LE TRESOR DE NAPLES.
Les Joyaux de San Gennaro

Article publié dans la Lettre n° 369
du 26 mai 2014

LE TRESOR DE NAPLES. Les Joyaux de San Gennaro. Voici l’occasion de voir, avec plus de 70 pièces, une partie très significative des 21610 chefs-d’œuvre qui composent le Trésor de Saint Janvier, le plus populaire des sept saints qui protègent la ville de Naples. Cet ensemble d’une valeur inestimable l’emporterait, aux dires des experts, par son importance et sa richesse, sur ceux de la couronne d’Angleterre et des tsars de Russie.
Son origine remonte au 13 janvier 1527. Ce jour-là, devant notaire, le saint, mort depuis plus de mille deux cents ans, s’engage à protéger la ville de la peste et des éruptions du Vésuve. En contrepartie, le peuple de Naples s’engage, à travers la Députation, à lui constituer un trésor et à lui construire une nouvelle chapelle au sein de la cathédrale. Depuis lors la Députation, institution laïque gardienne de la chapelle, représentant le peuple de Naples, propriétaire de ce trésor, garantie l’intangibilité des ampoules du sang et des saintes reliques et exerce l’administration et la tutelle du culte et du trésor de San Gennaro. En 2003 elle fonde, à Naples, le Musée du trésor de San Gennaro, d’où proviennent les présentes pièces.
Au fil des ans, les souverains de toute l’Europe comme les simples citoyens, font don d’objets précieux grâce auxquels sont fabriqués des objets de culte ou des statuts en argent, comme les cinquante-quatre bustes reliquaires, promenés chaque année en procession à travers la ville. Si les premiers sont les plus éblouissants, les seconds sont l’œuvre d’artistes parmi les plus renommés de leur époque. Quinze bustes colossaux et deux statues d’argent massif sont exposés. Les plus remarquables sont le buste de saint Eufebio (1672) de Cosimo Fanzago, le buste de sainte Irène (1733), protégeant Naples du Vésuve, de Carlo Schisano et la statue grandeur nature de Tobie et l’Ange (1797) de Giuseppe del Giudice.
Les deux pièces les plus spectaculaires sont une mitre et un collier. La première est commandée par la Députation à l’orfèvre napolitain Matteo Treglia, qui doit la réaliser en moins d’un an, sous peine de ne pas être payé (!), pour orner le buste reliquaire de San Gennaro lors de la procession de 1713. Elle est composée d’argent doré, de 3326 diamants, 168 rubis, 198 émeraudes et 2 grenats. Certaines pierres sont exceptionnelles comme un grand rubis de Ceylan de couleur violacée surnommé la « Lave du Vésuve » et un diamant en forme de goutte, l’un des premiers à taille brillante à cinquante-huit facettes. L’ensemble est somptueux. Au revers des fanons ou « ailes » de la mitre, l’artiste a gravé son nom et celui des membres de la Députation.
Le collier est plus étonnant encore. Il est créé en 1679 par l’orfèvre Michele Dato en utilisant certains des bijoux précédemment donnés à la chapelle. Mais sa conception se poursuit au cours des siècles, jusqu’en 1879, en ajoutant d’autres éléments offerts par divers souverains. Malgré cette réalisation étalée sur deux cents ans, avec des objets qui n’étaient pas destinés à ce collier, l’ensemble reste harmonieux.
A côté de ces pièces exceptionnelles, les autres objets - chandeliers, jarres en argent, canons d’autel, ciboire, ostensoirs, etc. - ne manquent pas d’intérêt. Nous avons aussi un ensemble de tableaux dont un, attribué à Hoffmann, l’auteur des contes du même nom, représente Le Miracle de la liquéfaction du sang de San Gennaro en 1799 devant les troupes françaises sur l’autel de la cathédrale. En effet, trois fois par an le sang du saint, recueilli par Sainte Irène, après sa décapitation, dans des ampoules où il s’est coagulé, se liquéfie. Ce « miracle » et les cérémonies qui l’entourent sont décrits en détail par Alexandre Dumas dans Le Corricolo (1843), récit du voyage qu’il a effectué en 1835 de Rome à Naples.
Une exposition tout à fait exceptionnelle et époustouflante. Musée Maillol 7e. Jusqu’au 20 juillet 2014. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.museemaillol.com.

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