TRESOR DU SAINT-SEPULCRE.
Présents des cours royales européennes à Jérusalem

Article publié dans la Lettre n° 354
du 6 mai 2013


TRESOR DU SAINT-SEPULCRE. Présents des cours royales européennes à Jérusalem. Dès le IVe siècle le Saint-Sépulcre, lieu de la Résurrection du Christ, devient un lieu de pèlerinage pour tous les chrétiens. Au cours des siècles, il sera source de convoitise pour les profanes et subira bien des vicissitudes avant d’être plus ou moins bien préservé grâce à des accords internationaux entre les pays chrétiens et les maîtres de Jérusalem. C’est ainsi que depuis vingt-huit générations, les frères franciscains, suite à l’accord entre Saint François et (suite de la page 1) le sultan Al Malik en 1219, ont la garde de ces lieux, qu’ils partagent avec les orthodoxes et les arméniens. C’est à eux que l’on doit la présente exposition en attendant que les autres communautés dévoilent à leur tour leurs trésors.
En 1808, deux ans après sa visite en Terre Sainte, qui sera suivie par la publication de son livre Itinéraire de Paris à Jérusalem, Chateaubriand espère conduire la restauration de la basilique du Saint-Sépulcre, qui vient d’être détruite par un incendie. C’est pourquoi, en hommage à celui-ci, l’exposition se développe sur deux sites, dont la Vallée-aux-Loups, à Châtenay-Malabry, maison acquise par l’auteur du Génie du Christianisme en 1807.
Dans cette vaste demeure, entourée d’un parc de 11 hectares dessiné et planté par Chateaubriand, sont exposées neuf peintures, restaurées pour l’occasion par le Conseil Général des Hauts-de-Seine, dont sept des quinze tableaux commandés en 1729 au célèbre peintre napolitain Francesco de Mura ainsi que le chef-d’œuvre du Maître de l’Annonce aux bergers, L’Adoration des bergers (vers 1630).
Au Château de Versailles, dans les salles des croisades, dont la restauration est enfin terminée et qui seront ouvertes au public après cette exposition, sont présentés les objets offerts depuis près de mille ans pour la magnificence des Lieux saints. En effet, les puissances européennes, dont « l’Espagne pour l’argent, l’Italie pour les hommes et la France pour la diplomatie », ont envoyé des objets d’art sacré aussi précieux que rares que nous avons la chance de pouvoir admirer avant leur présentation dans le futur musée qui leur sera consacré en 2015 à Jérusalem.
Le parcours de l’exposition se déroule dans huit salles, avec une scénographie brillante, évoquant les fêtes et les monuments sacrés. Dans les deux premières salles sont rassemblées des offrandes d’une grande diversité, allant d’une cloche chinoise du XIIIe siècle, retrouvée enfouie dans la terre où, comme d’autres objets, elle avait été cachée pour échapper aux pillards, à des vases de pharmacie de Venise et de Gênes. Parmi les objets remarquables notons un grand bassin en argent pour le lavement des pieds (Portugal, 1673), une des nombreuses maquettes, en bois, ivoire et nacre, de l’église du Saint-Sépulcre (XVIIe siècle) et une crosse provenant de la basilique de la Nativité en cuivre doré émaillé (Limoges, XIIe siècle).
Les salles suivantes regroupent les présents offerts par chacune des grandes puissances chrétiennes. On commence par les présents du royaume de France, qui se rattache au passé héroïque des croisades et à Saint Louis. On admire tout particulièrement une paire de grands bassins en argent doré (1620-1624) et un ornement pontifical rouge (1619), présents de Louis XIII, ainsi qu’une crosse ou bâton pastoral de 1654 offerte par Louis XIV en 1654, année de son sacre.
Dans la quatrième salle sont regroupés les présents du saint Empire romain germanique. Nous sommes frappés par la profusion de chasubles, dalmatiques et chapes des ornements en persienne, vert, rose et bleu, des Habsbourg, très liés aux franciscains. Chaque couleur correspond à des temps particuliers de la liturgie. L’ensemble, réalisé à Vienne après 1740, est d’une très grande homogénéité.
Viennent ensuite les présents du royaume de Portugal, dont un ensemble très complet du XVIIIe siècle pour les cérémonies les plus solennelles des fêtes du Saint-Esprit ainsi qu’une mitre de 1792 ; puis ceux de la sérénissime République de Gênes et ceux d’Espagne. Parmi ces derniers, nous sommes fascinés par un baldaquin eucharistique de 1665 et par une garniture d’autel comprenant de très nombreux objets.
Les deux dernières salles sont consacrées aux présents du royaume de Naples et des deux Siciles avec, en particulier, un autre baldaquin eucharistique (Naples, 1754) et un ostensoir (Naples, 1746), tous deux en or et pierres précieuses ainsi qu’un tableau représentant la Résurrection (Naples, 1736) et un devant d’autel ou antependium (Naples, 1731), tous deux en argent fondu. Tant de richesses rassemblées en ce lieu est un événement exceptionnel, qu’il ne faut pas manquer. Château de Versailles 78. Maison de Chateaubriand, Châtenay-Malabry 92. Jusqu’au 14 juillet 2013.
Pour voir notre sélection de visuels relatifs au château de Versailles, cliquez ici. Pour voir notre sélection de visuels relatifs à la Maison de Chateaubriand, cliquez ici. Lien : www.chateauversailles.fr.


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