LES
TRES RICHES HEURES
DE
LA COUR DE CHINE (1662-1796)
Article
publié dans la Lettre n° 258
LES TRES RICHES HEURES DE LA COUR DE CHINE
(1662-1796). Chefs-d'œuvre de la peinture impériale des Qing.
Organisée à l'occasion du cinquième anniversaire de la réouverture
du musée Guimet (voir Lettre 182), cette passionnante exposition
nous permet d'admirer dans leur intégralité, pour la première fois
en France, les neuf rouleaux peints, commandes impériales destinées
à célébrer des événements marquants du règne de trois grands souverains
Qing : Kangxi (1662-1723), Yongzheng (1723-1736) et Qianlong (1736-1796).
De son coté, le musée national du Palais de Taïpé dont nous avions
pu admirer les richesses au Grand Palais en 1998 (Lettre
150) a prêté deux autres rouleaux. A coté de ces œuvres exceptionnelles
dont l'ensemble représente quelque 130 mètres, sont présentés une
centaine d'objets : porcelaines peintes, estampes, peintures sur
éventails, feuilles d'album, rouleaux monochromes, albums de sceaux
impériaux ainsi que des ouvrages anciens traitant de perspectives.
Si l'on a longtemps considéré que la grande peinture chinoise s'arrêtait
au début de la période Ming (1368-1644), l'on redécouvre l'importance
de peintres de l'époque Qing comme Shitao (1642-1718) ou Zhu Da
(1624-1705) et l'on rend enfin hommage aux trois grands empereurs
Mandchous, sous lesquels la Chine était redevenue un pays grand
et prospère, alors qu'ils étaient considérés jusque là comme une
parenthèse étrangère dans l'histoire de la Chine.
Les grands rouleaux qu'ils ont commandés retracent des événements
importants de leurs règnes dans le contexte de l'époque. Les deux
premiers qui nous sont présentés retracent les voyages dans le sud
de l'empereur Kangxi. Les trois suivants sont des images du «
bon gouvernement » avec Le Premier Sillon ouvert par l'Empereur
et L'Impératrice surveillant les rites de la sériciculture,
montrant l'importance qu'attachaient les empereurs aux travaux des
champs, faits par les hommes, et à la fabrication de la soie, travail
des femmes. Le troisième représente le Voyage dans le Sud de
l'empereur Qianlong, souverain d'origine nomade qui s'est affirmé
comme l'un des tous premiers lettrés de son temps, auteur de plus
de 40.000 poèmes, et comme un très grand collectionneur, y compris
d'antiquités.
Après une salle où sont présentés divers types de peinture, l'on
nous rappelle l'importance du peintre jésuite milanais Giuseppe
Castiglione (1688-1766) qui travailla pour les trois empereurs sujets
de cette exposition et connut une gloire considérable sous Qianlong.
Ce dernier rédigea même l'épitaphe qu'il fit graver sur sa tombe.
Castiglione qui vécut 51 ans en Chine s'initia à la peinture chinoise
traditionnelle tout en lui apportant certains effets de perspective
occidentale. C'est à lui qu'étaient tout particulièrement confiées
les représentations de l'empereur, dont on voit un magnifique exemplaire
(Portrait de l'empereur Qianlong, vers 1737) et des chevaux
(Qazak présentant des chevaux à l'empereur Qianlong, 1757).
Enfin nous plongeons dans la dernière séquence, la « Jubilation
de la nature »avec « Les Chasses de Mulan »
peintes par Castiglione au milieu du XVIIIe siècle. Elles s'étalent
en quatre rouleaux de seize mètres chacun, tous somptueux grâce
à une multitude de détails de la vie dans les palais et les campagnes,
au caractère fouillé des milliers de personnages et d'animaux et
aux représentations en perspective occidentale (objets du fond plus
petits que ceux de devant) malgré la composition très chinoise de
l'ensemble. Ces rouleaux représentent successivement le voyage,
le campement, le banquet, l'encerclement, scène où l'on voit
un véritable mur de personnages entourant une harde de cerfs qui
n'ont aucune chance de s'échapper. Musée Guimet 16e (01.56.52.53.00)
jusqu'au 24 juillet 2006. Pour
voir notre sélection de diapositives, cliquez ici.
Lien: www.museeguimet.fr
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