« MODERNISME OU MODERNITÉ
Les photographes du cercle de
Gustave Le Gray »


Article publié exclusivement sur Internet avec la Lettre n° 346
du 19 novembre 2012


MODERNISME OU MODERNITÉ. Les photographes du cercle de Gustave Le Gray. La Maison Européenne de la Photographie et le Petit Palais nous offrent, dans le cadre du Mois de la Photo, cette remarquable exposition. La scénographie déroule les onze sections en un parcours harmonieux, masquant les angles droits pour créer un cheminement où le visiteur apprend tout d'abord, les uns après les autres, les thématiques de Gustave Le Gray, avant de pouvoir se rendre, sans ordre préétabli, dans les « ateliers » des cinq élèves les plus connus du maître.
C'est à la fin des années 1840 qu'apparaissent les premiers procédés permettant de faire des images sur papier à partir d'un négatif, supplantant le fameux Daguerréotype (1839). Comme beaucoup, Gustave le Gray (1820-1884) s'intéresse au procédé et surtout à ce qu'il peut en faire. En 1849 il installe son atelier dans une grande maison regardant le mur des fermiers généraux et la barrière de Clichy (aujourd'hui place Clichy). Le « photographiste », comme il se désigne, y donne des cours, qui sont rétribués, à des amateurs avides de mieux maîtriser la nouvelle technique du négatif papier. Jusqu'à la fin des années 1850, une cinquantaine au moins d'hommes et de femmes aux profils divers (artistes, peintres, archéologues, banquiers, aristocrates et voyageurs) se pressent dans son atelier. Ils forment l'Ecole de Le Gray, objet de la présente exposition.
L'enseignement porte sur les techniques complexes de la photographie où il ne faut pas avoir peur dans le laboratoire de se noircir les mains au nitrate d'argent. Mais il est aussi artistique et, avec le recul historique, on distingue les caractéristiques des photos du cercle de Gustave Le Gray, dont l'esthétique est en rupture avec l'enseignement des Beaux-Arts et ébauche, avec plus de 70 ans d'avance, le mouvement moderniste de l'entre-deux-guerres.
Les grandes lignes de ce langage sont « un goût pour la construction géométrique, l'abandon d'une symétrie convenue, l'utilisation à contretemps de la vue horizontale et verticale, une prédilection pour le fragment qui peut toucher aux lisières de l'abstraction ».
« Le soin obsessionnel apporté aux tirages par les auteurs des campagnes les plus reculées combiné aux choix des motifs les plus surprenants, donnent des épreuves définitivement étrangères au monde académique et ouvrent des perspectives nouvelles aux usagers de l'art».
Après une introduction avec quelques photos du maître, qui s'intéressa à des domaines aussi différents que l'architecture, le paysage, l'événement, le nu ou le portrait, et des photos prises par ses élèves autour de l'atelier (barrière de Clichy), l'exposition aborde différentes thématiques chères à Le Gray dont celle de la série, à savoir la multiplication des images autour d'un même sujet.
L'exposition se termine par la présentation des photos de Charles Nègre (1820-1880), d'Alphonse Delaunay (1827-1906), de John Beasley Greene (1832-1856), d'Henri Le Secq (1818-1882) et d'Adrien Tournachon (1825-1903) dont de nombreuses photographies furent attribuées à son frère aîné, Félix Nadar, le photographe le plus connu du dix-neuvième siècle. Une exposition passionnante montrant plus de 160 photographies et, redisons-le, très bien présentée, avec des pancartes multilingues très explicites et des cartels très lisibles. Petit Palais 8e. Jusqu'au 6 janvier 2013. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien: www.petitpalais.paris.fr.


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