JOSÉ MARÍA SERT.
LE TITAN À L’ŒUVRE. 1874/1945

Article publié dans la Lettre n° 340
du 30 avril 2012


JOSÉ MARÍA SERT. LE TITAN À L’ŒUVRE. 1874/1945. « On voyage dans un omnibus à côté d’un petit monsieur très ordinaire qui vous passe vos six sous aimablement au conducteur et vous ne savez pas qui c’est. Eh bien, c’est Michel-Ange !». Voilà ce qu’aurait dit Degas en 1906 en parlant de Sert. Et c’est vrai que cette exposition ne peut donner qu’un modeste aspect de l’œuvre monumentale, comme celle de la chapelle Sixtine, de cet artiste catalan venu s’installer à Paris en 1900 et y faire fortune, grâce à son talent et son entregent. En effet, très vite Sert s’est intéressé à la peinture murale, pas à fresque, mais sur des toiles qu’il peignait avec des collaborateurs dans son immense atelier. Il réalisa ainsi une quarantaine de peintures monumentales dans le monde entier : hôtel Waldorf Astoria et RCA Building du Rockfeller Center, à New York, Palais des Nations de Genève, etc. Mais son œuvre la plus ambitieuse est la réalisation du décor intérieur de la cathédrale de Vic à laquelle il consacra toute sa vie. Dès 1904 il travaille sur un premier décor de cette cathédrale, projet interrompu par la Grande Guerre. En 1922 il met en chantier la deuxième décoration de Vic. Une partie de la cathédrale est incendiée durant la guerre civile et, à partir de 1940, Sert entreprend un troisième décor, totalement différent des premiers, montrant ainsi par là sa capacité à évoluer au fil du temps. Il meurt quelques jours après l’inauguration.
L’immense intérêt de cette exposition, en dehors de quelques œuvres terminées de grandes tailles, comme Les Quatre saisons (1917-1919) ou La Belle Maraîchère (1932) est de nous montrer les techniques très originales utilisées par Sert pour préparer ses compositions monumentales. Celui-ci disposait tout d’abord d’une multitude de documents et de photos ramenés de ses nombreux voyages dans le monde entier, qu’il utilisait pour son travail. Il utilisait aussi des santons et, plus tard, de grands mannequins articulés, pour mettre en scène ses décors. Enfin il photographiait des modèles qu’il faisait poser selon l’idée qu’il avait de l’œuvre finale. A partir de cela, il réalisait de grandes esquisses et même des maquettes très précises du monument à décorer, permettant de visualiser l’effet de l’œuvre terminée. Il fallait bien cela pour réaliser des peintures de plusieurs centaines de mètres carrés !
L’exposition s’attache aussi à la vie privée de cet homme très mondain, fréquentant autant les artistes que les hommes politiques, s’affichant en même temps avec sa femme Misia et sa maîtresse Roussy et prenant parti pour Franco. Une belle exposition qui permet de mieux connaître un artiste quasiment oublié en France. Petit Palais 8e. Jusqu’au 5 août 2012. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien: www.petitpalais.paris.fr.


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