LE MAROC MEDIEVAL
Un empire de l’Afrique à l’Espagne

Article publié dans la Lettre n° 376
le 29 décembre 2014

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LE MAROC MEDIEVAL. Un empire de l’Afrique à l’Espagne. Avec quelque trois cents objets, cette exposition nous donne un aperçu très complet des arts du Maroc du IXe au XVe siècle, période qui connaît un véritable apogée de l’Occident islamique. Le parcours est chronologique et les objets proviennent d’un grand nombre de musées marocains et d’institutions du monde entier. Malgré tout nous avons parfois une impression de vide, soit parce que ces objets sont de petites dimensions, soit parce qu’il ne s’agit que de fragments architecturaux. Il ne faut pas oublier que les différentes dynasties qui se sont succédé au Maroc, avant d’être de grandes bâtisseuses étaient d’abord de grandes destructrices !
Le premier royaume est celui des Idrissides (788-927), fondé par le conquérant arabe Idris Ier, descendant du prophète, qui s’installe dans l’ancienne colonie romaine de Volubilis avant de fonder Fès, capitale spirituelle et culturelle du Maroc jusqu’à nos jours. Aux Idrissides succèdent trois dynasties fondées par des tribus berbères, habitants traditionnels de la région.
La première, celle des Almoravides (1049-1147), venue des franges nord de la Mauritanie, est portée par une volonté de réforme religieuse qui sera incarnée par Ibn Tumart, fondateur du mouvement almohade en 1121. Les Almoravides s’emparent d’une grande partie de la péninsule ibérique et créent le premier empire entre Afrique et Espagne avec une nouvelle capitale, Marrakech, fondée vers 1070. Néanmoins ils continuent d’embellir la mosquée al-Qarawiyyin de Fès et encouragent la production d’objets de luxe que l’on retrouve dans toute l’Europe comme cette chasuble de Saint Exupère de la basilique Saint-Sernin de Toulouse.
Poussés par des chefs spirituels comme Ibn Tumart, qui se proclame guide suprême, les Almohades (1147-1269) succèdent aux Almoravides, étendent leur empire jusqu’à la Lybie actuelle et imposent à tous leur dogme. Leur empire s’articule autour de trois capitales, Marrakech, Séville et Rabat, qu’ils fondent en commémoration de leur effort de djihad en péninsule ibérique. C’est à leur époque que la calligraphie occupe une place inédite. Les revers militaires subis en Andalousie, mettent fin à cette dynastie et à cet empire. Dans ce qui deviendra le Maroc d’aujourd’hui, la tribu berbère des Mérinides s’empare de Marrakech et fonde la dynastie qui porte son nom. Les Mérinides (1269-1465) font du sunnite malikite la foi officielle, choisissent Fès, cénacle religieux depuis les Idrissides, comme capitale et entretiennent des relations tant avec les royaumes musulmans que chrétiens (France, Aragon). L’arrivée de la Peste noire à l’est et l’avancée des chrétiens au nord mettent fin à leur dynastie.
Parmi toutes les pièces qui illustrent cette période, certaines sont tout à fait spectaculaires. Nous avons déjà mentionné la chasuble de soie dite « suaire de Saint Exupère » (1ère moitié du XIIe siècle), exceptionnellement reconstituée ici car des morceaux se trouvent dans différents musées. Le grand lustre-cloche almohade de la mosquée al-Qarawiyyin de Fès retient notre attention dès l’entrée de l’exposition par ses dimensions spectaculaires : 2,35 mètres de haut, sans la hampe, et 2,10 de diamètre. Avant d’être électrifié il possédait 520 godets à huile. Deux minbars attirent nos regards par leurs dimensions. Le premier (980-985), provient de la mosquée des Andalous de Fès. Le second (1350-1355), dont la décoration est extraordinaire, provient de la madrasa (école coranique) Bu’inaniya de Fès. Parmi les autres pièces, mentionnons des frises, tant sur bois que sur pierre, des panneaux de zellige, des chapiteaux, toutes sortes d’objets en céramique, des astrolabes, des lampes, des coffrets, des corans et d’autres livres, des monnaies, etc. Une exposition qui complète ainsi, durant quelques mois, le département des Arts de l’Islam, ouvert en 2012. Musée du Louvre 1er. Jusqu’au 19 janvier 2015. Lien : www.louvre.fr.


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