénomination de ces bronzes, selon les dynasties
et les formes, comme on a l’habitude de le faire pour les céramiques
grecques.
Au fil des séquences, alors que la forme des objets est extraordinaire
dès le début, par leur complexité et leur décor, on voit que les
artisans ont tâtonné pour arriver à la maîtrise technique qu’ils
n’ont atteinte que sous la dynastie des Shang (XVe-XIe siècle avant
notre ère). Mais ce qui est le plus étonnant c’est que ces objets
n’avaient pas d’utilité pratique dans la vie quotidienne. Ils avaient
une fonction propitiatoire ou magique et servaient dans des circonstances
officielles, d’où l’intitulé de certaines séquences : l’autel du
rituel, le banquet, guerre et paix.
Ces bronzes étaient des présents très appréciés, plus que l’or,
et très tôt, les empereurs les ont collectionnés afin de mieux ancrer
leur pouvoir puisqu’ils servaient pour le culte des ancêtres impériaux.
C’est ainsi que l’empereur Wudi des Han (règne 141-87 av. notre
ère) va jusqu’à changer le nom de son règne en Yuanding (premier
ding) à la suite de la présentation au trône d’un bronze ding (nom
traditionnel pour un vase tripode), récemment exhumé. A l’entrée
de l’exposition, on peut d’ailleurs voir un album de planches aquarellées
appartenant au musée Guimet, intitulé Splendeur de la métallurgie
de bon augure, réalisé sous le règne (1736-1795) de l’empereur
Qianlong, reprenant en cela une tradition de publication de catalogues
remontant aux Song (960-1279).
Le visiteur pourra oublier le caractère sacré de ces bronzes antiques
et ne s’attacher qu’à la beauté des objets. Plus on avance dans
le temps, plus les décors sont somptueux, passant de motifs abstraits
à des figurations florales ou animales, voire humaines, de plus
en plus détaillées, rappelant les objets en jade, eux aussi très
appréciés. La taille augmente aussi et, dans la section « Monumentalité »,
on peut voir des bronzes de grandes dimensions, s’accordant à celles
des palais construits à leur époque. Il fallait de réelles prouesses
techniques pour arriver à couler de tels objets. Le plus grand que
l’on a trouvé (il n’appartient pas à la collection et n’est donc
pas exposé) mesure 1,30 mètre de haut et pèse 875 kilos ! Une exposition
somptueuse qui mérite bien son nom. Musée Guimet 16e. Jusqu’au
10 juin 2013. Pour
voir notre sélection de visuels, cliquez ici.
Lien : www.museeguimet.fr.
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