TEOTIHUACAN
Cité des Dieux

Article publié dans la Lettre n° 303


TEOTIHUACAN, Cité des Dieux. Lorsque les aztèques (XIIIe - XVIe siècle) découvrirent les vestiges de cette immense cité, il ne pouvait s’agir pour eux que de constructions faites par les dieux, d’où le nom de Teotihuacan, « le lieu où naissent les dieux » qu’ils donnèrent à ce site.
Situé à 2 275 mètres d’altitude dans les hautes terres semi-arides du centre du Mexique, Teotihuacan s’étendait sur une superficie de plus de 20 km² et était habitée par plus de 100 000 personnes dont bon nombre provenaient d’autres régions du Mexique comme les zapotèques (Oaxaca) ou les huaxtèques (région actuelle de Veracruz).
Les origines de la cité remontent à 100 avant notre ère. Elle se développa peu à peu, comme le montrent les agrandissements successifs de la pyramide de la Lune dont les cotés passent, en sept étapes, de 23,5 mètres à plus de 140 mètres. Elle atteint son apogée entre 250 et 550 de notre ère et disparaît mystérieusement vers 650 sans que l’on sache pourquoi, encore aujourd’hui.
La cité est construite selon un plan d’urbanisme très précis basé sur la vision du monde qu’en avaient ses habitants, un plan dont ils constituent le point central. L’ouest (coucher du soleil) représente la mort, le sud la source de la fertilité. L’axe principal nord-sud, l’allée des Morts, relie un édifice rituel, la pyramide de la Lune (au nord), la Citadelle et le Grand Ensemble (au sud), espace ouvert identifié comme le marché de la ville. La construction des pyramides de la Lune et du Soleil impose l’identité architecturale de la cité. S’y ajoutent par la suite des plates-formes, temples et palais édifiés sur une durée de 500 ans. A peine cinq pour cent du site a fait l’objet de fouilles systématiques.
L’exposition nous montre une maquette du site permettant d’avoir une idée de sa topologie et de son ampleur, avec les principales constructions sacrées comme les pyramides déjà citées et le fameux temple du Serpent à plumes, situé au cœur même de la Citadelle. Le parcours de l’exposition, dans un espace très ouvert se décline en six sections : 1-Teotihuacan, son histoire et son architecture monumentale, avec des objets imposants comme le Jaguar sacré du Palais Xalla, qui nous accueille, ou ces décors provenant du temple du Serpent à plumes. 2- Politique, économie et société, hiérarchie et pouvoir, le sacrifice, la guerre. 3- Religion et vision de l’univers, dieux, rituels et traditions funéraires. 4- Vie dans les palais et les maisons de Teotihuacan. 5- Splendeurs de l’artisanat, pierres, céramiques et bijoux précieux. 6- Les relations de Teotihuacan avec le monde mésoaméricain.
450 objets, dont cinq pour cent seulement proviennent d’Europe, illustrent ces thèmes. Ils nous montrent la maîtrise de cette civilisation dans les domaines de la sculpture, de la peinture, avec des fresques remarquables, de la céramique avec toutes sortes de créations dont des poteries gigognes qui peuvent s’ouvrir, dévoilant alors toute une panoplie d’objets, des bijoux et des parures, des masques dont un grand nombre ont été rassemblés ici, des armes, en particulier en obsidienne, une matière précieuse dont Teotihuacan possédait des mines. Des siècles après sa chute, les aztèques conservent et offrent des objets provenant des ruines de la cité et s’en inspirent pour leurs propres créations.
Nous avons donc ici la chance de pouvoir mieux connaître cette étonnante et puissante civilisation grâce aussi à de nombreuses présentations vidéo et à des panneaux et des cartels très complets. Seul regret, l’éclairage de certaines vitrines n’est pas à la hauteur d’une telle exposition d’où une présentation un peu terne. Musée du Quai Branly 7e. Jusqu’au 24 janvier 2009. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.quaibranly.fr.


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