MANET VELAZQUEZ,
la manière espagnole au XIXe siècle

Article publié dans la Lettre n° 203

MANET VELAZQUEZ, la manière espagnole au XIXe siècle. La saison 2002-2003 démarre en beauté avec cette exposition tout à fait passionnante. Peu exposé en France avant la révolution, l’art espagnol fait son apparition au Louvre après les guerres napoléoniennes en 1814-1815 avec des chefs-d’oeuvre de Ribera, Murillo et Zurbarán. Plus tard, de 1838 à 1848, la Galerie espagnole de Louis-Philippe, avec plus de 400 tableaux dispersés à Londres en 1853, rendra familière cette école.
La peinture espagnole donne l’exemple d’un réalisme extrême avec ses mendiants, ses bouffons, ses infirmes et ses martyrs. Les réalistes français y trouvent matière, non seulement pour des sujets modernes, mais aussi pour une nouvelle peinture d’histoire que l’on observe dans la carrière de quelques-uns des amis de Courbet, Bonvin et Manet, de même que Legros fasciné par Zurbarán, et Ribot qui passe pour un nouveau Ribera.
Beaucoup d’artistes, fortement marqués par leur séjour en Espagne, s’inspirent dans leurs oeuvres de tableaux de peintres espagnols. C’est le principal mérite de cette exposition de réunir les tableaux espagnols et les tableaux de ces artistes. Citons par exemple le Job de Bonnat, ridé à la manière d’un Ribera ou le Portrait du peintre Matias Moreno de Carolus Duran, qui ressemble à un Velázquez. Mais c’est Manet qui se montre le plus fasciné par les peintres espagnols. Après un voyage à Madrid, il écrit à Baudelaire que « Velázquez est le plus grand peintre qu’il y ait jamais eu » et à Fantin-Latour que « C’est le peintre des peintres ». Manet s’inspire du Bouffon Pablo de Valladolid dont il écrit « Le fond disparaît, c’est de l’air qui entoure ce bonhomme tout habillé de noir et vivant » pour peindre l’Acteur tragique et le Fifre, du Nain El Primo pour son Portrait de Zola, plein d’allusions à Goya et Velázquez et ... à ses propres oeuvres !, de Menippe pour ses Philosophes, des corridas de Goya pour sa Corrida, etc. Musée d’Orsay 7e (01.40.49.48.14) jusqu’au 5 janvier 2003. Pour voir notre sélection de diapositives, cliquez ici. Lien: www.musee-orsay.fr.

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