LE THEATRE DE L'OEUVRE, 1893-1900

Article publié dans la Lettre n° 243

LE THEATRE DE L’ŒUVRE, 1893-1900. Voici une exposition, la première sur ce sujet dans un musée, qui va bien avec notre Lettre, où le théâtre tient une large place, puisqu’elle rend hommage à une Institution qui révolutionna le théâtre en France à la fin du XIXe siècle.
Le Théâtre de l’Oeuvre a été fondé en 1893 par Aurélien Lugné - dit Lugné-Poe en hommage au poète américain Edgar Allan Poe -, Camille Mauclair et Edouard Vuillard. Lugné-Poe (1869-1939) se lance dans sa première aventure théâtrale à l’âge de 17 ans. Il poursuit sa formation au conservatoire de Musique et de Déclamation et chez Antoine, au Théâtre Libre, avant de passer au Théâtre d’Art fondé par Paul Fort pour lutter contre la suprématie du naturalisme, des vaudevilles et du répertoire classique !
Au lendemain de son premier spectacle, Pelléas et Mélisande, donné en 1893, Lugné-Poe décide de créer sa propre entreprise théâtrale pour accueillir le symbolisme. Vuillard choisit le nom de l’Oeuvre, tandis que Bonnard dessine un logo illustré représentant Lugné-Poe en terrassier en train de retrousser ses manches ! Durant sa première saison, l’Oeuvre produit ses représentations, souvent uniques, sur des scènes louées pour la circonstance, les Bouffes du Nord, le Nouveau Théâtre, la Comédie Parisienne.
Le Théâtre de l’Oeuvre fait découvrir des auteurs étrangers du monde entier, tels Ibsen devant qui ils iront jouer ses propres pièces à Oslo même, ou Strindberg ainsi que de jeunes auteurs français comme Henri Bataille ou Alfred Jarry (Ubu Roi est créé fin 1896). Il invente aussi une nouvelle stratégie de communication avec des brochures et de splendides programmes explicatifs, illustrés par Vuillard, Bonnard, Vallotton, Denis, Rops, Toulouse-Lautrec, Munch et bien d’autres. Ses tournées à l’étranger ont plus de succès qu’en France !
Sur le plan théâtral, l’œuvre est un véritable laboratoire d’innovations scéniques avec des décors et des éclairages suggestifs, un jeu neutre et impersonnel pour évoquer les tensions d’un théâtre de la vie intérieure. Il ne reste malheureusement que peu de choses des décors et des mises en scène mais l’exposition nous en donne une très bonne idée. Musée d’Orsay 7e (01.40.49.48.14) jusqu’au 3 juillet 2005. Pour voir notre sélection de diapositives, cliquez ici. Lien : www.musee-orsay.fr.

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