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SPLENDEURS ET MISÈRES
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SPLENDEURS ET MISÈRES. Images de la prostitution, 1850-1910. Considérée comme un « mal nécessaire » entre le Second Empire et la Belle Epoque, la prostitution a fasciné les artistes de cette deuxième moitié du XIXe siècle. Celle-ci revêt de multiples aspects qui vont des « pierreuses » officiant clandestinement sur des terrains vagues, jusqu’aux courtisanes recevant leurs admirateurs dans leurs luxueux hôtels particuliers, en passant par les filles « en carte », les « verseuses », employées par les brasseries à femmes, et les pensionnaires des maisons closes.
Durant cette période, Paris est en pleine mutation. C’est la « Nouvelle Babylone » et la « Ville Lumière ». Quantité de lieux nouveaux offrent aux artistes des sujets d’inspiration et tout particulièrement, pour les artistes mâles, ces lieux d’amours tarifées. Tous les styles s’expriment sur ce sujet, que ce soit la peinture académique, le naturalisme, l’impressionnisme, le fauvisme ou l’expressionnisme. Il en résulte qu’en visitant cette exposition, nous voyons des œuvres de la quasi-totalité des artistes connus ou moins connus de cette époque.
Le parcours, dans une très belle scénographie de Robert Carsen, comporte une dizaine d’étapes. Les premières sont regroupées sous le titre « Ambiguïté ». Elles décrivent tout d’abord les représentations d’« espaces publics » et de « filles publiques », avec des tableaux de Jean Béraud, Toulouse-Lautrec, Vallotton et bien d’autres. Puis c’est « Paris, capitale des plaisirs », qui est mise à l’honneur, avec des toiles de Boldini, Forain, Rops, Degas, Manet, Toulouse-Lautrec, Van Gogh. Avec « L’Heure du gaz », apparaissent les prostituées travaillant la nuit, sur les trottoirs, à proximité de ces nouvelles sources lumineuses qui mettent en valeur leurs charmes, et enfin, avec « L’Envers du décor », c’est l’Opéra, théâtre d’une prostitution de haut vol où Degas et Béraud se sont particulièrement illustrés.
Les sections suivantes sont consacrées aux Maisons closes, objets de tous les fantasmes. Certaines des œuvres, en particulier des films et des photographies érotiques, sont présentées dans des salles interdites aux moins de 18 ans. Parmi celles « tout public », ce sont Degas, Toulouse-Lautrec, Forain, Rops, Guys, Bernard, Van Gogh et Courbet qui sont à l’honneur. Une section particulière est consacrée à l’hygiène et aux maladies vénériennes, fléaux de l’époque. On voit également des scènes d’intimité entre les filles, en l’absence des clients, dans ces maisons de tolérance. La réglementation de la prostitution, à partir de 1802 (visites médicales obligatoires pour les « filles en carte »), est également évoquée avec, par exemple, des tableaux montrant l’univers de Saint-Lazare, où l’on conduisait les filles « insoumises », se livrant à la prostitution clandestine. A la fin du XIXe siècle apparaît un mouvement abolitionniste, qui aboutira en 1946 à la fermeture des maisons de tolérance (loi Marthe Richard).
La section consacrée aux « Courtisanes » est la plus spectaculaire avec de magnifiques portraits de quelques-unes de ces dames, ou encore le Lit dit « de la marquise de Païva » et cet extravagant Fauteuil d’amour ou chaise de volupté de la Maison Soubrier. Elles exerçaient une véritable fascination et donnaient le ton en matière de mode et de goût !
Les prostituées ont également inspiré les écrivains. Citons Balzac avec Splendeurs et misères des courtisanes et surtout Zola avec Nana. Les dernières salles sont consacrées au thème « Prostitution et modernité » où sont présentées aussi bien des toiles de maîtres : Toulouse-Lautrec, Picasso, Munch, Derain, Rouault, de Vlaminck, Sluijters, van Dongen, Kupka, que des photographies d’amateurs soucieux de garder des souvenirs personnels et secrets, grâce à la simplification de la technique photographique. Au final, une exposition foisonnante, bien présentée et riches en œuvres de toutes sortes. Musée d’Orsay 7e. Jusqu’au 20 janvier 2016. Lien : www.musee-orsay.fr.