SPECTACULAIRE
SECOND EMPIRE. 1852-1870

Article publié dans la Lettre n° 400
le 10 octobre 2016


 
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SPECTACULAIRE SECOND EMPIRE. 1852-1870. Cette exposition rend hommage à une période souvent décriée. Elle commence avec le coup d’état du 2 décembre 1851 orchestré par Louis Napoléon Bonaparte, alors président de la République, et se termine par la capitulation du 2 septembre 1870 suite à l’encerclement de Sedan par les prussiens.
Cette époque fut d’une prospérité sans équivalent au XIXe siècle et la cour de l’empereur, la plus brillante de ce siècle. Pour évoquer les divers aspects du Second Empire, les commissaires ont réuni une multitude de peintures, sculptures, photographies, dessins d’architecture, objets d’art et bijoux dans un parcours thématique construit autour de grandes questions esthétiques et sociales.
Après une brève introduction, l’exposition évoque « la comédie du pouvoir » dans laquelle l’empereur, qui tire sa légitimité du vote populaire, se sert de l’image pour diffuser les grands moments de son règne, tel que son mariage avec la jeune impératrice Eugénie, qui devint une parfaite « première dame », dévouée aux causes charitables. Viennent ensuite les « Fastes dynastiques » dont les plus célèbres furent le mariage de l’empereur, le baptême du prince impérial, dont on voit l’extravagant berceau offert par la Ville de Paris ou les funérailles du roi Jérôme en 1860 et du duc de Morny – demi-frère de l’empereur – en 1865. Les cérémonies de toutes sortes sont nombreuses. Pour les fêtes populaires comme le 15 août, jour de fête nationale, comme sous le Premier Empire, ou les défilés militaires après les grandes victoires, on élève de somptueux décors éphémères dont on voit ici les dessins. C’est avec le même faste que l’impératrice inaugure, le 16 novembre 1869, le canal de Suez, grande réalisation de l’Empire hors de ses frontières. Mais le Second Empire est aussi celui des « résidences impériales ». Louis Napoléon Bonaparte procède à l’achèvement du Louvre et des Tuileries, dont il fait sa résidence tout en s’accommodant des anciens palais auxquels il apporte tout le confort et l’ameublement modernes.
Cette époque est aussi celle des « portraits d’une société ». Tout le monde veut avoir son portrait, soit peint, soit photographique. À côté des chefs-d’œuvre d’Ingres et de Wintherhalter dont on voit des exemples, la nouvelle génération des peintres réalistes – Manet, Tissot, Degas ou Cézanne – a l’ambition de renouveler le genre.
L’architecture triomphe sous le Second Empire. Ce sont tout d’abord des créations s’inspirant de l’antiquité, telle la villa pompéienne du prince Napoléon-Jérôme, du Moyen-Âge avec des recherches autour du style gothique, qui inspirera à Viollet-le-Duc les restaurations du château de Pierrefonds et les fortifications de Carcassonne, ou encore de la Renaissance. Le mobilier est à l’avenant et nous en voyons de superbes exemples.
Mais le grand œuvre de l’empereur reste la transformation de Paris sous la conduite du baron Haussmann, qui en fait la plus belle ville du monde, avec de nouvelles places (Etoile, Trocadéro, Nation, etc.), de nouvelles avenues, des espaces verts, des gares, des halles, des théâtres dont l’Opéra Garnier, et bien d’autres lieux. Vingt mille maisons sont rasées et trente mille nouveaux immeubles sont construits avec pour ambition de favoriser la mixité sociale avec leurs étages différenciés. Ils constituent encore aujourd’hui le tissu urbain de la capitale.
Dans cette société où règne une bourgeoisie aisée, la « fête impériale » est une institution. Des milliers de personnes se pressent à ces fêtes, arborant leurs plus beaux vêtements et leurs bijoux les plus somptueux. Quelques-uns sont exposés ici. La Cour soutient ainsi l’industrie du luxe et contribue à faire de Paris la capitale des divertissements en Europe ce qui, plus tard, lui sera reproché.
C’est aussi l’époque des « nouveaux loisirs », que ce soient les promenades dans les parcs de la capitale comme ceux des Buttes-Chaumont ou des Tuileries ou dans ces stations balnéaires telles que Deauville ou Biarritz qui commencent à apparaître. Les artistes vont dans ces nouveaux lieux. Nous voyons quelques exemples de ces peintures des bords de Seine ou de la Côte normande peints par Renoir, Boudin ou Monet. Cette nouvelle peinture n’est pas acceptée par le Salon officiel. Napoléon III institue alors le « Salon des refusés » où l’on peut voir des œuvres telles que le Déjeuner sur l’herbe de Manet, qui fait scandale. L’exposition évoque ces deux salons avec un accrochage des toiles sur plusieurs niveaux comme cela se faisait alors.
Le parcours se termine en apothéose avec une débauche d’objets décoratifs en argent, bronze, bois précieux, porcelaine, cristal, émail, etc. présentés lors des deux grandes expositions universelles de 1855 et 1867 à Paris. C’est dans ces foires d’un nouveau genre que s’affirment l’excellence de l’industrie d’art française et l’éclectisme débridé des sources d’inspiration dans lesquelles puisent les créateurs. Une exposition vraiment somptueuse qui met à l’honneur une période qui n’était pas qu’un temps de divertissements, d’affaires et de vices, tel que le décrit Zola. Musée d’Orsay 7e. Jusqu’au 15 janvier 2017. Lien : www.musee-orsay.fr.

Livre d’art. Pour cette exposition, Skira a coédité avec le Musée d’Orsay un catalogue tout aussi somptueux que l’exposition. Nous y trouvons 350 photographies, souvent magnifiques, surtout celles d’objets d’art, des commentaires intéressants et variés, la liste de toutes les œuvres exposées et une bibliographie (320 pages - 45 euros).


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