« GINO SEVERINI (1883-1966),
futuriste et néoclassique »


Article publié exclusivement sur Internet avec la Lettre n° 327
du 23 mai 2011


GINO SEVERINI (1883-1966), futuriste et néoclassique. Cette rétrospective, la première depuis celle du musée d'Art moderne de Paris en 1967, nous permet de voir que cet artiste né à Cortone en Italie, mais qui travailla essentiellement à Paris à partir de 1906, n'était pas que le peintre futuriste qui fit sa célébrité.
Initié à la technique divisionniste par son maître Giacomo Balla, Severini lui reste d'abord fidèle puis vient à Paris pour approfondir sa connaissance de l'œuvre de Seurat. Dufy, son voisin d'atelier, l'initie au divisionnisme scientifique. Ses vues urbaines évoquent aussi bien Signac que Van Gogh par certains aspects. Ses portraits au pastel sont proches de ceux de Degas et Toulouse-Lautrec (Autoportrait à la pipe, 1908). En 1911, il adhère au mouvement futuriste et joue le rôle de médiateur entre les artistes milanais et les peintres de l'avant-garde parisienne. Ses sujets de prédilection sont alors la foule (Le Boulevard, 1911), la ville, les lieux de divertissement (La danse de l'ours au Moulin Rouge, 1913) et les danseuses pour exprimer le mouvement (Danseuse bleue, 1912). Les œuvres de cette première période sont très agréables à voir.
En 1914 et 1915 il réalise une série de peintures de guerre (Canons en action (Mots en libertés et formes), 1915 ; Train blindé, 1915) d'une très grande intensité dramatique. En 1916, rompant avec les Futuristes, il participe au mouvement Cubiste jusqu'en 1919. S'il n'avait fait que cela, il est probable que nous n'aurions pas retenu son nom tant ses toiles, dans lesquelles il incruste parfois des éléments du réel (papier, journaux, partitions), manquent d'intérêt. A la même époque il se passionne pour la géométrie, la section d'or, les tracés harmoniques, ce qui l'amènera à publier, en 1921, Du cubisme au classicisme, un livre sur les rapports de l'art et des mathématiques. On peut voir des natures mortes réalisées d'après ces théories, accompagnées, hélas sans explications, des feuilles de « calculs » qui servirent à leur réalisation.
Il entame alors une nouvelle phase de son art avec « le Retour à la Figure », de 1920 à 1943. Durant cette période son style est plus classique. Comme d'autres artistes, il s'intéresse au personnage d'Arlequin et à la Commedia dell' Arte. Il peint de grands décors en Toscane pour la famille Sitwell et réalise de nombreux décors muraux d'art sacré, à mosaïques, en Suisse. Il peint peu de tableaux mais ceux-ci, plus intimes, sont magnifiques. Severini fait preuve d'humanisme et revient aux sources de son Italie natale, inspirés par les décors de Pompéi et les mosaïques byzantines de Ravenne. C'est la partie la plus passionnante de cette exposition, qui s'achève sur l'Arlequin de 1938. Avec près de 75 œuvres (dessins originaux, peintures …) cette rétrospective nous offre une vue très complète de cet artiste. Musée de l'Orangerie 1er. Jusqu'au 25 juillet 2011. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.musee-orangerie.fr.


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