« LA PASSION SELON CAROL
RAMA »
Article
publié exclusivement sur le site Internet, avec la Lettre
n° 384
du
15 juin 2015
« LA PASSION SELON CAROL RAMA ».
Née en 1918 à Turin et issue d'une famille bourgeoise catholique
traditionnelle, Carol Rama, autodidacte, est une artiste inclassable
d'où, sans doute, sa marginalisation par l'histoire de l'art. Avec
cette rétrospective, nous découvrons une artiste originale qui a
côtoyé tous les mouvements d'avant-garde du XXe siècle (surréalisme,
pop art, soft sculpture, etc.) sans y adhérer.
L'exposition adopte un parcours à la fois chronologique et thématique
permettant d'apprécier l'évolution de Carol Rama, qui oscille entre
abstraction et figuration au fil du temps. Dès ses débuts dans les
années 1930, elle prend pour sujet des objets banals de la vie courante
: prothèses, dentiers, blaireaux, rasoirs, urinoirs, car «
ces choses sont victimes de ce qu'elles sont, elles n'ont aucune
chance de changer ». De nombreuses aquarelles nous en donnent
des exemples. Elles utilisent aussi des techniques mixtes, par exemple
dans ses Bouche-aquarelle, Pénis/sein-caoutchouc ou
Œil-bricolage. Le résultat est étonnant et l'on comprend
que ces sujets excentriques et provocateurs l'aient éloignée du
grand public et de la critique autant que certaines de ses déclarations
reproduites sur des panneaux dans la présente exposition.
Il en résulte qu'en 1945, sa première exposition est censurée pour
obscénité ! Dans les années 1960, elle englue dans des textures
peintes intitulées « bricolages » par un de ses amis,
des objets trouvés ou organiques tels des yeux de verre, omniprésents
dans ses œuvres, des câbles, des fourrures, des dents, etc. Son
appartement-atelier est rempli de tels objets. Anne Dresden, la
commissaire de l'exposition, nous en donne une idée au milieu et
à la fin du parcours. Dans les années 1970, elle récupère des pneus
et des chambres à air en caoutchouc dans l'usine de son père, que
la faillite mena au suicide. Avec cela elle confectionne toutes
sortes de choses, des « images-matières », d'une facture
minimaliste. Sa dernière grande série, réalisée dans les années
2000, s'inspire de la « mucca pazza », l'épidémie de
la vache folle. Elle aussi est réalisée avec du caoutchouc. Malgré
ce parcours artistique singulier, Carol Rama a reçu le Lion d'Or
à la Biennale de Venise en 2003 et a été de nouveau invitée en 2013.
Musée d'Art moderne de la Ville de Paris 16e. Jusqu'au 12
juillet 2015 . Lien : www.mam.paris.fr.
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