EMIL
NOLDE
Article
publié dans la Lettre n° 291
EMIL NOLDE (1867-1956). Cet artiste
est l’un des représentants majeurs de l’expressionnisme allemand.
Cette exposition est la première rétrospective qui lui soit consacrée
en France, où il est peu connu du grand public. La présentation,
à la fois chronologique et thématique, aide le visiteur à bien comprendre
la vie et l’œuvre de ce peintre, à travers 90 peintures et 70 aquarelles,
gravures et dessins, venus du monde entier et en particulier de
la fondation Nolde à Seebüll, en Allemagne, où il avait son atelier.
Emil Hansen est né dans un petit village à la frontière avec le
Danemark, Nolde, dont il adoptera le nom. D’une famille de paysans,
il commencera par une formation de menuisier avant d’entrer à l’école
d’arts appliqués de Karlsruhe où il étudie les ornements et l’orfèvrerie.
Il va ensuite travailler à Berlin, dans la plus grande fabrique
de meubles, en qualité de dessinateur, et devient professeur de
dessin au musée de l’Industrie et de l’Artisanat de Saint-Gall,
en Suisse. Là il dessine les montagnes sous forme de géants. Editées
en cartes postales, les revenus de ces dessins lui permettent de
se consacrer exclusivement à la peinture.
En 1898 il part pour Munich, décidé à apprendre la peinture (il
a 31 ans !). L’académie l’ayant refusé, il s’inscrit dans des cours
privés. Déjà il veut rompre avec la peinture de son temps, largement
inspirée de l’impressionnisme, pour créer une peinture plus libre
et expressive. L’année suivante il part pour Paris où il reste neuf
mois, suivant les cours de l’académie Julian. S’il admire Goya,
Rubens, Rembrandt et aussi Daumier, ce sont surtout Van Gogh et
Gauguin qui l’inspirent.
En 1906 une de ses toiles est admise à la Sécession avec laquelle
il se brouillera en 1911 pour rejoindre la Nouvelle Sécession.
Pendant un temps il rejoindra aussi le groupe de jeunes peintres,
Die Brücke, mais c’est avant tout un peintre solitaire qui
veut imposer une peinture purement allemande. Malgré la sympathie
qu’il a au début pour le régime nazi, celui-ci le range dans les
« artistes dégénérés », c’est même l’un des plus remarqué dans l’exposition
Art dégénéré de Munich en 1937. Ses œuvres, un millier, sont
retirées des musées et autres institutions et certaines sont mêmes
brûlées. Le régime interdit à Emil Nolde de peindre. Durant toute
la guerre il fera en cachette de petites aquarelles qu’il nomme
les « images non peintes ». Après la guerre il connaît de nouveau
le succès de son vivant. Il meurt en 1956 à l’âge de 89 ans.
Son œuvre est jalonnée de différents thèmes. Parmi ceux-ci, bien
représentés dans l’exposition, nous avons les tableaux religieux
avec, entre autres, le fameux polyptique La Vie du Christ (1911-1912),
dont il obtint la restitution. Nous avons aussi des scènes de la
vie nocturne de Berlin, où il fréquentait les cabarets avec sa femme
Ada (Slovènes, Au café). Admirateur de Gauguin, il réussit
à participer à une expédition scientifique de 1913 à 1914 qui le
conduit au cours d’un long périple jusqu’en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Il est bouleversé par les gens qu’il rencontre et qu’il perçoit
comme le symbole de l’homme simple et authentique (Famille papoue,
Jeune indigène au collier). Il en sera marqué à vie, comme Gauguin.
Nolde peint aussi les gens (Paysans, A l’auberge du village)
et les paysages (Crépuscule, Mer d’automne) de son pays.
Il aime aussi la fantaisie, comme les montagnes en forme de géants
de ses débuts ou la série d’aquarelles Fantasien (Animal et femme).
C’est donc une exposition, très riche, passionnante, qui nous fait
découvrir un très grand peintre, à la palette audacieuse et riche
en couleurs éclatantes. Grand Palais 8e. Jusqu’au 19 janvier
2009, puis à Montpellier du 7 février au 24 mai. Pour
voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien
: www.rmn.fr.
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