ROUAULT,
MATISSE, correspondances
Article
publié dans la Lettre n° 262
ROUAULT, MATISSE, correspondances.
A l'occasion du récent récolement des lettres échangées par les
deux artistes et plus tard par leurs descendants, le Musée d'Art
Moderne de la Ville de Paris nous présente des œuvres de Matisse
en regard de celles de Rouault, dont le musée possède un très grand
nombre (130 peintures, gouaches, gravures et livres), grâce au legs
du docteur Maurice Girardin à la ville de Paris en 1953, legs qui
rendit possible l'ouverture de ce musée.
L'exposition commence par des œuvres de Gustave Moreau (Le Christ
au jardin des oliviers) dont les deux artistes furent l'élève.
Rouault devint même le conservateur historique du musée Gustave
Moreau, inauguré en 1903. Ensuite est abordé le thème du «
modèle dans l'atelier » avec Nu dans l'atelier de Matisse
et les grandes aquarelles de Rouault des années fauves (A Tabarin,
l'Ivrognesse, Nu aux jarretières rouges). Puis nous passons
au thème des «pastorales» avec, en particulier, des
œuvres sur papier (Composition, nus) et de très belles céramiques
de Rouault, aux frontières de l'abstraction et le Nu couché,
un bronze remarquable de Matisse (1907).
L'exposition continue par le thème des « Grotesques »
où Rouault déploie son talent de caricaturiste (L'Agent des mœurs)
et d'illustrateur (les Réincarnations du père Ubu, 1932),
suivi du thème des « Figures » à propos desquelles Apollinaire,
plaçant Rouault dans la lignée de Daumier, écrit : « le sublime
comique se confond avec le sublime tragique ». Le thème suivant,
« Paysages, errance », nous montre plusieurs toiles
de Rouault où le peintre représente des banlieues vides, des arbres
dénudés avec de temps en temps de petits personnages, des «
laissés-pour-compte » (Les Romanichelles). En regard,
nous voyons l'Allée d'oliviers de Matisse.
Avec « Le cirque », nous comprenons mieux l'intérêt
que portaient les deux artistes à certains thèmes. Aux dix-sept
gravures du Cirque de l'Etoile filante de Rouault (Pierrot),
font face les vingt planches de Jazz, série de collages de
papiers gouachés et découpés, dont le titre initial était Le
Cirque et que nous avions déjà pu voir dans l'exposition «
Matisse, une seconde vie », au Musée du Luxembourg (Lettre
244).
Nous pouvons voir ensuite, dans son intégralité (cinquante-huit
gravures), le Miserere de Rouault (1917-1947) qui comprend
deux parties : Miserere (planches 1-33) et Guerre
(34-58) et des « pastorales chrétiennes » auxquelles
Rouault se consacra de 1930 jusqu'à la fin de sa vie, tout en se
défendant de faire de l'art sacré. L'exposition se termine avec
l'illustration, par chacun des deux artistes, des Fleurs du mal
de Baudelaire, en 1927 pour Rouault et en 1944 pour Matisse. Une
passionnante exposition, surtout pour l'œuvre de Rouault. Musée
d'Art moderne de la Ville de Paris 16e. Jusqu'au 11 février
2007. Pour
voir notre sélection de diapositives, cliquez ici.
Lien: www.mam.paris.fr.
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