LA MODE RETROUVÉE
Les robes trésors de la comtesse Greffulhe

Article publié dans la Lettre n° 391
le 18 janvier 2016


 
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.

LA MODE RETROUVÉE. Les robes trésors de la comtesse Greffulhe. C’est la première fois que le Palais Galliera expose la garde-robe d’exception de la comtesse Greffulhe (1860-1952). Elisabeth de Riquet de Caraman-Chimay a pour parent Marie de Montesquiou et le Prince Joseph de Chimay, descendant tous deux de vieilles noblesses belge et française, prestigieuses mais totalement ruinées. Ceux-ci donnent à leurs enfants une éducation consacrée à la musique et à la culture, inhabituelle à cette époque. Heureusement, grâce à sa beauté, Elisabeth épouse en 1878 le richissime vicomte Henri Greffulhe qui ne se soucie pas de dot, mais aimera « montrer » sa femme dans les lieux mondains. Néanmoins, délaissée par son mari qui lui préfère ses maîtresses et la chasse, elle arrive à se faire une place dans le monde en ouvrant un salon où se côtoient politiciens de tous bords mais aussi artistes et écrivains. Avec l’aide de son jeune oncle et grand admirateur Robert de Montesquiou, elle organise de grands concerts publics, tel Le Messie de Haendel, lui permettant de lever des fonds pour des œuvres caritatives, et crée la Société des grandes auditions musicales de France destinée à promouvoir les œuvres peu connues des musiciens français. Elle devient ainsi « productrice de spectacles » avant la lettre, en promouvant Tristan et Isolde, Le Crépuscule des dieux, les ballets russes de Diaghilev, Isadora Duncan, etc. En politique, elle soutient le capitaine Dreyfus, Léon Blum, le Front populaire, la République. Elle s’intéresse aussi à la science et permet à Albert Branly de continuer ses recherches sur la téléphonie sans fil et à Pierre et Marie Curie de créer l’Institut du Radium en 1909.
Cette femme hors du commun sait aussi se faire remarquer dans la société. Ses toilettes sont des évènements et, au lieu de suivre la mode, elle la crée. Après s’être fait montrer par un couturier tout ce qui se fait, elle part en lui disant « Faites-moi tout ce que vous voudrez… qui ne soit pas ça ! ». Ses robes extravagantes comme cette « Robe aux lys » dont la griffe a disparu, ses vêtements spectaculaires comme cette « Cape russe » faite à partir d’un riche manteau offert par le tsar Nicolas II, sont décrits dans les journaux, sans que soit mentionné qui les a faits. Marcel Proust, ébloui par cette femme, la prend pour modèle pour la Duchesse de Guermantes dans Á la Recherche du temps perdu. Ses couturiers favoris sont Worth, Fortuny, Babani, les Sœurs Callot, Lanvin, à qui elle décrit ce qu’elle veut. La présente exposition nous montre une cinquantaine de modèles, manteaux, tenues d’intérieur, robes de jour et du soir, accompagnés d’accessoires, de portraits, de photographies et de films. Un enchantement. Palais Galliera 16e. Jusqu’au 20 mars 2016.
Lien : www.palaisgalliera.paris.fr


Retour à l'index des expositions

Page d'accueil de « Spectacles Sélection »