Parcours en images et en vidéos de l'exposition
MARCEL PROUST
UN ROMAN PARISIEN
avec des visuels
mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue
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Cour du musée Carnavalet |
L’année 2021 correspond au 150e anniversaire de la naissance de Marcel Proust (1871-1922) et offre au musée Carnavalet – Histoire de Paris, qui conserve la chambre de l’écrivain, l’occasion de commémorer cet événement en approfondissant les liens qui unissent Marcel Proust à Paris et la place de la ville dans son oeuvre majeure, À la recherche du temps perdu.
Paris forme le cadre quasi exclusif de la vie de Marcel Proust. Hors Illiers, berceau de la famille paternelle, les séjours en Bretagne et à Cabourg, quelques voyages à Venise et en Hollande, les 51 ans de l’existence de l’écrivain se déroulent sur la rive droite de la ville. Un espace, façonné par les transformations haussmanniennes et habité par l’aristocratie et la grande bourgeoisie, dont la dimension est décisive dans l’éveil de la vocation littéraire de Marcel Proust.
Au coeur du parcours de cette exposition, l’évocation de la chambre de Marcel Proust offre – grâce à un dispositif inédit – une plongée immersive dans l’univers de l’écrivain. Les éléments de mobiliers et les objets qui la composent permettent de matérialiser l’espace de création et de rendre
compte de la genèse de l’oeuvre.
La seconde partie de l’exposition ouvre sur le Paris fictionnel suggéré par Marcel Proust. En suivant l’architecture du roman et au travers de lieux parisiens emblématiques, elle propose un voyage dans l’œuvre, et s’attache aux itinéraires parisiens des principaux protagonistes du roman. La capitale, poétisée par le récit, est le cadre de la quête du narrateur, double de l’auteur, jusqu’à la révélation finale de sa vocation d’écrivain.
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Texte du panneau didactique. |
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Entrée de l'exposition. Photo Pierre Antoine. |
1 - « Cet Auteuil de mon enfance »
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Scénographie
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« Cet Auteuil de mon enfance »
Marcel Proust naît le 10 juillet 1871 au 96, rue La Fontaine, dans le 16e
arrondissement. Située dans l’ancien village d’Auteuil, rattaché à Paris en 1860, la villégiature d’été du grand-oncle maternel Louis Weil offre à Adrien et Jeanne Proust, ses parents, un refuge au moment des événements
de la Commune.
Le couple est issu de familles athées et de tradition républicaine. La mère est issue d’une lignée de commerçants juifs, les Weil, qui habitaient le 10e arrondissement depuis leur arrivée d’Alsace au début du XIXe siècle. Le père de Marcel provient d’une famille d’épiciers d’Illiers, un village situé à 25 kilomètres de Chartres.
Après leur mariage en 1870, le ménage s’installe 8, rue Roy dans le 8e arrondissement. Ce quartier de la rive droite, prisé des classes fortunées et habité par de nombreux médecins, offre à la bourgeoisie la possibilité d’incarner dans la pierre sa réussite matérielle et sociale. C’est là que
Marcel Proust a vécu jusqu’en 1919.
Son enfance a pour cadre le Paris transformé par le préfet de la Seine Haussmann et ses successeurs à partir du règne de l’empereur Napoléon III, harmonie d’espaces verts et d’immeubles cossus, contrastant avec les ruines encore visibles des incendies de 1871. |
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Texte du panneau didactique. |
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François Flamand (actif à Paris à la fin du XVIIIe siècle). La Porte Saint-Denis en 1799, 1799. Aquarelle sur traits de plume et encre noire, rehauts de gouache et mise au carreau à la mine graphite sur papier. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Scénographie |
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- Manufacture Baruch-Weil. Grande cafetière oviforme, avant 1827. Porcelaine. Sèvres, Musée national de céramique.
- Manufacture Baruch-Weil. Assiette blanche, avant 1827. Porcelaine. Sèvres, Musée national de céramique.
- Manufacture Baruch-Weil. Tasse à chocolat, avant 1827. Porcelaine. Sèvres, Musée national de céramique.
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Jacques-Émile Blanche (Paris, 1861-Offranville, 1942). Le Parterre de myosotis. Atelier de Jacques-Émile Blanche à Auteuil avant sa transformation en hôtel particulier, vers 1890. Huile sur toile. Paris, collection Stéphane-Jacques Addade.
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2 - « L’un des quartiers les plus laids de la ville »
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Scénographie
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« L’un des quartiers les plus laids de la ville »
En 1873, à la naissance de leur fils cadet, Robert, les Proust s’installent 9, boulevard Malesherbes près de l’église de la Madeleine, un quartier qui inspire à Marcel une aversion certaine.
Son enfance puis son adolescence ont pour cadre les jardins des Champs-Élysées et le lycée Condorcet d’où Proust sortira bachelier en 1889. Sa formation esthétique se nourrit de visites au musée du Louvre et de sorties au spectacle. C’est aussi l’époque où le jeune Proust fait l’expérience des premiers sentiments amoureux et découvre son homosexualité.
Se soumettant aux injonctions paternelles, Marcel s’inscrit à l’Institut de sciences politiques ainsi qu’à la Sorbonne en licence de philosophie. Reçu au concours d’attaché non rémunéré à la bibliothèque Mazarine, il renonce à ce poste pour se consacrer à une vie mondaine intense et à ses
premiers travaux d’écriture.
Par le biais de ses amitiés de collège, Marcel Proust accède aux salons bourgeois puis, par le jeu des présentations, aux cercles littéraires et artistiques parisiens. La rencontre de Robert de Montesquiou lui donne accès aux milieux aristocratiques des beaux quartiers de la rive droite : le faubourg Saint-Honoré et la plaine Monceau.
Avant 30 ans, Proust a fait l’expérience d’émotions et de situations qui nourrissent Les Plaisirs et les Jours, son premier livre, et Jean Santeuil, roman abandonné en 1899, dont il écrira : « Ce livre n’a pas été fait, il a été récolté ». |
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Texte du panneau didactique. |
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Paul Tournachon, dit Paul Nadar (Paris, 1856-id., 1939). Marcel Proust à 15 ans, 24 mars 1887. Retirage d’après un négatif sur verre. Charenton-le-Pont, Médiathèque de l'architecture et du patrimoine. |
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Anaïs Beauvais. Madame Adrien Proust, 1880. CCØ Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris. Dépôt de la Maison de Tante Léonie - Musée Marcel Proust. |
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Laure Brouardel (Fontainebleau, 1852-?, 1936). Le Docteur Adrien Proust [1834-1903], 1897. Huile sur bois. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Scénographie. Photo Pierre Antoine. |
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Camille Pissarro. L’avenue de l’Opéra, 1898. © Reims, Musée des Beaux-Arts / Christian Devleeschauwer. |
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Jean Béraud. La sortie du lycée Condorcet, vers 1903. CCØ Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Jean Béraud (Saint-Pétersbourg, 1849-Paris, 1935). La Colonne Morris, angle de la rue Laffitte et du boulevard des Italiens, vers 1885. Huile sur bois. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Anonyme. Marcel Proust et ses amis au tennis du boulevard Bineau (au centre Jeanne Pouquet), 1892. © Bibliothèque nationale de France, Paris. |
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Scénographie. Photo Pierre Antoine. |
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Victor Duval (Paris, 1795-Saint-Mandé, 1889). Vue de la Grande Galerie du musée du Louvre, vers 1880. Huile sur toile. Paris, musée du Louvre. |
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Alexandre Jean-Baptiste Brun (Marseille, 1853-id., 1941). Vue du salon Carré au Louvre, vers 1880. Huile sur bois. Paris, musée du Louvre. |
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Henri Gervex (Paris, 1852-id.. 1929). Le Bal de l'Opéra, 1886. Huile sur toile. Paris, musée d'Orsay. |
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Anonyme. Enfin ! Paulus rentre ce soir à l'Alcazar d’Été, entre 1882 et 1888. Lithographie en couleur. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Scénographie |
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Antonio Henri Pierre de La Gandara (Paris, 1861-id., 1917). Portrait de Jean Lorrain [1855-1906], écrivain, vers 1900. Huile sur toile. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Félix Bertrand (actif à la fin du XIXe siècle). Madeleine Lemaire peignant dans son atelier, sans date. Huile sur toile. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Pierre Georges Jeanniot (Plainpalais, Suisse, 1848-Paris, 1934). Une chanson de Gibert dans le salon de madame Madeleine Lemaire, 1891. Huile sur toile. Dépôt du Centre national des arts plastiques, Roubaix, musée La Piscine. |
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Scénographie |
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Issue d’une famille de haute noblesse cosmopolite, Marie de Bénardaky joue presque tous les jours avec Marcel Proust aux Champs-Elysées. Plus tard, Proust évoquera Marie comme « le grand amour de sa jeunesse, pour qui il a voulu se tuer », les parents des jeunes gens s'étant opposés à cette relation.
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Jeanne Magdelaine Colle, dite Madeleine Lemaire (Les Arcs, 1845-Paris, 1928). Portrait de Gabrielle Réjane en pied, sans date. Aquarelle sur traits de mine graphite sur papier. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris.
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Otto Wegener. Portrait de Marcel Proust, 1895. Collection J. Polge. © Jean-Louis Losi / Adagp, Paris 2021. |
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Jacques-Emile Blanche (1861-1942). Portrait de Marcel Proust, 1892. Huile sur toile. Musée d’Orsay. © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski. |
3 - « Les vrais paradis sont les paradis qu’on a perdus »
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Scénographie
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« Les vrais paradis
sont les paradis
qu’on a perdus »
Autour de 1900, Marcel Proust rédige ponctuellement pour Le Figaro des chroniques sur les soirées élégantes auxquelles il assiste. Il organise dans le luxueux appartement de ses parents, 45, rue de Courcelles, à proximité du parc Monceau, des dîners où se mêlent artistes
et aristocrates. C’est avec acuité qu’il exerce son sens de l’observation au contact d’un monde où il est reçu.
À cette époque, Proust découvre l’œuvre du critique d’art John Ruskin, qui nourrit sa réflexion sur le rôle de l’artiste, la symbolique de l’architecture gothique, ou encore la prédominance de la sensation sur la réflexion. Sous son influence, il accomplit plusieurs voyages à Venise et traduit
avec l’aide de sa mère deux ouvrages du théoricien anglais, la Bible d’Amiens et Sésame et les lys.
Ces années vont être endeuillées par la mort brutale de son père en 1903, puis de sa mère en 1905, dont de rares photographies sont ici montrées. Brisé, Proust, dont la santé vacille, se réfugie dans la clinique du docteur Sollier à Boulogne puis à l’Hôtel des Réservoirs à Versailles. Contraint de quitter le domicile familial, il emménage dans l’ancien appartement de son oncle Louis, 102, boulevard Haussmann.
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La visite à Paris du roi Théodose, souverain
d'un royaume imaginaire dans la Recherche, évoque celle que fit, en octobre 1896, le tsar Nicolas II pour consolider l'alliance franco-russe. Dans le roman, la visite du souverain est l'occasion d'une effervescence mondaine à laquelle participent Charles et Odette
Swann mais offre surtout au personnage
de diplomate incarné par M. de Norpois une occasion de se mettre en valeur.
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Texte du panneau didactique. |
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Luigi Loir (Gorizia, ancien empire d'Autriche, 1845-Paris, 1916). Visite des souverains russes à Paris en 1896, illumination des Grands Boulevards, vers 1896. Gouache et encre noire, rehauts de gouache blanche sur papier. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Anonyme. Madame Adrien Proust chez elle, 9 boulevard Malesherbes, 1892. © São Paulo, collection Pedro Corrêa do Lago. |
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Anonyme. Le Docteur Robert Proust et Adrien Proust sur le balcon de leur appartement de la rue de Courcelles, entre 1900-1903. © São Paulo, collection Pedro Corrêa do Lago. |
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Émile Zola (Paris, 1840-id., 1902). Autoportrait, entre 1895 et 1900. Tirage gélatino-argentique. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Jules Malteste, dit Louis Malteste (Chartres, 1862 - Paris, 1928), et Le Monde illustré, éditions. À La cour d'assises, le procès Zola, Maître Labori développant ses conclusions. Le Monde illustré, 12 février 1898, 1898. Reproduction photomécanique en noir et blanc. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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René-Xavier Prinet (1861-1946). Le Balcon, 1905-1906. Huile sur toile. © Caen, musée des Beaux-Arts / Patricia Touzard. |
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Joseph-Raymond Fournier-Sarlovèze (Moulins, 1836-Paris, 1916) et Lemercier, imprimeur. Le Bal costumé en 1891 dédié à Madame la princesse de Léon, 1891. Chromolithographie. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Paul Tournachon, dit Paul Nadar (Paris, 1856-id., 1939). La Comtesse Greffulhe portant La « robe aux lys », créée par La maison Worth, 1896. Photographie. Paris, collection particulière.
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Félix Élie Régamey (Paris, 1844-Juan-les-Pins, 1907). Le Salon de la duchesse de Doudeauville, sans date. Lavis d'encre brune sur traits à la mine graphite et rehauts de gouache blanche sur papier. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris.
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4 - « Le seul que j’ai pu trouver que Maman connaissait »
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Scénographie
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« Le seul que j’ai pu trouver
que Maman connaissait »
Lorsqu’il s’installe 102, boulevard Haussmann dans le 8e arrondissement, dans un appartement qu’il choisit car sa mère s’y rendait, c’est avec déplaisir que Proust retrouve le quartier de son enfance. L’écrivain souffre d’incessantes crises d’asthme et ne quitte la ville que l’été pour rejoindre Cabourg et la Normandie.
Peu à peu, il n'abandonne plus sa chambre capitonnée de liège que la nuit. Comme au temps de sa jeunesse, où il retrouvait ses amis chez Weber, il dîne tardivement chez Larue, rue Royale, ou au Ritz, place Vendôme, où il obtient du premier maître d’hôtel de précieux renseignements sur la
société élégante.
En 1908, Proust entreprend plusieurs projets littéraires. C’est en commençant un essai sur le poète et critique romantique Sainte-Beuve qu’il s'oriente progressivement vers la forme romanesque. En 1913, après avoir essuyé plusieurs refus, il publie à compte d’auteur chez Grasset Le
Temps perdu, premier volume des Intermittences du coeur, qui deviendra Du côté de chez Swann et À l’ombre des jeunes filles en fleurs.
Le 3 août 1914, la déclaration de guerre suspend la publication du deuxième volume qui paraîtra en 1919, chez Gallimard, devenu en 1916 l’éditeur de La recherche. En raison de son état de santé, Proust est réformé. Son valet de chambre, Nicolas Cottin, mobilisé, il prend à son service Céleste Albaret, la jeune épouse d’Odilon, son chauffeur attitré. Tout en donnant à son oeuvre la forme qu’on lui connaît aujourd’hui, Proust lit sept journaux chaque jour, suit le conflit sur une carte d’état-major, et apprend la mort au front de nombre de ses amis.
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Texte du panneau didactique. |
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Anonyme. Théâtrophone et sa paire d'écouteurs. Sans date. Bois, métal, coton. Soisy-sous-Montmorency, collection historique Orange. |
Chauffeur des Taximètres automobiles de Monaco, Alfred Agostinelli conduit Proust visiter les églises normandes en 1907. En mars 1913, l'écrivain l'engage comme secrétaire et, à partir de 1914, le loge chez lui avec Anna, sa compagne. Fasciné, comme Proust, par les exploits des pionniers de l'aviation, Agostinelli quitte son emploi et meurt dans un accident d'avion au large d'Antibes. Cet épisode inspire notamment à Proust La Prisonnière et Albertine disparue.
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Pierre Gatier (Toulon, 1878-Joigny, 1944). Le Vainqueur de l'air. Blériot, 1909. Eau-forte et aquatinte. Tirage en bistre à un nombre inconnu d'épreuves. Paris, collection Félix Gatier. |
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Panneau avec un extrait du Journal intermittent de Colette, Paris, le Fleuron, 1949. |
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Scénographie. Photo Pierre Antoine. |
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Jean Béraud (Saint-Pétersbourg, 1849-Paris, 1935). Drapeau allemand porté aux Invalides, vers 1914. Huile sur carton. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Pablo Picasso (Málaga, Espagne, 1881 - Mougins, 1973) et Maurice de Brunoff, éditeur (Paris). Programme des Ballets russes au théâtre du Châtelet, costume de Chinois du ballet « Parade », 1917. Impression photomécanique en couleur. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Lev Samoïlovitch Rosenberg, dit Léon Bakst (Hrodna, Biélorussie, 1866-Rueil-Malmaison. 1924). Projet de costume pour La Danse sacrée du Dieu bleu, 1912. Aquarelle, mine graphite, rehauts de peinture or sur papier. Paris, Centre Pompidou. |
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Jacques-Émile Blanche (Paris, 1861-Offranville, 1942). Étude pour le portrait de Jean Cocteau, 1912. Huile sur toile. Rouen, Réunion des Musées métropolitains Rouen Normandie, musée des Beaux-Arts. |
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Scénographie. Photo Pierre Antoine. |
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Anonyme. Hôtel Ritz, place Vendôme, Paris. Le plus artistique des restaurants. Rendez-vous de l’Élite de la société parisienne et étrangère, 1901. Placard publicitaire. © Bibliothèque nationale de France, Paris. |
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Jean-Louis Armand Henri Gerbault, dit Henry Gerbault (Châtenay-Malabry, 1863-Roscoff, 1930) et Gillot, imprimeur (Paris). Menu du restaurant Larue, après 1885. Impression photomécanique. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Séeberger Frères : Jules (1872-1932), Louis (1874-1946) et Henri (1876-1956). Vue du boulevard Haussmann pendant la crue, 8e arrondissement, XXe siècle. Photographie. Paris, musée Carnavalet - Histoire de la Ville de Paris. |
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Marcel Eugène Louveau-Rouveyre (Paris, 1881-?, 1949). Avenue de la Grande Armée après un bombardement le 10 février 1918, 1918. Plume et encre brune, fusain, crayon de couleur bleu et aquarelle sur papier. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
5 - « Le mot fin »
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Scénographie
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« Le mot fin »
Après la vente du 102, boulevard Haussmann à la banque Varin-Bernier, Proust trouve refuge dans le 16e arrondissement. D’abord, 8 bis, rue Laurent-Pichat dans un appartement appartenant à son amie l’actrice Réjane, à proximité du bois de Boulogne, puis quelques mois plus tard,
44, rue Hamelin.
Malgré le trouble que créent ces déménagements, Proust a la satisfaction de voir publier chez Gallimard quatre volumes de son roman : Du côté de chez Swann, dont l’un des manuscrits est ici exposé, À l’ombre des jeunes filles en fleurs, Le Côté de Guermantes et Sodome et Gomorrhe.
Le deuxième volume de son cycle romanesque obtient en septembre 1919 le prix Goncourt, devant Les Croix de bois de Roland Dorgelès, grâce au soutien de Léon Daudet.
Bien que sa santé se détériore, Proust, dont la vie sociale et artistique nourrit l’œuvre, continue de se rendre au Ritz, au théâtre et à l’Opéra, « pour voir la façon dont les gens vieillissent ». Au mois de mai 1921, il visite une exposition de tableaux hollandais au musée du Jeu de Paume accompagné de l’historien d’art Jean-Louis Vaudoyer ; la Vue de Delft peinte par Vermeer qu’il y revoit nourrit l’épisode de la mort de Bergotte dans La Prisonnière, cinquième volume de La recherche.
À l’automne 1922, Proust déclare à Céleste : « C’est une grande nouvelle. Cette nuit, j’ai mis le mot “fin”. […] Maintenant, je peux mourir. » Il s’éteint le 18 novembre sans avoir toutefois achevé son travail de correction sur les trois derniers volumes.
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Texte du panneau didactique. |
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Anonyme. Marcel Proust sur la terrasse du Jeu de Paume. Paris, entre le 18 et le 24 mai 1921. Reproduction d'un tirage argentique. Paris, Bibliothèque nationale de France. |
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Anonyme. Intérieur de l'appartement de Marcel Proust, 44 rue Hamelin, 1919 ou après. Tirage argentique contrecollé sur carton. São Paulo, collection Pedro Corrêa do Lago. |
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Catherine Meurisse (Niort, 1980). Le Pont des arts, 2012. Paris, Éditions Sarbacane, p. 62-63. Paris, collection Lucien Glass. |
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Marcel Proust (Paris, 1871-id., 1922). À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Éditions de La Nouvelle Revue française, 1920.
Exemplaire 18/50. Placards manuscrits. Paris, Hôtel littéraire Le Swann. |
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Céleste, la secrétaire de Marcel Proust, raconte une anecdote sur l'écrivain, à propos du mot « FIN ». |
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Marcel Proust (1871-1922). Du côté de chez Swann. L-LI Noms de pays. Cahier 20, folio 26 v°-27 r°, 1913. Cahier moleskine noire de 67 f. (62 blanc.), 25,5 × 15,5 × 1,4 cm. © Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits. |
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Man Ray (1890-1976). Marcel Proust sur son lit de mort, 20 novembre 1922. Tirage sur papier au gélatino-bromure d’argent. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2021 / RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski. |
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Scénographie. Évocation de la chambre de Marcel Proust avec ses propres meubles et autres affaires. Photo Pierre Antoine. |
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Je suis l'écorce arrachée à l'arbre et posée sur les murs de la chambre. Dans l'air de mon corps, j'ai emprisonné les bruits du dehors, pour façonner une bulle de silence où dormir, écrire. Il disait : « Ça brûle bien, le liège.» Mais il devait savoir que je résiste au feu et fais toujours peau neuve, pour protéger du monde. Je suis la plaque de liège, noircie par le temps et la poussière noire des fumées de la poudre antiasthmatique Legras. Je suis la plaque de liège arrachée aux murs de la chambre. Et maintenant je trône, et vous regarde, mes bords écornés, clouée aux quatre coins.
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- Pelisse de Marcel Proust, vers 1905. Drap de laine, col et doublure en loutre, boutons en Bakélite.
- Canne offerte à Marcel Proust par Louis Joseph Suchet d’Albufera (1877-1953), 1904. Poignée courbe, fût en bambou gainé de peau de porc, bague en alliage cuivreux gravée du monogramme « MP » et de l'inscription « L.A./11 octobre 1904 », férule métallique.
Dons Jacques Guérin, 1973. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris.
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Morceau de liège provenant de la chambre de Marcel Proust, 102, boulevard Haussmann, 8e arrondissement, vers 1910. Don Jacques Guérin, 1973. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris.
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6 - À la recherche du temps perdu, un roman parisien ?
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Scénographie. Photo Pierre Antoine.
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À la recherche du temps perdu, un roman parisien ?
Mêlant les époques, brouillant les lieux, superposant au plan de la ville en mutation une topographie imaginaire, Proust évoque la capitale depuis le début du Second Empire (1852-1870) jusqu’au début des années 1920.
Partageant avec les artistes dont les oeuvres sont exposées ici un regard voyeur sur la ville et ses habitants, le héros, anonyme, observe les changements urbains à l’œuvre dans les principaux lieux parisiens du roman. Ceux-ci jalonnent le parcours initiatique du héros et servent à souligner les thèmes principaux du récit : l’effet destructeur du temps et les stratégies singulières des personnages.
Paris, dans son opposition à la province, constitue un véritable épicentre géographique, culturel et mental, un lieu par excellence pour chacune des parties du récit. Du côté de chez Swann se déroule à Combray puis à Paris. À l’ombre des jeunes filles en fleurs y débute. Le Côté de
Guermantes
est presque exclusivement centré sur la vie parisienne. Et si Paris et Balbec forment le cadre de Sodome et Gomorrhe, l’action de La Prisonnière est quasiment réduite à l’appartement parisien du héros, comme Albertine disparue (parfois intitulé La Fugitive) qui s’achève sur un séjour à Venise. Le cycle romanesque se poursuit à Paris dans Le Temps retrouvé, où le héros, doté désormais de sa propre vision du monde et de la littérature, peut devenir le narrateur de son histoire.
Texte du panneau didactique.
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Les adresses des principaux personnages du roman
1 - Hôtel particulier de Chartes Swann, avant son mariage avec Odette, quai d'Orléans, 4° arrondissement.
2 - Hôtel particulier d'Odette de Crécy, avant son mariage avec Swann, rue La Pérouse, derrière l'Arc de triomphe, 16° arrondissement.
3 - Appartement d'Adolphe, grand-oncle du narrateur, 40 bis, boulevard Malesherbes, 8° arrondissement.
4 - Hôtel particulier du duc et de La duchesse de Guermantes, quartier du Faubourg-Saint-Honoré, 8° arrondissement.
5 - Hôtel particulier de Mme de Sainte-Euverte, à proximité du parc Monceau, 8° arrondissement.
6 - Hôtel particulier des Verdurin, rue Montalivet, 8° arrondissement : première résidence des Verdurin avant leur installation quai de Conti.
7 - Hôtel particulier de style Henri II dans le quartier du Bois. Résidence de Charles et Odette Swann après leur mariage.
8 - Hôtel de Chimay acheté par l'État en 1883 pour l'École des beaux-arts, 17 quai Malaquais, 6° arrondissement. Résidence du baron de Charlus.
9 - 43 rue du Bac, 7° arrondissement. Domicile du docteur Cottard.
10 - Hôtel des Ambassadeurs de Venise, quai de Conti, 6° arrondissement. Hôtel imaginaire dans lequel habitent les Verdurin, et dont le nom a sans douté été inspiré de l'Hôtel des Ambassadeurs de Hollande, situé dans le quartier du Marais.
11 - Hôtel particulier du prince et de la princesse de Guermantes, après le mariage du prince avec Mme Verdurin, avenue du Bois (devenue depuis avenue Foch), 16° arrondissement.
12 - Rue de l'Assomption, 16° arrondissement, où habite une « amie » d'Albertine.
Texte du panneau apposé sur la carte
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Gustave Caillebotte (Paris, 1848-Gennevilliers, 1894). Vue de toits (effet de neige), 1878. Huile sur toile. Paris, musée d'Orsay. |
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7 - Paris dans « Un amour de Swann »
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Scénographie
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Paris dans « Un amour de Swann »
Deuxième partie de Du côté de chez Swann, premier volume d’À la
recherche du temps perdu, « Un amour de Swann » a pour cadre Paris sous le Second Empire. La ville offre un décor à la passion maladive de Charles Swann – richissime fils d’un agent de change juif admis dans la société la plus fermée – pour Odette de Crécy, décrite comme une demi-
mondaine qui « n’était pas [son] genre ».
Élaboré sur une série d’oppositions illustrant la réalité sociologique et historique du Paris haussmannien, le roman confronte notamment l’île Saint-Louis, au passé aristocratique mais désormais populaire, où Swann vit en esthète, aux nouveaux quartiers à la mode, situés autour de l’Arc de triomphe. Par amour pour Odette, qui réside rue La Pérouse, dans le 16e arrondissement, Swann délaisse les salons du faubourg Saint-Germain pour le cénacle bourgeois et « artiste » des Verdurin, rue Montalivet, près de la Madeleine.
La topographie du roman conduit Swann dans les nouveaux lieux de plaisir où se rend sa maîtresse – restaurants des Grands Boulevards, le bois de Boulogne, les Salons de peinture, l’Opéra. « Un amour de Swann.» décrit une capitale dont le centre d’attraction s’est déplacé à l’ouest, un mouvement également présent dans les autres volumes.
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Texte du panneau didactique. |
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Adolphe Hennetier (actif de 1905 à 1913). Vue de la berge du quai Saint-Bernard avec des tonneaux, 5e arrondissement, début du XXe siècle. Tirage au gélatino-bromure d'argent. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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- Manufacture Delion. Chapeau haut de forme, 1912. Peluche de soie grise, gros-grain soulignant le bord, ruban en feutre noir bandeau de propreté en cuir marron, coiffe en soie crème. Paris, Palais Galliera
- musée de la mode de la Ville de Paris.
- Gantier anonyme. Paire de gants blancs pour homme, entre 1900 et 1910. Cuir mégissé blanc pleine fleur, nacre, ruban de serge de coton. Paris, Palais Galliera - musée de la mode de la Ville de Paris. |
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- Paragon Fox. Ombrelle, vers 1900. Couverture en sergé et en faille de soie violette, monture Paragon en métal noir, manche en bois peint et verni, poignée-béquille en porcelaine peinte et en métal doré. Paris, Palais Galliera - musée de la mode de la Ville de Paris.
- Émile Gallé (Nancy 1848-Id., 1904). Vase, 1900. Cristal soufflé à plusieurs couches, décor gravé et taillé, applications, perles de verre collées. Boulogne-sur-Mer, musée de Boulogne-sur-Mer. |
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Scénographie |
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Jean Béraud (Saint-Pétersbourg, 1849-Paris, 1935). Le Boulevard Montmartre, devant le théâtre des Variétés, la nuit, vers 1885. Huile sur toile. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Denis Etcheverry (Bayonne, 1867-id., 1950). Vertige, 1903. Huile sur toile. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
8 - Les Champs-Élysées, lieu des initiations
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Scénographie avec, dans le fond, de Pierre Bonnard (Fontenay-aux-Roses, 1867-Le Cannet, 1947) : Promenade des nourrices, frise de fiacre, 1897. Suite de quatre lithographies en cinq couleurs, constituant un paravent. Éditeur Molines, 20, rue Laffitte. Le Cannet, musée Bonnard.
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Les Champs-Élysées, lieu des initiations
Tracés au XVIIe siècle afin d’offrir une perspective aux jardins du palais des Tuileries, les Champs-Élysées aménagés par l’architecte Hittorff sous le Second Empire attirent une aristocratie fortunée qui y bâtit de somptueux hôtels particuliers et impose l’avenue comme l’épicentre de
la vie mondaine.
Présents dans quatre volumes de La recherche, les Champs-Élysées, fidèles à leur nom qui désigne le séjour des morts dans la mythologie, sont pour le héros l’espace d’une initiation amoureuse, sensuelle, esthétique
et tragique.
Placés, dans Du côté de chez Swann et À l’ombre des jeunes filles en fleurs, au coeur de la carte du Tendre dressée par le narrateur amoureux de Gilberte, la fille de Swann et Odette, les jardins situés entre la place de la Concorde et le Rond-Point sont le théâtre d’une brève aventure sensuelle entre les deux adolescents. À quelques pas, le pavillon d’aisance « treillissé de vert » est, lui, le lieu d’une expérience de mémoire involontaire, où le héros retrouvant une odeur de sa prime enfance vit une révélation esthétique. Enfin, c’est encore aux Champs-Élysées que le narrateur est confronté à la mort : lors de l’attaque dont est victime sa grand-mère dans Le Côté de Guermantes, puis dans Le Temps retrouvé, au moment de sa rencontre avec Charlus, survivant déchu d’une époque engloutie par la Première Guerre mondiale.
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Texte du panneau didactique. |
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Marcel Proust (Paris, 1871-id., 1922) et Jean-Émile Laboureur (Nantes, 1877-Kerfaiher, 1963), illustrateur. À la recherche du temps perdu. II, À l'ombre des jeunes filles en fleurs. Paris, NRF, 1946. Paris, collection particulière. |
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Henri Le Sidaner (1862-1939). La Place de la Concorde, 1909. Huile sur toile. Musée des Beaux-Arts, Tourcoing. © Bridgeman Images.
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Jean Béraud (Saint-Pétersbourg, 1849-Paris, 1935). La Promenade aux Champs-Élysées, vers 1905. Huile sur toile. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris.
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9 - L’avenue du Bois et le bois de Boulogne : nouveaux espaces mondains
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Scénographie. Photo Pierre Antoine.
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L’avenue du Bois et le bois de Boulogne : nouveaux espaces mondains
La création de l’avenue de l’Impératrice (devenue du Bois puis Foch) et la réalisation d’un immense parc paysagé, à l’emplacement de la forêt royale de Rouvray, par l’architecte Alphand, participent du projet de Napoléon III de doter Paris de parcs publics « à l’anglaise ». Après 1860,
le quartier voit la construction de spectaculaires hôtels particuliers.
Devenu un nouvel espace mondain, une version en plein air des salons où se retrouvent l’aristocratie et les classes fortunées, le Bois dans le roman est opposé aux Champs-Élysées. Apprécié par une société dont les codes se fondent davantage encore sur la fortune que sur le prestige nobiliaire, il rend ainsi compte de l’évolution sociale des personnages et de la fuite du temps.
En choisissant de s’y établir avec Odette, Swann privilégie un relatif éloignement de Paris, correspondant à la place marginale qu’occupe le couple dans la géographie sociale. Des années plus tard, dans Le Temps retrouvé, Mme Verdurin, devenue princesse de Guermantes, fait construire, avenue du Bois, un hôtel qui n’est pas sans évoquer le palais Rose d’Anna Gould et Boni de Castellane.
Domaine du désir amoureux, le Bois est « le jardin élyséen des femmes ». Des années après y avoir admiré Mme Swann, lors de sa sortie quotidienne, le héros s’y promène avec Albertine, lors de rares promenades hors de l’appartement où il la retient prisonnière. C’est au Bois encore qu’après la disparition de la jeune fille, il vient y pleurer sa mort.
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Texte du panneau didactique. |
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Henri Gervex (1852-1929). Une soirée au Pré-Catelan, 1909. Huile sur toile. Collection du musée Carnavalet - Histoire de Paris. CCØ Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Anonyme. Jardin zoologique d’Acclimatation, sans date. Lithographie en couleur. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Exemple de cartel destiné au jeune public. |
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Scénographie |
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Jean Béraud (Saint-Pétersbourg, 1849-Paris, 1935). La Sortie du Salon, au Palais de l'Industrie, vers 1890. Huile sur toile. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Jean Béraud (Saint-Pétersbourg, 1849-Paris, 1935). La Victoria, vers 1880. Huile sur bois. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Pierre Gatier (Toulon, 1878-Joigny, 1944). Avenue du Bois, avril 1907. Eau-forte et aquatinte en deux planches. Paris, collection Félix Gatier. |
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Ateliers de la Compagnie générale des omnibus. Modèle réduit de l'omnibus « Panthéon-Courcelles », 1900. Tôle, bois polychromé, mica et cuir. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
10 - Faubourgs imaginaires
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Scénographie
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Faubourgs imaginaires
« Tout le faubourg n’est pas dans le faubourg », affirme Balzac, modèle de Proust dans ce domaine.
Situé sur la rive gauche entre la rue du Bac et l’hôtel des Invalides, le faubourg Saint-Germain, dont l’urbanisation débute à la fin du XVIIe siècle, est historiquement le lieu de résidence de la société aristocratique. Celle-ci est restée très influente dans la vie politique et sociale française au XIXe siècle, souvent grâce à son union avec des fortunes
plus récentes.
Objet du désir d’ascension sociale du narrateur, le « noble faubourg» est avant tout un espace imaginaire. Dans le roman, l’épicentre de cet état d’esprit est le brillant salon d’Oriane, duchesse de Guermantes, situé sur la rive droite, dans le faubourg Saint-Honoré où sont construits désormais
les hôtels particuliers modernes.
Depuis l’Hôtel de Guermantes, dont sa famille loue un étage, le narrateur va observer puis être admis dans le cercle mondain le plus fermé grâce au neveu de la duchesse, Robert de Saint-Loup, qui représente et incarne les aspirations des jeunes aristocrates à la veille de la Première Guerre mondiale.
Spectateur longtemps fasciné par cette sociabilité codifiée, caractérisée par l’entre-soi, favorisée par des fortunes élevées et une nombreuse domesticité, le narrateur constate, à la fin du Côté de Guermantes, que « la vie mystérieuse du faubourg Saint-Germain » n’est finalement qu’un leurre.
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Texte du panneau didactique. |
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Émile Lévy (Paris, 1826-id., 1890). Folies Bergère, tous les soirs à 8 heures, 32 rue Richer, entre 1873 et 1883. Lithographie en couleur. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Jean Béraud (Saint-Pétersbourg, 1849-Paris, 1935). Une soirée, 1878. Huile sur toile. Paris, musée d'Orsay. |
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Pierre Gatier (Toulon, 1878-Joigny, 1944). La Rue de la Paix, 1910. Eau-forte et aquatinte en trois planches. Paris, collection Félix Gatier. |
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Claude Schwartz (1935-2009). Hôtel de Masseran, vue d’un des salons, 11 rue Masseran, VIIe arrondissement, vers 1970. Retirage d’après un négatif original. © Claude Schwartz / Agence VU. |
11 - Sodome et Gomorrhe parisiens
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Scénographie. Photo Pierre Antoine.
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Sodome et Gomorrhe parisiens
Proust aimait à présenter son oeuvre comme « impudique ». Son ambition de traiter de l’homosexualité est explicite dès les premiers tâtonnements de La recherche, en 1908. Le personnage du baron Palamède de Charlus, frère du duc de Guermantes et oncle de Robert de Saint-Loup, et celui d’Albertine, dont le héros est amoureux, offrent à l’écrivain l’exploration de ce thème.
Dès Le Côté de Guermantes, l’homosexualité du baron,
aristocrate érudit et membre de la « Société des amis du Vieux Paris », se traduit de manière ambiguë dans l’espace parisien.
Ainsi, Charlus, sortant du salon de sa tante, Mme de
Villeparisis, monte-t-il dans le fiacre du plus canaille des cochers, pour partir dans la direction opposée à celle où il prétend se rendre. Le domicile même du Baron correspond à une localisation invraisemblable : l’Hôtel de Chimay, quai Malaquais, où il tente de séduire le héros, étant occupé par l’École des beaux-arts depuis 1884.
Dans le volume suivant, Sodome et Gomorrhe, Proust analyse la dimension dramatique de l’homosexualité. L’écrivain compare la malédiction associée au peuple juif, «la race maudite» à celle qui frappe, dans le roman, les homosexuels que Proust désigne comme « la race des tantes ». Dans le récit, les amours homosexuelles portent la
marque d’une double subversion et donc d’un double interdit, de classe sociale et d’orientation sexuelle.
Motifs d’opprobre, les lieux de l’homosexualité dans La recherche s’immiscent dans des espaces destinés à rester anonymes aux yeux du monde : la boutique du giletier Jupien située dans la cour de l’Hôtel de Guermantes, puis plus tard le « Temple de l’Impudeur », maison de passe ouverte par Jupien, où Charlus se fait fouetter par de mauvais garçons venus de La Villette.
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Texte du panneau didactique. |
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Charles Bossu dit Marville (1813-1879). Le Jardin et l’hôtel de Chimay sous la neige, 1853. Tirage sur papier salé d’après un négatif papier. © Beaux-Arts de Paris, Dist. RMN-Grand Palais / image Beaux-arts de Paris. |
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Claude Monet (1840-1936). Le Pont de l’Europe, Gare Saint-Lazare, 1877. Huile sur toile. Musée Marmottan-Monet, Paris. © Bridgeman Images. |
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Charles Bossu, dit Marville (Paris, 1813-id., 1879). Urinoir à 8 stalles, fonte et ardoise avec écran d’arbustes (Champs-Elysées), 1872-1878. Tirage sur papier albuminé. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Arthur Chaplin (Jouy-en-Josas, 1869-Paris, 1935). Suite de la toilette de Mercure aidé de ses nombreux valets de pied, tiré de L'Olympe illustré, 1888. Crayon graphite, encre, aquarelle et rehauts de vernis sur papier. Paris, Nicole Canet, galerie Au Bonheur du Jour.
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Arthur Chaplin (Jouy-en-Josas, 1869-Paris, 1935). «Les Culottes », suite de La Toilette de Mercure, tiré de L’Olympe illustré, 1888. Crayon graphite, encre, aquarelle et rehauts de vernis sur papier. Paris, Nicole Canet, galerie Au Bonheur du Jour.
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12 - Le Paris d'Albertine
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Scénographie. Photo Pierre Antoine.
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Le Paris d'Albertine
Partagée entre Balbec, lieu de villégiature du héros, et Paris, l'histoire d'amour avec Albertine débute dans le deuxième volume, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, lorsque la jeune fille apparaît au bord de la mer puis que le héros tente de l'embrasser dans une chambre du Grand Hôtel.
Dans Le Côté de Guermantes, Albertine, venue
rendre visite au héros au domicile parisien de ses parents, se montre moins farouche. Elle apporte avec elle « du fond du Paris populeux et nocturne » les bruits de la ville : « la trompe
d'un cycliste, la voix d'une femme qui chantait, une fanfare lointaine ».
Amoureux d'Albertine depuis que le docteur Cottard lui a fait observer « la danse contre seins » à laquelle elle se livre avec son amie Andrée à Balbec, le héros, la soupçonnant
d'homosexualité, la ramène à Paris où il la
retient prisonnière.
La ville est quasiment absente du huis clos qui se joue dans ce volume. Seuls les bruits de la rue pénètrent dans l'appartement transformé en prison, et de rares promenades aux Buttes-Chaumont, au Trocadéro, ou dans les magasins des Trois-Quartiers et du Bon Marché soulagent la captivité d'Albertine.
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Texte du panneau didactique. |
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Mariano Alonzo-Perez (Saragosse, 1857-Madrid, 1930). Femmes au café, vers 1900. Huile sur bois. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Auguste Rodin (Paris, 1840-Meudon, 1917). Femmes damnées, 1885 ? Plâtre patiné. Paris, musée Rodin. |
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Paul Leruth. Ancien Palais du Trocadéro, place du Trocadéro, entre 1878 et 1919. Maquette en bois, liège, verre, métal et dorure. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Félicien Rops (Namur, 1833-Corbeil-Essonnes, 1898). Les Adieux d'Auteuil, 1870. Fusain, pierre noire, encre de Chine, encre brune à la plume sur papier. Namur, musée provincial Félicien Rops. |
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Exemple de cartel destiné au jeune public. |
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Scénographie. Photo Pierre Antoine. |
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Scénographie. Photo Pierre Antoine. |
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Charles Huard (Paris, 1874-Poncey-sur-l'Ignon, 1965). Rue Saint-Louis-en-l'Île, le marchand de volailles, vers 1900. Plume et encre noire sur papier. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Louis Vert (Paris, 1865-id., 1924). Marchande de glace, entre 1900 et 1906. Tirage au gélatino-bromure d'argent sur papier velours. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. |
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Les Cris de Paris. Liste dressée par A. Charmel, concierge de l'immeuble 8 bis, rue Laurent-Pichat, où l'écrivain réside chez Jacques Porel, le fils de l'actrice Réjane, du 31 mai au 1er octobre 1919, 1919. Fac-similé d’un document manuscrit. Paris, Hôtel littéraire Le Swann.
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13 - Paris du Temps retrouvé
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Scénographie
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Paris du Temps retrouvé
Le Paris du dernier volume est celui de la guerre et de l’après-guerre. Il est dominé par deux célèbres épisodes : les plaisirs masochistes de M. de Charlus et une matinée chez la princesse de Guermantes.
Paris est devenu une ville des Mille et Une Nuits, peuplée
d’embusqués restés à l’écart des combats et de permissionnaires. S’y égarant jusqu’à la maison close tenue par Jupien, comme le « calife Haroun Al Raschid en quête d’aventures dans les quartiers perdus de Bagdad », le narrateur y assiste à la flagellation de Charlus, point culminant de l’exploration du sadisme, commencée à Combray dans le premier volume.
Après un long séjour dans une « maison de santé », le héros revient à Paris, transformé par l’évolution culturelle du temps et les stratégies particulières des personnages. Ruiné par la guerre, le prince de Guermantes a épousé Mme Verdurin qui règne désormais sans rivale sur le grand monde parisien.
Dans le fastueux hôtel particulier que la nouvelle princesse a fait bâtir avenue du Bois, le héros vit plusieurs expériences de mémoire involontaire. Des sensations semblables à celle de la madeleine trempée dans le thé font resurgir Venise, Balbec et l’essence intemporelle des choses. Les invités croisés ensuite dans les salons surgissent comme grimés pour un « bal de têtes ». Ils ont seulement vieilli, selon une chronologie qui mêle celle de Proust et du narrateur et qui n’est pas exempte d’invraisemblances.
Ainsi le roman s’achève, grâce à l’élucidation d’impressions restées jusqu’alors inexpliquées, par la révélation de la «vocation invisible» que le héros, devenant narrateur, peut enfin raconter.
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Texte du panneau didactique. |
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Marcel Proust (Paris, 1871-id., 1922) et Kees van Dongen (Rotterdam, 1877-Monte-Carlo, 1968), illustrateur. À la recherche du temps perdu. III, La Prisonnière, Albertine disparue, Le Temps retrouvé. Paris, Gallimard, p. 680, 1947. Paris, collection particulière. |
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Scénographie. Photo Pierre Antoine. |
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Edouard Vuillard (1868-1940). Le métro « Station Villiers », 1917. Pastel sur papier. © Saint-Germain-en-Laye, musée Maurice Denis / RMN-Grand Palais. |
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Gustave Caillebotte (Paris, 1848-Gennevilliers, 1894). Les Pavés, étude pour Rue de Paris, temps de pluie, 1877. Huile sur toile. Collection particulière. © Jean-Louis Losi / Adagp, Paris 2021. |
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De haut en bas et de gauche à droite :
- Opérateur anonyme de l'identité judiciaire. Boulevard de Port Royal, spahis marocains blessés, 26 mars 1915, 26 mars 1915. Tirage gélatino-argentique sur papier. Paris, musée de l'Armée.
- Opérateur anonyme de l'Identité judiciaire. Groupe de soldats Sikhs à Paris, en marge du défilé des armées alliées du 14 juillet 1916, 14 juillet 1916. Tirage gélatino-argentique sur papier. Paris, musée de l'Armée.
- Opérateur anonyme de l'identité judiciaire. A la gare du Nord, groupe de soldats indiens, 25 juillet 1915, 25 juillet 1915. Tirage gélatino-argentique sur papier. Paris, musée de l'Armée.
- Charles Lansiaux (Aniche, 1855-Paris, 1939). Revue du 14 juillet 1917, la musique en tête marque le pas, 14 juillet 1917. Tirage gélatino-argentique sur papier. Paris, musée de l'Armée. |
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Maurice Busset (Clermont-Ferrand, 1879-id., 1936). Paris bombardé. Lumières de la DCA illuminant le ciel de Paris, 1918. Gravure sur bois en couleur. Paris, Bibliothèque historique de la Ville de Paris. |
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Laurent de Commines (né à Bourges en 1960). Le Sablier de Charlus. Encres de couleur sur papier. Paris, collection particulière. |
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Bornes d'écoute d'extraits de La Recherche |
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