« LE TRESOR DU MONDE »
Joyaux indiens au temps des Grands Moghols

Article publié sur Internet entre les Lettres 258 et 259


« LE TRESOR DU MONDE » . Joyaux indiens au temps des Grands Moghols. Après les magnifiques objets présentés dans l'exposition « De Cordoue à Samarcande », voici, pour la première fois en France, les plus belles pièces de la collection de joyaux et d'objets précieux indiens constituée par le Cheikh Nasser al-Sabah et son épouse, à partir du milieu des années 1970, et mis en dépôt au Musée national du Koweït depuis 1983. Cette collection, l'une des plus complètes et représentatives de l'art islamique, est surtout célèbre par son exceptionnel ensemble de joyaux et d'objets précieux indiens. Ce sont les plus beaux d'entre eux qu'il nous est permis d'admirer ici. L'essentiel de ces œuvres de joaillerie a été produit avant la fin du XVIIe siècle, tout particulièrement durant la période d'apogée de l'empire moghol, sous les règnes des Grands Moghols Akbar, Jahangir, Shah Jahan (à qui l'on doit le Taj Mahal) et Aurangzeb, soit entre 1556 et 1707.
Terre naturellement riche en gemmes, l'Inde est le berceau des connaissances en matière de pierres précieuses. Les pièces présentées ici illustrent la subtilité artistique, le génie créatif et la finesse technique des artistes indiens des XVIe et XVIIe siècles. Il s'agissait souvent de créations destinées aux princes et empereurs qui pouvaient ainsi manifester leur munificence. C'est ainsi que Sir Thomas Roe, premier ambassadeur anglais à la cour du Grand Moghol, écrivait en 1616 au futur Charles 1er : « En bijoux Jahangir est le trésor du monde, achetant tout ce qu'il trouve, et amassant les pierres somptueuses comme s'il préférait les amonceler plutôt que les porter ». Le parcours de l'exposition, clair et rationnel, est lui aussi un quasi « amoncellement » de trésors. Il est divisé en treize sections. La première nous montre les techniques de montures de gemmes, dont le fameux kundan, spécifique de l'Inde, qui donne au joaillier une complète liberté artistique grâce au travail de l'or à froid. Viennent ensuite les pierres dures (jades, etc.) à décor incrusté d'or, les pièces illustrant la technique du relief par martelage de métaux précieux (boîte en or ornée d'arbres, de fleurs, d'oiseaux), les joyaux au revers d'or gravé, alors que la pratique courante était un revers émaillé et les gemmes sur fond d'or à motif floral, dont la fameuse dague et son fourreau en rubis.
La sixième section est consacrée à l'évolution de l'art de l'émail, technique importée en Inde au XVIe siècle par les européens, et la septième à l'acier enrichi d'or (objets damasquinés de toutes sortes dont des dagues Katar). La huitième section regroupe les merveilles sculptées (bague avec oiseau qui pivote, en or et pierres précieuses) tandis que la suivante met en valeur les ornements taillées en relief dans les pierres dures (jade, agate, émeraudes), techniques dans lesquelles les artistes indiens ne connaissaient pas de rivaux, et la dixième le sertissage des gemmes taillés en relief (pommeau de canne en rubis prenant la forme d'une tête de dragon).
La onzième section présente les formes remarquables de gemmes, pierres seules taillées d'une certaine manière (diamants imitant les cristaux naturels du cristal de roche, coupe miniature taillée dans une seule émeraude, etc.) tandis que la suivante, avec les gemmes gravées d'inscriptions royales, regroupe des spinelles (dites aussi rubis balais) dont la collection al-Sabah est la plus riche après celle du Trésor d'Iran. On y voit une gemme gravée de 249 carats portant six inscriptions royales, dont celles de trois empereurs moghols et celle d'un souverain safavide, et une émeraude de 86 carats portant l'intégralité du verset du Trône, tiré du Coran. La treizième et dernière section rassemble les pièces d'exception, faisant appel à tous les styles et techniques, montrant le génie et l'inventivité des plus grands artistes de l'époque. Une exposition tout autant unique qu'éblouissante, à ne pas manquer. Musée du Louvre 1er (01.40.20.53.17) jusqu'au 4 septembre 2006. . Pour voir notre sélection de diapositives, cliquez ici.
Lien : www.louvre.fr.


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