TITIEN, LE POUVOIR EN FACE

Article publié dans la Lettre n° 259


TITIEN, LE POUVOIR EN FACE. C'est la première grande exposition parisienne de la saison et c'est un véritable choc. Les organisateurs ont réussi à réunir quelque 60 œuvres venues de 14 pays et à présenter 35 portraits du peintre vénitien Tiziano Vecellio, dit Le Titien, le plus grand portraitiste de la Renaissance. Ces derniers sont mis en regard de peintures, sculptures, médailles, armures, etc., la plupart du temps contemporaines, permettant de voir les sources et les influences du Titien.
Ce qui frappe c'est de voir que cet artiste, né vers 1488-90 n'avait que vingt ans lorsqu'il devint le peintre officiel de la République de Venise. Son génie exceptionnel se fit connaître rapidement dans toute l'Italie (fresques des trois Miracles de Saint Antoine à Padoue en 1511, L'Amour sacré et l'Amour profane, son chef-d'œuvre, en 1515, etc.). Il reçoit d'importantes commandes des duchés de Ferrare, Mantoue, Urbino et devient le portraitistes des familles d'Este, Gonzague et della Rovere.
Si l'exposition met l'accent sur les rapports entre Le Titien et le pouvoir dans la première section, elle accorde une place tout aussi grande, dans la seconde section, à la société contemporaine à laquelle l'artiste allait consacrer quelques uns de ses plus beaux portraits.
Dans la première section nous commençons par une première partie où l'on voit les portraits de Charles Quint, qui en fit son portraitiste officiel et l'éleva au rang de premier peintre de la cour des Habsbourg, de son fils Philippe II qui le maintint dans ses fonctions, de François Ier, portrait peint à partir d'une médaille, également exposée, de Benvenuto Cellini, car Le Titien ne rencontra jamais le roi, et du pape Paul III. Divers objets dont l'armure d'enfant de Charles Quint accompagnent ces portraits. Dans la deuxième partie sont exposés des portraits du Titien et d'autres peintres de personnages des cours d'Italie : Parme, Plaisance, Ferrare, Mantoue, Urbino et bien sûr Venise. Parmi ces toiles citons le portrait d'Isabella d'Este représentée comme elle pouvait être quand elle était jeune (!), le portrait du « Général de la Mer » Vincenzo Cappello, le portrait du Doge Nicolo Marcello.
Dans la section II, une première partie est consacrée aux humanistes et intellectuels amis du Titien, fort nombreux car son atelier était très visité. C'est là que l'on apprécie le mieux le talent du peintre à saisir l'essentiel, la personnalité, la sensibilité et l'âme du sujet. Le portrait de l'Aretin, qui le présenta à Charles Quint est étonnant, l'artiste ayant tout concentré sur le visage impressionnant du grand écrivain et laissé comme inachevés les vêtements et le fond du tableau, si bien que son ami se demanda s'il n'avait pas payé assez cher son portrait ! Autre portrait remarquable, celui de « l'Ami singulier du Titien » comme cela est écrit sur un papier que tient l'homme !
La deuxième partie est consacrée à la noblesse et à la bourgeoisie avec des portraits de gens plus ordinaires, la plupart peints par d'autres artistes que le Titien et en particulier par Lorenzo Lotto, le spécialiste du genre (Portrait de gentilhomme). Enfin la troisième et dernière partie nous montre des portraits de femmes, Le Titien ayant lui aussi cherché la « femme idéale ». Le plus touchant est celui d'une fillette de deux ans, Clarice Strozzi, représentée posant avec son petit chien, l'enfant croyant que c'était celui-ci qui était peint ! Mais il faut aussi citer les portraits de Laura Dianti et de Judith, version profane de l'héroïne biblique. Une exposition vraiment exceptionnelle et très intéressante. Musée du Luxembourg 6e (01.45.44.12.90 - réservations 08.92.68.46.94) jusqu'au 21 janvier 2007. Pour voir notre sélection de diapositives, cliquez ici.
Lien : www.museeduluxembourg.fr.


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