LE MYSTERE ET L'ECLAT
Pastels au musée d'Orsay

Article publié dans la Lettre n°290 du 17 novembre 2008



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LE MYSTERE ET L’ECLAT. Pastels au musée d’Orsay. Pour la première fois le musée d’Orsay présente 118 chefs-d’œuvre sélectionnés dans sa collection de plus de 300 pastels. La première salle nous rappelle ce qu’est cette « paste faite de plusieurs couleurs gommées ou broyées ensemble ou séparément dont on fait toutes sortes de crayons pour peindre sur le papier ou le parchemin » selon la définition d’Antoine Furetière (1690). D’une trentaine de couleurs au XVIIIe siècle on est arrivé, avec les colorants synthétiques, à plus d’un millier de nos jours. Une boîte complète est véritablement impressionnante. Apparu au XVe siècle en France et en Italie, le pastel relève des techniques du dessin avant de s’imposer en tant que tel. Ainsi, à la fin du XVIIe siècle, le portraitiste Nicolas Dumonstier est reçu à l’Académie royale comme « peintre au pastel ». La Vénitienne Rosalba Carriera rencontre un immense succès avec ses portraits au pastel. Aristocrates et bourgeois sont fascinés de se retrouver si fidèlement saisis sur le vif. Il faut dire que cette technique délicate est d’une facilité particulière, permettant de rendre tous les effets, de suspendre son travail et de le retoucher à volonté. Chardin, Quentin de la Tour lui donnent ses lettres de noblesse. Délaissé après la Révolution française (le pastel ne se prête pas aux grandes toiles héroïques de David !), il revient en force dans la deuxième moitié du XIXe siècle. C’est là que nous le retrouvons.
Voici d’abord Millet et ses paysans idéalisés, suivi de Puvis de Chavannes, Léon Lhermitte et quelques autres, qui utilisent le pastel pour des sujets moins « gracieux » que ceux traités à leur époque avec cette technique. Après ces « réalismes », toute une salle est consacrée à Manet, conquis par les pastels de Degas à la troisième exposition impressionniste de 1877. Parmi ses plus célèbres pastels, on peut voir Le Tub et Madame Manet au canapé bleu. Cet artiste aimait cette technique qui lui apportait la « société de femmes agréables qui venaient poser » quand la maladie lui empêchait de faire de grandes compositions peintes.
La salle suivante est consacrée aux impressionnistes avec des pastels de Boudin (à qui Corot disait : « Boudin, vous êtes le roi des ciels »), Caillebotte, Monet, Pissarro ou encore l’américaine si sensible Mary Cassatt. A Degas, qui a peint plus de 700 pastels, deux salles sont dédiées. L’on y voit ses célèbres sujets d’opéra avec ses danseuses, « prétexte, disait-il, à peindre de jolies étoffes et à rendre le mouvement ». On y voit aussi d’autres thèmes comme des femmes à leur toilette ou encore La Repasseuse. Après une salle consacrée au naturalisme, dont les peintres communient dans le culte de la nature et du vraisemblable, et une autre aux portraits mondains, nous arrivons dans la section dédiée au symbolisme. Là les peintres aspirent à exprimer leurs sentiments (alors que les impressionnistes cherchent à traduire leurs sensations) à travers les sujets mythologiques tel le monumental Les Tireurs à l’arc de George Desvallières, ou les paysages, dont la peinture est le fruit de l’imagination des artistes ou encore les « belles alanguies », portraits de femmes anonymes et insaisissables.
Les deux dernières salles mettent en lumière les pastels de Lucien Levy-Dhurmer, inspiré par le rêve, la musique ou les paysages et surtout ceux d’Odilon Redon, dont l’univers est pénétré d’intense spiritualité et qui « est à l’origine, d’après Maurice Denis en 1912, de toutes les innovations ou rénovations esthétiques auxquelles nous avons depuis lors assisté ». Cette exposition est à l’image de ce qu’elle présente, délicate et sensible. Un vrai bonheur. Musée d’Orsay 7e. Jusqu’au 1er février 2009. Lien : www.musee-orsay.fr.


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