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TIGRES DE PAPIER
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TIGRES DE PAPIER. Cinq siècles de peinture en Corée. Dans le cadre de la saison de Corée, le musée Guimet expose quelque 130 œuvres de sa collection de peintures, paravents, céramiques, jarres et mobiliers, considérée comme l’une des plus importantes en Occident. C’est l’occasion de faire connaissance avec un art aux couleurs chatoyantes, qui s’est développé durant cinq siècles sous la dynastie Choson (1392-1910), bien démarqué de la Chine ou du Japon, et qui présente une remarquable unité.
Trois périodes se détachent. Tout d’abord, aux 15e et 16e siècles, un « âge d’or » durant lequel est instauré l’alphabet coréen, afin de marquer l’identité propre de ce royaume dont la dynastie veut faire un royaume lettré. La peinture est d’une grande qualité et privilégie le paysage et la nature. Elle est à la fois aristocratique et simple malgré la minutie avec laquelle sont représentés les animaux et les insectes. Vient ensuite, aux 17e et 18e siècles, un « siècle des lumières » qui suit les invasions de la Corée par le Japon entre 1592 et 1598. La peinture exprime à travers le bambou ou la branche de prunier un monde silencieux et mystérieux traumatisé par cette guerre. La tradition confucéenne est un refuge pour les peintres qui utilisent ses symboles. C’est aussi à cette époque qu’apparaissent les premiers paysages coréens représentés d’après nature, comme les monts de diamants. La dernière période, aux 19e et 20e siècles, est une « voie coréenne ». En effet, confrontée à la modernité qui s’empare de l’Asie du Nord-Est, la Corée entend rester elle-même et offre une peinture qui exprime la juxtaposition de traditions et le maintien d’un royaume idéal confucéen. Les paravents puisent dans un répertoire ancestral.
Le parcours de l’exposition ne reprend pas ce découpage artistique mais adopte un plan thématique, plus accessible aux visiteurs. Nous commençons ainsi avec des peintures cartographiques comme cette Mappemonde, un paravent à huit panneaux de 1860. Viennent ensuite « terres et paysages », puis « le bouddhisme », « le chamanisme » et « le confucianisme ».
La section suivante commence par « le goût des lettrés » avec de magnifiques objets (jarre, table aux pieds en forme de patte de tigre), des paravents et des peintures en rouleaux. Elle continue avec des portraits très réalistes puis des paravents calligraphiés (munjado) où sont déclinées les huit vertus du confucianisme, symbolisées chacune par un caractère de l’alphabet coréen, mais traités d’une manière décorative. Viennent ensuite des « scènes de la vie coréenne » comme Kang, le pêcheur au bord de la rivière ou Visite de Liu Bang à l’ermitage de Zhuge Liang, tous deux du 19e siècle, puis, avec « fleurs et oiseaux » de somptueuses représentations de pivoines, de papillons, de phénix, de paons, etc. La nature sauvage n’est pas oubliée. Le tigre, emblème du pouvoir, est omniprésent, souvent associé à des oiseaux (pie, moineau, …). On le retrouve aussi dans cette scène de Chasse au tigre, au sanglier et au cerf, un paravent à six panneaux du début du 19e siècle. « Le monde aquatique » fait pendant au monde terrestre, avec toutes sortes de poissons mais surtout des carpes.
Le parcours se termine avec un florilège de ces derniers thèmes : Peinture de fleurs et oiseaux, Poissons et grues, deux paravents à huit panneaux du 19e siècle, La retraite du général Guo Ziyi, paravent à huit panneaux du 18e siècle et encore douze petites peintures sur papier du 19e siècle évoquant de manière charmante des Scènes de la vie coréenne. On y voit aussi un magnifique Double coffre du 19e siècle, entièrement décoré de représentations naïves d’animaux et de fleurs. Une exposition qui nous parle, loin de l’austérité de la plupart des peintures asiatiques. Musée national des Arts asiatiques - Guimet, 16e. Jusqu’au 22 février 2016. Lien : www.guimet.fr.