MANET, INVENTEUR DU MODERNE

Article publié dans la Lettre n° 326
du 2 mai 2011


MANET, INVENTEUR DU MODERNE. On croyait que tout avait été dit sur le « Père de l’impressionnisme ». La présente rétrospective, avec près de 180 œuvres dont 140 de Manet, provenant du monde entier, nous montre qu’il n’en est rien et qu’en approfondissant les recherches sur l’artiste et son œuvre, on découvre un peintre bien plus complexe et surtout bien plus moderne qu’on ne le croyait.
Né en 1832 dans une famille bourgeoise aisée, Manet échoue au concours de l’Ecole navale et s’engage alors, en 1850, dans une carrière artistique en rejoignant l’atelier de Thomas Couture, peintre qui passe pour l’héritier de Rubens, Ribera, Gros, Géricault, ... en plus académique ! La première des neuf sections de cette vaste exposition illustre ces six années passées dans cet atelier avec des peintures et dessins de Couture et de Manet, dont Le Jeune garçon à l’épée, 1861, qui n’est pas sans évoquer Vélasquez, qu’il admirait. Les autres sections illustrent les multiples aspects de la vie de Manet. Tout d’abord son amitié avec Baudelaire qui pourtant n’écrivit jamais de grand article élogieux sur son ami, alors que Manet recherchait les honneurs et la reconnaissance. C’est pour cela qu’il envoya régulièrement, pendant vingt ans, des toiles au Salon, dont certaines (Le Déjeuner sur l’herbe, 1863 ; Le Fifre, 1866), furent refusées.
La troisième section, « Un catholicisme suspect ? », met en exergue son Christ aux anges, 1864, contraire à toutes les conventions. En 1865 Manet se rend en Espagne et subit un choc en visitant le Prado. Sa peinture change et devient plus dramatique comme l’illustre L’Homme mort, 1865, partie inférieure d’une grande toile représentant une corrida, qu’il découpa pour isoler ce personnage, ce qu’il avait déjà fait avec Les Gitans, en 1862.
Parmi les sections suivantes, la sixième « Impressionnisme piégé » montre que Manet avait une vision différente de ses amis impressionnistes en s’attachant aussi au sujet et à la construction du tableau et pas seulement à la palette, plus lumineuse et frémissante. Etant déjà un peintre en vue, il refusa de participer à la première exposition des « impressionnistes », en 1874, avec ses amis Renoir et Monet.
La section consacrée aux natures mortes « Less is more » nous montre un Manet attachant une très grande importance à ces sujets (Vase de pivoines sur piédouche, 1864 ; L’Asperge, 1880), qu’il dramatise également et qui lui permirent de vendre des toiles à une époque où ses figures ne trouvaient pas preneur.
L’exposition se termine par une section « La fin de l’histoire » qui nous montre un Manet engagé, avec le Combat du Kearsarge, 1864 ; l’Exécution de Maximilien, 1867 ou encore l’Evasion de Rochefort, 1880-1881, peint deux ans avant sa mort, en 1883.
Une brillante rétrospective qui nous permet de voir, avec les célèbres toiles du musée, un grand nombre d’œuvres moins connues. Musée d’Orsay 7e. Jusqu’au 3 juillet 2011. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.musee-orsay.fr.


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