TRESOR
DES MEDICIS
Article
publié dans la Lettre n° 318
TRESOR DES MEDICIS. Il est impossible
de voir cette exposition riche de quelque 150 objets exceptionnels
ayant appartenu à l’un ou l’autre membre de la famille Médicis sans
s’intéresser à celle-ci, pour comprendre les choix qui ont été faits
tant pour les pièces que pour leur présentation. L’essor de cette
dynastie, mentionnée en 1201 avec un certain Chiarissimo, modeste
changeur, commence au XIVe siècle avec Giovanni de Bicci qui fonde
à Florence, en 1397, la première banque Médicis.
Grâce à la banque et à l’industrie textile, cette famille parviendra,
sous Cosme l’Ancien, à la tête de la plus grande fortune d’Europe,
prêtant à tous les rois et autres puissants de leur époque. A coté
de leurs talents d’hommes ou de femmes d’affaires et de politiciens,
les membres de cette famille sont passionnés par l’art, sous toutes
ses formes et par la science, laissant une totale liberté aux artistes
qu’ils soutiennent. Chaque membre de la famille, au fil des trois
siècles où les Médicis dominent la ville de Florence ajoute des pièces
aux diverses collections familiales.
Cosme l’Ancien se passionne pour les antiques et les objets orientaux
tout en soutenant Fra Angelico. Laurent le Magnifique, consacre des
fortunes à l’achat de vases en pierres dures et de camées antiques
et d’objets exotiques, comme des céladons chinois. Il accueille Michel-Ange
et Botticelli. Son fils Jean, devenu pape sous le nom de Léon X est
un grand collectionneur de manuscrits. Il soutient Andréa del Sarto
et Raphaël. Jules de Médicis, devenu pape à son tour, sous le nom
de Clément VII, s’assure la quasi exclusivité du travail de Michel-Ange
et arrange le mariage de Catherine de Médicis avec le roi de France
Henri II, en 1533. Celle-ci est une grande amatrice de portraits.
Elle en rassemble plus de 700 ! Sa fille Marguerite épouse le futur
Henri IV. Ce mariage est annulé faute d’héritier et Henri IV épouse
alors Marie de Médicis, fille de François Ier, grand-duc de Toscane,
à qui il doit beaucoup d’argent. La dot efface la dette. Marie soutient
l’opéra, qui vient de naître à Florence, et les peintres Franz Pourbus
et Rubens.
Durant la même période, Cosme Ier fait construire par Vasari les Offices
pour abriter les collections des Médicis tout en collectionnant les
objets antiques (médailles) et en vouant une passion à la botanique,
aux bijoux et aux objets curieux. Son fils François, le père de Marie,
reine de France, passionné d’alchimie, fait rassembler dans une petite
pièce « un bel écrin de choses rares et précieuses par la valeur et
la facture ». Ce sera le fameux Studiolo. Il s’intéresse aussi à la
peinture avec le flamand Jean de Boulogne, dit Giambologna. Il cède
le pouvoir à son frère Ferdinand, jusque-là cardinal dans sa Villa
Médicis, à Rome, qu’il a fait décorer. Celui-ci est passionné par
les pierres dures, le théâtre (il fait construire une des premières
salles en Europe entièrement consacrées à cet art), l’opéra, les fêtes
et soutient, comme ses successeurs, les recherches de Galilée.
Son fils Cosme II (début XVIIe siècle) fait construire de nouveaux
bâtiments pour accueillir des collections de plus en plus importantes.
Lui succède, après un court règne, son fils Ferdinand II, grand collectionneur
d’instruments scientifiques et d’armes. Le déclin arrive avec le long
règne de Cosme III (1642-1723), qui se complait dans les natures mortes,
les vanités et l’intégrisme religieux. Au contraire, son fils, le
Grand Prince Ferdinand, s’avère un fin mécène d’art ancien et contemporain
et un mélomane averti, mais il ne règne pas. C’est finalement avec
son frère cadet Jean-Gaston, puis sa sœur Anne-Marie-Louise, princesse
Palatine, que s’éteint cette dynastie, en 1743. Celle-ci rédige un
testament par lequel elle lègue toutes les collections Médicis à la
ville de Florence, pour qu’elles restent « à la disposition de toutes
les nations ». C’est une toute petite partie de ces collections de
toutes sortes, ainsi que des objets venus d’ailleurs, que nous pouvons
admirer dans cette exposition absolument exceptionnelle. Musée
Maillol 7e. Jusqu’au 13 février 2011. Pour
voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien
: www.museemaillol.com.
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