EDVARD MUNCH OU « L'ANTI-CRI »

Article publié dans la Lettre n° 314


EDVARD MUNCH OU « L’ANTI-CRI ». Continuant de sortir des sentiers battus, la Pinacothèque de Paris présente une rétrospective originale d’un peintre considéré dans son pays, la Norvège, comme le peintre le plus important de tous les temps (!). Parmi les originalités de cette exposition, la principale est l’absence du seul tableau de Munch connu du grand public, Le Cri, et le recours aux seules œuvres appartenant à des collectionneurs privés. L’accent est également mis sur les multiples facettes de cet artiste hors du commun. Né en 1863 et mort en 1944, Munch est à la croisée de tous les mouvements avant-gardistes. Il s’intéresse non seulement à la peinture mais aussi à la gravure, la sculpture, le dessin, les collages, la photographie, le cinéma et n’hésite pas à mélanger les techniques et les supports. Pour Marc Restellini, directeur de la Pinacothèque de Paris, Munch « s’inscrit dans la lignée de William Turner et de Gustave Courbet, il est le chaînon manquant entre les artistes tels que Pablo Picasso, Georges Braque, Jean Dubuffet et Jackson Pollock dans l’histoire du modernisme ».
Plus de cent soixante-dix œuvres sont présentées tout au long d’un parcours en cinq étapes chronologiques. On commence tout naturellement par « 1880-1892 : Les Débuts » où Munch se situe quelque part entre le naturalisme, l’impressionnisme et le symbolisme, utilisant le matériel et la technique de manière non conventionnelle. La Femme au chapeau rouge sur le Fjord (1891) en est une magnifique illustration.
Suit la période « 1892-1897 : Berlin et Paris » avec la présentation d’une trentaine de gravures, dessins, lithographies, etc. Munch fit scandale en exposant à Berlin en 1892 des œuvres considérées par la presse comme de « grandes esquisses » ou du « matériel d’étude », ce qui contribua à sa notoriété ! Citons son Portrait d’August Strindberg (1893) et ses variations sur les thèmes de L’enfant malade, la Madone ou la Jalousie.
Vient ensuite la période « 1898-1908 : La rupture » où après son séjour à Paris (1896-1897), Munch utilise la couleur, les lignes, la surface d’une manière plutôt décorative, sans véritable recherche de réalisme, comme le montre sa toile Vêtements étendus à Asgardstrand (1902). Nous voyons également de nombreuses lithographies telles celles qu’il fit pour la maison du docteur Max Linde (1902) et son illustration de l’histoire d’Alpha et Omega (1908-1909).
Durant la période suivante « 1909-1919 : L’Avant-garde », Munch est rentré en Norvège et a installé son atelier dans une petite ville côtière, à Kragero. Là il fait subir à ses peintures un « traitement de cheval » en les exposant aux intempéries qui deviennent ainsi un moyen artistique pour exprimer le vieillissement et la dégradation. Dans le même temps il poursuit ses recherches sur la problématique du mouvement, si difficile à rendre tant en photographie qu’en peinture. Cette période est illustrée par des œuvres variées faisant appel à toutes les techniques comme cette Alma Mater (1914), une lithographie coloriée à la main.
L’exposition se termine par une cinquième période « 1920-1944 : L’Œuvre tardive » où l’on voit surtout des portraits, y compris un Autoportrait à la bouteille de vin (1926) et des sujets proches de sa nouvelle propriété d’Ekely. Une exposition étonnante et passionnante. Pinacothèque de Paris 8e. Jusqu’au 8 août 2010, puis à la Kunsthal de Rotterdam à partir de septembre 2010. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.pinacotheque.com.


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