Parcours en images et en vidéos de l'exposition

MAN RAY ET LA MODE

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°514 du 23 décembre 2020




PROLOGUE

Emmanuel Radnitzky nait à Philadelphie en 1890. Lorsqu’il s’installe à Brooklyn en 1911 son père adopte le nom de RAY et Emmanuel prend alors le diminutif de "Man". Après avoir étudié le dessin il rencontre en 1915 Marcel Duchamp qui l’introduit dans le petit groupe des dadaïstes New Yorkais.
En 1920, dépité par l’échec de sa troisième exposition à la galerie Daniel à New York, Man Ray s’établit à Paris et participe aux activités du groupe Dada « en abandonnant tout espoir d’arriver à quelque chose en peinture ».
Le couturier Paul Poiret l’encourage alors à travailler comme photographe de mode car les revues comme Vogue, Femina, Vanity Fair offrent une place croissante à la photographie. Man Ray n’a aucune expérience mais il est sûr qu’avec un peu de pratique il maîtrisera vite la technique et saura donner à ses images le « cachet artistique » qui fera leur originalité. Multipliant les commandes il devient en 1933 l'un des collaborateurs permanents du magazine américain Harper’s Bazaar. Compositions décalées ou en mouvement, recadrage, jeux d’ombre ou de lumière, solarisation, colorisation sont autant d’innovations qui laissent percevoir un talent parvenu à maturité. L'utilisation de ces techniques révèlent l’adéquation entre son travail de photographe et la transformation profonde de l’image de la mode dans les années trente. La silhouette de la femme se modifie, la mode devient un phénomène de masse et cette mutation, les images de Man Ray l’accompagnent avec un bonheur sans cesse renouvelé.
 
Texte du panneau didactique.
 


1 - INTRODUCTION

Scénographie
1 - INTRODUCTION

En 1922, Man Ray est présenté par son amie Gabrielle Buffet-Picabia à Paul Poiret. La rencontre est un semi-échec : le couturier se contente de mettre à la disposition du jeune Américain fraîchement débarqué ses installations et ses modèles, mais il refuse de le payer pour ses photographies.
Or l’artiste doit trouver des moyens de subsister. Il s’oriente alors vers le portrait. Les commandes lucratives affluent mais il ne renonce pas pour autant à la photographie de mode, à ce métier qui reste encore à inventer…
 
Texte du panneau didactique.
 
Man Ray. Obstruction, 32 cintres, bois peint et métal, édité à dix exemplaires par la galerie Schwarz, Milan 1964, 1920-1964. 100 x 200 x 100 cm. Milan, Fondazione Marconi.
 
Man Ray. Anatomies, c. 1930. Épreuve gélatino argentique, tirage moderne d’exposition réalisé en 2003 d’après le négatif souple, 17 x 12.5 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle, achat par commande.
 
Man Ray. Anatomies, 1930. Épreuve gélatino-argentique, 29 x 22,55 cm. Paris, Bibliothèque Nationale de France, Département des Estampes et de la Photographie. © BnF. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020.
 
Man Ray. La Voile, 1931-1977. Épreuve gélatino argentique, tirage tardif, 29 x 22,7 cm. Milan, Fondazione Marconi.
 
Man Ray. Réflexions, 1929-1982. Épreuve moderne (tirage de 1982) à partir du négatif original, 26,5 x 18,8 cm. Montpellier, Collection Fonds régional d'Art contemporain Occitanie Montpellier.
 
Man Ray. Le cadeau. Épreuve gélatino argentique, tirage d’exposition réalisé en 2003 d’après le négatif verre, 12,5 x 10 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art Moderne / Centre de création industrielle, achat par commande.
 
Man Ray. Close up, Fold up, 1963. Dessin (collage, papier et épingles), 38 x 28 cm. Milan, Fondazione Marconi.


2 - DU PORTRAIT DES ANNÉES 1920 À LA PHOTOGRAPHIE DE MODE

Scénographie
2 - DU PORTRAIT DES ANNÉES 1920 À LA PHOTOGRAPHIE DE MODE

Séduit par le milieu mondain, actif et ouvert, du Paris de l’après-guerre, Man Ray s’en imprègne. Ses premiers modèles sont des femmes du monde comme la Comtesse de Beauchamp ou de riches étrangères comme l’américaine Peggy Guggenheim ou l’égyptienne Nimet Eloui Bey. Pour satisfaire son inspiration, il n’hésite pas à employer aussi ses compagnes, Kiki, puis Lee Miller, pour passer subtilement du portrait à la photographie de mode et abandonner les formes compassées de ses débuts pour adopter un style plus spontané, où s’exprime davantage la sensualité du corps féminin.
Les formes du vêtement évoluent: chatoyantes, courtes, droites et flottantes au début des années 1920, les robes se transforment dès la fin de cette décennie. Taillées dans le biais, elles vont s’ajuster sur le corps et rallonger. Inspirées par l’Antiquité classique, fluides et sobres, elles feront de la femme du début des années 1930, une « vivante sculpture ».
 
Texte du panneau didactique.
 

A gauche : Gabrielle Chanel. Robe mi-longue en crêpe de soie beige entièrement brodé de petites perles tubulaires dorées «broderie vermicelle», 1927. Crêpe de soie beige entièrement brodé de petites perles tubulaires dorées «broderie vermicelle» à fond de robe assemblé en crêpe de soie et pongé de soie beiges, 180 x 60 cm. Collection Patrimoine de Chanel, Paris.

A droite : Gabrielle Chanel. Robe du soir en crêpe Georgette champagne à fines bretelles, nervures en V sur le bustier, nœud incrusté à la taille, jupe évasée à godets, long pan rapporté à l’arrière cousu au départ de chaque bretelle, 1930. Crêpe Georgette champagne. Collection Patrimoine de Chanel, Paris.

 

 
Man Ray. Mode,  s. d. Épreuve gélatino argentique. Collection particulière.
 
Man Ray. Mode, s. d. Épreuve gélatino argentique. Collection particulière.
Scénographie
Elles sont habillées par Chanel

Entre les deux guerres, Gabrielle Chanel est à la tête d’un véritable empire qui compte jusqu’à 4 000 employés. Femme libre et anti-conventionnelle, amie d’artistes aussi divers que Jean Cocteau, Pablo Picasso, Serge de Diaghilev, Serge Lifar, Igor Stravinsky, Pierre Reverdy, Chanel fut aussi, selon Maurice Sachs, la première couturière « reçue » dans le monde. Elle impose un style à son image, un style qui séduit des clientes du monde entier, ici photographiées par Man Ray.
 
Texte du panneau didactique.
 
Man Ray. Coco Chanel, 1935-1976. Épreuve gélatino argentique, tirage tardif, 36 x 26 cm. Milan, Fondazione Marconi.
 
Man Ray. Sans titre, 1925. Épreuve platine, tirage d’exposition réalisé en 2003 d’après le négatif sur plaque de verre, 18 x 13 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle, achat par commande, tirage Jean-Luc Piété. © Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. RMN-Grand Palais / image Centre Pompidou, MNAM-CCI. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020.
 
Man Ray. Bettina Jones. Épreuve gélatino argentique, tirage moderne d’exposition d’après le négatif sur verre, 18 x 13 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle, achat par commande.
Vogue France, « Le Bal Blanc de la Comtesse Pecci-Blunt », 1er août 1930, pages 50-52.
Marseille, Centre de documentation Mode.
 
Man Ray. Lee Miller, le visage peint, 1930 circa – 1980. Épreuve gélatino argentique, tirage tardif, 30,9 x 22,1 cm. Milan, Fondazione Marconi. © collection particulière, courtesy Fondazione Marconi. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020.
 
Man Ray. Mannequin dans une robe de Jeanne Lanvin, vers 1925. Épreuve gélatino argentique. Paris, collection particulière.
Scénographie
Bals et mondanités

Au cours des années folles, la vie mondaine parisienne est exceptionnellement riche. Elle est animée par une société cosmopolite soucieuse de ses plaisirs, qui compte une importante communauté américaine, où se mêlent artistes, écrivains et couturiers.
On y renoue avec la tradition des grands bals et du mécénat. On commande des oeuvres d’art, des spectacles ou des films à l’instar de Charles de Noailles qui emploie Man Ray, en 1929, à la réalisation d’un film, « Les Mystères du château de Dé » pour célébrer la villa, qu’il vient de faire construire à Hyères par l’architecte moderniste Robert Mallet-Stevens.
 
Texte du panneau didactique.
 
Man Ray. La Marquise Casati, 1935. Épreuve gélatino argentique, recadrée à l’encre noire, 18,1 x 12,1 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art Moderne / Centre de création industrielle, dation en 1994.
 
Man Ray. Peggy Guggenheim dans une robe de Poiret, 1924. Épreuve contact gélatino argentique, 10,8 x 8 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d'Art Moderne / Centre de création industrielle, dation en 1994. © Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. Rmn-Grand Palais / Guy Carrard. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020.
 
Man Ray. Anna de Noailles, Le bal du fond de la mer, 1928. Épreuve gélatino argentique, 15,7 x 11,5 cm. Marseille, musée Cantini.
 
Man Ray. Daisy Fellows  (1890-1962), s. d. Épreuve gélatino argentique,  28 x 22 cm. Collection particulière.
 
Man Ray. Nancy Cunard. Épreuve gélatino argentique, Tirage d’exposition réalisé en 2013 d’après le négatif sur plaque de verre, 17,8 x 12,8 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle, achat par commande.
Scénographie
Noire et Blanche

KiKi de Montparnasse, la compage de Man Ray depuis 1922, pose avec un masque Baoulé appartenant au sculpteur et verrier américain Georges Sakier. Cette photographie est publiée dans le numéro de Vogue de mai 1926 sous le titre Visage de nacre et masque d’ébène, puis dans le numéro de Variétés du 15 juillet 1928.
Man Ray fait adopter à Kiki plusieurs poses mais il n’en retiendra qu’une pour la publication. Les formes simples du masque font écho aux traits de Kiki : les yeux clos, le maquillage qui souligne la ligne des yeux et le trait de crayon des sourcils, les lèvres fermées. L’analogie immédiate entre le masque et le visage permet de rapprocher ces deux « objets » dans une « étrange poésie » écrira Pierre Migennes dans Art et Décoration en novembre 1928.
 
Texte du panneau didactique.
 
Man Ray. Alice Prin, dite Kiki de Montparnasse. Épreuve gélatino argentique, Tirage d’exposition réalisé d’après le négatif sur plaque de verre, 12 x 9 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle, achat par commande.
 
Man Ray. Bal au château des Noailles, vers 1929. Épreuve gélatino argentique, 8,5 x 11,4 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art Moderne / Centre de création industrielle, dation en 1994. © Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. Rmn-Grand Palais / Guy Carrard. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020.
 
Man Ray. Noire et blanche. Épreuve gélatino argentique, Tirage d’exposition réalisé d’après le négatif sur plaque de verre, 20,4 x 28,2 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art Moderne / Centre de création industrielle, achat par commande.
 

 

Man Ray. Les Mystères du château de Dé.
 
Vidéo capturée au sein de l'exposition.
Scénographie
Le Pavillon de l’Elégance

En 1925, L’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes composée de cinq grands groupes (Architecture ; Mobilier ; Parure ; Arts du théâtre, de la rue et des jardins ; Enseignement), réserve la part belle à la mode présidée par Jeanne Lanvin. Elle investit le Grand Palais avec plus de 300 modèles exposés, mais aussi les pavillons des grands magasins et les boutiques du Pont Alexandre III. Le prestigieux Pavillon de l’Elégance, commandité par quatre grandes maisons de couture et une maison de joaillerie (Callot, Jenny, Lanvin, Worth et Cartier) est dessiné par Robert Fournez et aménagé par Armand Albert Rateau. Il est dédié au luxe. Les mannequins, imaginés par André Vigneau pour Siégel, déclinés dans différentes couleurs, ont des visages stylisés mais les poses se veulent très réalistes. Ce sont ces mannequins que Man Ray photographie. Son reportage sera publié dans plusieurs magazines.
 
Texte du panneau didactique.
 
Man Ray. Pavillon de l'élégance, Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels, 1925. Épreuve platine, tirage d’exposition réalisé d’après le négatif sur plaque de verre, 23,5 x 17,5 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d'Art Moderne / Centre de création industrielle, achat par commande, tirage Jean-Luc Piété. © Man Ray 2015  Trust / Adagp, Paris 2020.
 
Worth. Robe du soir en satin noir et plumes de marabout, c.1925. Satin noir et plumes de marabout, 180 x 60 x 60 cm. Toulon, collection Villa Rosemaine.
 
Jeanne Lanvin. « Apollo », robe du soir, 1925. Traîne amovible pouvant former cape.  Soie, toile lamée, tulle à réseau rectangulaire, perles de verre. Patrimoine Lanvin. Cette robe a été photographiée par Man Ray dans la section Parure de l’Exposition  Internationale des Arts décoratifs et industriels modernes, en 1925. Paris, Patrimoine Lanvin.
 
Man Ray. Le Pavillon de l’Élégance, exposition internationale des arts décoratifs et industriels. Robe du soir « Apollo » de Jeanne Lanvin, 1925/1995. Épreuve platine, tirage d’exposition réalisé d’après le négatif sur plaque de verre, 23,5 x 17,5 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne - Mnam / Centre de création industrielle.
 
Man Ray. Pavillon de l'élégance, Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels, 1925. Épreuve platine, tirage d’exposition réalisé par Jean-Luc Piété d’après le négatif sur plaque de verre. Paris, Centre Pompidou, Musée national d'Art Moderne / Centre de création industrielle, achat par commande.
Scénographie
La collaboration avec les magazines

Au début des années 1920, la presse écrite est le principal vecteur de diffusion de la mode, mais la photographie est encore rare dans les magazines. Le dessin est roi, sauf dans les rubriques mondaines très suivies des lectrices, où des photographies d’élégantes célèbres lancent les nouveautés. Ce sont elles qui font la mode, plus encore que les couturiers qui créent les modèles. Man Ray pénètre dans l’univers de la mode par le portrait mondain. En collaborant avec Vogue de 1924 à 1928, pour des portraits ou des reportages, il apprivoise ce métier nouveau. Et si la demande est si forte c’est que la presse se métamorphose : en accordant une place toujours plus grande à la photographie, elle élargit son lectorat.
 
Texte du panneau didactique.
 
Man Ray. Nicole Groult, 1925. Planche de deux épreuves gélatino argentique, 9 x 6 et 8,1 x 5,4 ; 9 x 11,9 cm. Paris, Centre national d’Art et de Culture Georges Pompidou, Musée national d’Art moderne, Centre de création industrielle, dation en 1994.
Man Ray. Coco Chanel. 6 épreuves gélatino argentique collées sur une même feuille.
Collection particulière.
 
Man Ray. Jean-Charles Worth. Épreuve gélatino argentique, 8,9 x 6,2 cm. Paris, Centre national d’Art et de Culture Georges Pompidou, Musée national d’Art moderne, Centre de création industrielle, dation en 1994.
 
Man Ray. Jean-Charles Worth nu. Épreuve gélatino argentique, 12 x 9 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle, dation en 1994.
 
Man Ray. Jacques Doucet, 1926. Épreuve gélatino argentique tirée par contact, 23,8 x 18 cm. Paris, Centre Pompidou - Musée national d’art moderne / Centre de création industrielle, dation en 1994.
 
Man Ray. Lucien Vogel, 1928. Épreuve gélatino argentique. Paris, centre national d’Art et de Culture Georges Pompidou, Musée national d’Art moderne, Centre de création industrielle, dation en 1994.
Scénographie
Lee Miller

Lee Miller nait aux Etats-Unis en 1907. D’abord modèle pour Condé Nast, le groupe d’éditions fondateur de Vogue, elle rejoint Paris en 1929 et parvient à convaincre Man Ray de la prendre pour assistante. En 1932, elle retourne à New York où elle ouvre un studio commercial puis s’installe à Londres en 1939. Correspondante de guerre pour Condé Nast, elle couvre notamment la libération des camps de déportation. Son travail de photographe, très influencé par le surréalisme, coexiste avec un métier rigoureux et engagé de reporter de presse.
 
Texte du panneau didactique.
 
La Révolution surréaliste n°4, 15 juillet 1925, couverture. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art Moderne / Centre de création industrielle, bibliothèque Kandinsky, acquisition.
 
Man Ray. Lee Miller, c. 1929-1932. Épreuve gélatino argentique, 8,2 x 5,2 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle, dation en 1994.
 
Man Ray. Lee Miller, c. 1929-1932. Épreuve gélatino argentique, 8,2 x 5,2 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle, dation en 1994.


3 - LA MONTEE DE LA MODE ET DE LA PUBLICITE

Scénographie
LA MONTEE DE LA MODE ET DE LA PUBLICITE

Avec l’émergence de la culture de masse, les commandes publicitaires pour la mode et la beauté ne cessent de se multiplier. La presse fait appel à Man Ray, car il est l’un des actifs représentants du surréalisme, qui utilise à merveille l’arme du scandale et de la provocation.
Ce style parfaitement maîtrisé, corrigé par un classicisme de bon ton, pimenté par un érotisme lisse, génère des images qui satisfont les commanditaires. Détachées de leur fonction commerciale, ces clichés deviendront des icônes, à l’instar des Larmes.
 
Texte du panneau didactique.
 
Minotaure. « En pleine occultation de Vénus », revue N°5, 1934, page 15. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle, bibliothèque Kandinsky, acquisition.
 
Man Ray. Publicité pour des bijoux (mains de Nush Eluard), 1935-1980. Épreuve gélatino argentique, tirage tardif, 28,8 x 22,6 cm. Milan, Collection particulière, Fondazione Marconi. © Collection privée, courtesy Fondazione Marconi, Milan. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020.
 
Man Ray. Mains peintes par Pablo Picasso, 1935. Épreuve gélatino-argentique, 8,3 x 11,1 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d'Art moderne / Centre de création industrielle, dation en 1994. © Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. Rmn-Grand Palais / Guy Carrard. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020.
 
Man Ray. Le mannequin de Man Ray, Exposition internationale du surréalisme,  1938. Épreuve gélatino argentique tirée par contact. Marseille, musée Cantini.
 
Harper’s Bazaar, janvier 1937. Paris, Palais Galliera, Musée de la Mode de la Ville de Paris.
Scénographie
 
Man Ray. Composition surréaliste, c. 1930-1980. Épreuve gélatino argentique, tirage tardif, 30 x 24 cm. Milan, Fondazione Marconi.
 
Man Ray. Vénus dans le miroir, c. 1920. Épreuve au platine, tirage moderne d’exposition réalisé en 2003 d’après le négatif souple, 11,5 x 8,6 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle, achat par commande.
 
Man Ray. Tête de Vénus maquillée, 1932. Épreuve gélatino argentique, 11 x 8 cm. Collection particulière. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020.
 
Man Ray. Pour Harper’s Bazaar 1935, 1935. Épreuve gélatino argentique, 15 x 12 cm. Marseille, musée Cantini.
Harper’s Bazaar, «Bijoux Cartier et Shéhérazade», août 1935, p.66-67.
Paris, Palais Galliera, Musée de la Mode de la Ville de Paris.
Scénographie
Les Larmes

Cette photographie iconique était à l’origine destinée à illustrer une publicité pour le mascara « Cosmécil », accompagnée du slogan « pleurez au cinéma / pleurez au théâtre / riez aux larmes, sans crainte pour vos yeux ».
Elle figure, recadrée, dans le premier ouvrage consacré aux photographies de Man Ray, publié en 1934, à l’initiative de James Thrall Soby, par les Cahiers d’Art.
 
Texte du panneau didactique.
 
Pierre Imans. Buste de coiffeur en cire fin années 20, fin années 20. Cire, perruque de cheveux humains, 71 x 39 x 30 cm. Collection privée. © Nicolas Descottes.
 
Man Ray. L’Œil (Les Larmes), 1932. Épreuve gélatino-argentique, 16 x 23 cm. Paris, Bibliothèque Nationale de France, Département des Estampes et de la Photographie.
 
Man Ray. Jacqueline Goddard, 1930. Épreuve gélatino argentique, 29,5 x 23 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art Moderne / Centre de création industrielle, dation en 1994.
 
Man Ray. La chevelure, 1929. Épreuve gélatino argentique, tirage tardif, 28,7 x 19,5. Milan, Fondazione Marconi. © Collection particulière, courtesy Fondazione Marconi. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020.
 
Man Ray. Jambes de Lee Miller, 1930. Épreuve gélatino argentique, 12 x 8,1 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art Moderne / Centre de création industrielle, dation en 1994.
 
Man Ray. Antoine, « le sculpteur de masques », 1933. Épreuve gélatino argentique. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art Moderne / Centre de création industrielle, dation en 1994.
 
Man Ray. Antoine, « le sculpteur de masques », 1933. Épreuve gélatino argentique. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art Moderne / Centre de création industrielle, dation en 1994.
 
Man Ray. Mode, 1935. Épreuve gélatino argentique.
 
Man Ray. Photographie publicitaire, 1925. Épreuve gélatino argentique. Collection particulière.
 

 

Vidéos. Les Mains des femmes sont des bijoux, 1933.
L'Actualité féminine, coiffures, 1937.
 
Vidéo capturée au sein de l'exposition.


4 - L’APOGÉE D’UN PHOTOGRAPHE DE MODE, LES ANNÉES BAZAAR

Scénographie
4 - L’APOGÉE D’UN PHOTOGRAPHE DE MODE, LES ANNÉES BAZAAR

Les années 1934 à 1939, passées sous contrat avec le magazine américain Harper’s Bazaar, marquent l’apogée du style de Man Ray qui maîtrise dorénavant pleinement son mode d’expression. La liberté technique et formelle du photographe, la sophistication des images qui s’accorde à celle de la mode, s’intègrent pleinement à l’invention graphique portée par l’équipe dirigeante du magazine, Carmel Snow et Alexey Brodovitch, dont le leadership international s’exercera pendant une vingtaine d’années.
Le cinéma et les actualités cinématographiques ne parviennent pas à rivaliser avec la presse écrite, qui demeure le principal vecteur d’information et de diffusion de la mode. La publicité et la photographie y occupent toujours plus d’espace, séduisant un lectorat qui ne cesse de s’élargir.
 
Texte du panneau didactique.
 
Harper’s Bazaar, « Fashions by Radio », septembre 1934, p.45, revue. Paris, Palais Galliera, Musée de la Mode de la Ville de Paris.
 
Man Ray. Comtesse de Beauchamp,  1933. Épreuve gélatino argentique. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle, dation en 1994.
 
Man Ray. Madame Toulgouat portant une robe du soir en coton d’Elsa Schiaparelli, c. 1930-1980. Épreuve gélatino argentique, tirage récent. Photographie de mode, publiée dans Town & Country, juin 1932. Dijon, Frac Bourgogne.
Scénographie
Elsa Schiaparelli (1890-1973)

Née en 1890 à Rome, c’est en 1927 qu’elle crée à Paris, ses premiers pulls que Vogue qualifie de « chefs d’oeuvre ». Proche d’artistes tels Salvador Dalí, ou Jean Cocteau, elle s’impose par une vision provocatrice de la mode.
Détournements, excentricité, volonté de choquer par des couleurs vives (dont le rose shocking) ou l’emploi d’un vocabulaire étranger à la mode : elle organise son travail en thématiques qui séduisent rapidement la presse spécialisée et une large clientèle internationale. Personnalité mondaine, elle n’hésite pas à s’afficher et à se faire photographier dans les tenues les plus insolites. Elle sera la grande rivale de Coco Chanel pendant toutes les années 1930.
 
Texte du panneau didactique.
 
Man Ray. Elsa Schiaparelli (avec une perruque), vers 1934. Épreuve gélatino argentique, 18 x 24 cm. Marseille, Musée Cantini.
 
Man Ray. Elsa Schiaparelli, c.1934. Épreuve gélatino argentique. Paris, Collection particulière.
 
Man Ray. Robe, Madame Alix, 1935. Épreuve gélatino argentique, 15,7 x 9,2 cm. Collection particulière.
 
Man Ray. Elsa Schiaparelli, vers 1931. Épreuve contact gélatino-argentique, 10 x 7,5 cm. Marseille, Musée Cantini. © Musées de Marseille. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020.
 
Man Ray. Elsa Schiaparelli dans une robe réalisée en collaboration avec Jean Dunand, collet à plumes de coq, 1931. Épreuve moderne d’après négatif original. Paris, Palais Galliera, Musée de la Mode de la Ville de Paris.
 
Man Ray. Mode, s. d. Épreuve gélatino argentique. Paris, Collection particulière.
 
Man Ray. Mode, s. d. Épreuve gélatino argentique. Paris, Collection particulière.
Scénographie
Mode et expérimentation

L’attractivité de Man Ray tient également à son audace. En 1934 il utilise un bélinographe (ancêtre du télécopieur) pour envoyer de Paris à New York un cliché. Déformé, illisible, le cliché se fond avec une élégante efficacité dans la maquette voulue pour Harper’s Bazaar par Alexey Brodovitch. Man Ray emploie tous les « trucs » de la modernité photographique, de la vue plongeante à la surimpression en passant par la solarisation, pour donner à ses images un caractère immédiatement reconnaissable, celui d’une image « artistique ».
 
Texte du panneau didactique.
 
Man Ray. Portrait de Mode ?, 1930. Épreuve gélatino argentique. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne/Centre de création industrielle, dation en 1994.
 
Man Ray. Nimet Eloui Bey, vers 1930. Épreuve gélatino argentique, 11 x 6,5 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d'Art moderne / Centre de création industrielle, dation en 1994. © Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. Rmn-Grand Palais / Guy Carrard. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020.
 
Man Ray. Sans Titre, vers 1935. Épreuve gélatino argentique sur, retouches à l’encre noire. Marseille, Musée Cantini.
Scénographie
 
Man Ray. Modèle de Elsa Schiaparelli, c. 1937 – 1980. Épreuves gélatino argentique, tirage tardif. Milan, Fondazione Marconi.
 
Elsa Schiaparelli. Manteau du soir. Collection automne-hiver 1938/39. Drap de laine.  Broderies de Lesage. Musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la Mode - château Borély. © Château Borély / photo R. Chipault - B. Soligny.
 
Lunettes spirales pour Schiaparelli, 1936. Métal. Paris, Maison Schiaparelli.
Harper’s Bazaar, « The pulse of fashion by radio », mars 1935, p.53.
Paris, Palais Galliera, Musée de la Mode de la Ville de Paris .
 
Man Ray. Bettina Jones, 1933. Épreuve gélatino-argentique, planche contact comprenant 2 images recadrée à l’encre noire, 9 x 12 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art Moderne / Centre de création industrielle, dation en 1994.
 

 

Vidéo : Une robe de Mme Schiaparelli (extrait).
 
Vidéo capturée au sein de l'exposition.
Scénographie
 
Man Ray. Robe de petit soir en crêpe noir imprimé, Elsa Schiaparelli, collection février 1936 n°104. Publié dans Harper’s Bazaar, mars 1936, p.72d, 1936. Épreuve gélatino argentique, 27.8 x 22 cm. Paris, Palais Galliera, Musée de la Mode de la Ville de Paris. © Galliera / Parisienne de Photographie. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020.
 
Man Ray. Tailleur, jupe noire et veste à carreaux roses, Elsa Schiaparelli, collection février 1936. Publié dans Harper’s Bazaar, mars 1936, 1936. Épreuve gélatino argentique. Paris, Palais Galliera, Musée de la Mode de la Ville de Paris.
Scénographie
 
Man Ray. Mode, c. 1920. Épreuve au platine, tirage moderne réalisé en 2003 d’après le négatif souple. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle, achat par commande.
 
Madeleine Vionnet. Robe manteau, 1936. Paris, Les Arts Décoratifs. © Les Arts Décoratifs, Paris / Patrick Gries / akg-images.
 
Man Ray. Chemise de nuit transparente en étamine crée par Olga Hitrova, 1936. Épreuves gélatino argentique. Collection particulière.
 
Man Ray. Robe du soir en satin rose de Ducharne, Elsa Schiaparelli. Collection février 1936. Épreuve gélatino argentique. Paris, Palais Galliera. Musée de la Mode de la Ville de Paris.
Scénographie
 
Man Ray. Mode, robe du soir, c.1935. Épreuve gélatino argentique. Marseille, musée Cantini, acquis en 2019 en souvenir de Monsieur Jean-François Sarnoul.
 
Man Ray. Composition, 1936. Épreuves gélatino argentique, contrecollé sur carton. Paris, Centre Pompidou Musée national d’Art moderne / centre de création industrielle; achat en 1987.
Revue Harper’s Bazaar «Black silk taffeta by Alix», février 1937, pages 54-55, février 1937.
© Galliera / Parisienne de Photographie. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020.
 
Harper’s Bazaar, avril 1936, "The bride", avril 1936, p.115. Paris, Palais Galliera, Musée de la Mode de la Ville de Paris.
 
Harper’s Bazaar, 15 septembre 1937, p.56-57. Collection Julien Baulu.
Scénographie
 
Oscar Dominguez, Marcel Jean. Brouette n°1, avant 1937. Bois, feutre, satin, 53 x 153 x 61 cm. Paris, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris.
 
Man Ray. La brouette d’Oscar Dominguez, c. 1937 – 1980. Épreuve gélatino argentique, tirage moderne,  39 x 28,1 cm. Milan, Fondazione Marconi.
Minotaure, « La brouette de Dominguez », revue n°10, 1937.
Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art Moderne / Centre de création industrielle, acquisition.
 
Man Ray. Mode, c.1935. Épreuve gélatino argentique. Collection particulière.
 
Man Ray. Mode, C. 1935. Épreuve agrandie gélatino argentique sur papier baryté épais satiné, lignes de recadrage au crayon graphite. Marseille, musée Cantini, acquis en 2019 en souvenir de Monsieur Jean-François Sarnoul.
Scénographie
La bienséance

Des plus luxueux aux plus populaires, les magazines féminins de l’entre-deux guerres comptent une rubrique mondaine très appréciée des lectrices. Des images de femmes du monde illustrent la mode telle qu’elle peut être portée. A ces images s’ajoutent des recommandations pléthoriques sur les convenances. Ces rubriques se complètent de chroniques où les tendances sont disséquées et illustrées par des croquis de mode avant que le reportage photographique ne devienne prépondérant au cours des années 1930.
Si la mode des années 1920 prône la simplicité et une allure sportive, celle de la décennie suivante renoue avec le formalisme vestimentaire : les codes se multiplient et il convient à nouveau d’adapter soigneusement sa tenue en fonction des circonstances et des lieux.
 
Texte du panneau didactique.
 
Man Ray. Adeline Fidelin «La mode au Congo», 1937. Épreuve gélatino argentique, 22 x 16 cm. Marseille, musée Cantini.
 

 

Modes et convenances de l’entre-deux-guerres pour le jour, le soir, le mariage et la beauté. Diaporama constitué à partir de magazines conservés au Centre de documentation Mode, de Marseille.

 
Vidéo capturée au sein de l'exposition.
 
Man Ray. La mode au Congo, 1937-1980. Épreuve gélatino argentique, tirage par contact, 8,7 x 6,2 cm. Milan, Collection privée. Fondazione Marconi.
 
Man Ray. La mode au Congo, 1937-1980. Épreuve gélatino argentique, tirage tardif. Milan, Collection privée. Fondazione Marconi.
 
Man Ray. La mode au Congo, 1937-1980. Épreuve gélatino argentique, tirage tardif. Milan, Collection privée. Fondazione Marconi.
 
Man Ray. La mode au Congo, 1937-1980. Épreuve gélatino argentique, tirage tardif. Milan, Collection privée. Fondazione Marconi.
 
Man Ray. La mode au Congo, 1937-1980. Épreuve gélatino argentique, tirage par contact, cadrage au crayon. Milan, Collection privée. Fondazione Marconi.
 
Man Ray. La mode au Congo, 1937-1980.  Épreuve gélatino argentique, tirage moderne, 30 x 22 cm. Milan, Fondazione Marconi.


EN GUISE DE CONCLUSION

Scénographie
EN GUISE DE CONCLUSION

L’exceptionnelle vitalité du milieu mondain et le contexte des années 1920 favorable à l’abolition des frontières entre les arts, ont joué en faveur d’une promotion de la mode. Les couturiers, désormais personnalités mondaines à part entière, ont eux-mêmes encouragé les artistes et stimulé leur créativité.
En peu de temps, la mode - et plus particulièrement la haute couture –, a vu son aura s’élargir. Quant à son corollaire, la photographie de mode, elle devient, dès les années 1930, une discipline artistique autonome. Man Ray quitte Paris en 1939. A son retour en en mai 1951 la ville n’est n’est plus celle qu’il avait découverte, à peine débarqué d’Amérique, au début des années 1920. La chaleur communicative des passions partagées avec Tristan Tzara ou Marcel Duchamp, la découverte amusée d’un mode de vie relativement confortable, sont bien loin. Il se retrouve confiné dans l’humidité obscure d’un ancien garage, à l’ombre des tours sévères de l’église Saint-Sulpice. Sa réussite de photographe de mode recherché, de coqueluche des riches expatriés américains, appartient désormais au passé et il se consacre à sa vocation de peintre qui ne l’a jamais vraiment quitté.
Face à l’histoire il prend une posture, qu’il tiendra jusqu'à la fin, celle d’un « touche-à-tout » de génie, dilettante de talent qui ne prétend faire que ce qui l’amuse et récuse toute contrainte économique et sociale.
Pourtant, la photographie de mode, cette partie longtemps occultée de son travail de photographe professionnel, demeure le témoignage d’une incontestable réussite.
 
Texte du panneau didactique.
 
Man Ray. Juliet, c.1945. Épreuve gélatino-argentique, 23,3 x 12,6 cm. Marseille, musée Cantini.
 
Man Ray. Mode (Californienne), 1937-1979. Épreuve gélatino argentique, tirage tardif. Milan, Fondazione Marconi.
 
Man Ray. Autoportrait, 1932. Épreuve gélatino argentique. Paris, collection particulière.
 
Man Ray. Juliet «avec grattages», c.1945. Épreuve gélatino-argentique, retouchée, 24,5 x 19,5 cm. Collection particulière.
 

Man Ray. Juliet en robe du soir. Épreuve gélatino argentique, tirage moderne, 28 x 21,8 cm. Milan, Fondazione Marconi.





Chronologie

1890
Naissance d’Emmanuel Radnitsky (Man Ray) le 20 août à Philadelphie. Son père tient un atelier de confection tandis que sa mère réalise des vêtements pour la famille.

1911
Man Ray s’installe à New York et fréquente la Galerie 291, ouverte par le photographe Alfred Stieglitz, grand défenseur de l’art moderne aux États-Unis tout autant que de la photographie qu’il élève au rang d’art.
Man Ray étudie le dessin à l’École moderne de New York, fondée sur une pédagogie rationaliste et sur le principe d’émancipation sociale. Il y est influencé par les idées de Francisco Ferrer, pédagogue libertaire catalan.
Il travaille ensuite à mi-temps chez un graveur puis dans la publicité, et enfin chez un éditeur de cartes qui l’emploie comme dessinateur.
La même année, en France, le couturier Paul Poiret demande au photographe Edward Steichen, proche de Stieglitz, de faire un reportage sur ses collections, publié dans Art et Décoration. Il s’agit d’un des premiers reportages photographiques de mode.

1913
Découverte par Man Ray des oeuvres de Marcel Duchamp lors de l’Armory Show, exposition internationale d’art moderne à New York, qui, sur un air de scandale, fut la première du genre à faire découvrir les avant-gardes européennes aux États-Unis.
Adolf de Meyer devient photographe pour la revue de mode Vogue, alors principalement illustrée par des dessins. Ce dernier était connu pour son style pictorialiste, esthétique inspirée de la peinture qui cherche à transformer le réel photographié à l’aide d’artifices tels que les flous, des effets de clair-obscur, et des interventions manuelles sur le négatif.

1915
Rencontre de Man Ray avec Marcel Duchamp et publication d’un fascicule dans l’esprit dada, mouvement littéraire et artistique d’avant-garde de remise en cause des conventions tant artistiques que sociales.
Man Ray réalise ses premières reproductions photographiques pour le catalogue d’une exposition collective à la Daniel Gallery à New York.
Apparition de ses premiers portraits photographiques.

1917
Man Ray s’initie à l’aérographie, procédé de peinture industriel avec un pistolet, et à la technique du cliché-verre, relevant tant de la photographie que du dessin gravé.

1920
Présentation de son oeuvre Lampshade, spirale en suspension, en carton, découpée dans un réflecteur d’abat-jour, à l ‘exposition d’ouverture de la Société Anonyme.

1921
Arrivé à Paris au mois de juillet, Man Ray occupe une chambre dans l’appartement de Marcel Duchamp, 22, rue de la Condamine.
Il envoie deux photographies au Salon dada : exposition internationale de Paris.
En décembre, il prend une chambre au Grand Hôtel des Écoles, rue Delambre, aménagée en petit studio photographique.
Rencontre avec Kiki de Montparnasse, qui devient sa compagne et son modèle.
Sa première exposition personnelle, intitulée « Exposition dada Man Ray », a lieu à la librairie Six.
Il photographie Marcel Duchamp en Rrose Sélavy, personnage féminin que celui-ci a créé, photographie réemployée dans l’oeuvre de Duchamp Belle Haleine, Eau de Voilette.

1922
Il découvre le procédé des rayogrammes, « photographies obtenues par simple interposition de l’objet entre le papier sensible et la source lumineuse ». Publication à ce sujet d’une lettre par Jean Cocteau dans la revue Feuilles libres.
Ses portraits de peintres et d’écrivains sont publiés dans Vanity Fair dès le mois de juin : son succès comme photographe portraitiste lui permet de s’installer dans un véritable atelier au 31 bis, rue Campagne-Première au mois de juillet.
En décembre, il publie dans un ouvrage intitulé Champs délicieux un ensemble de rayogrammes.
Gabriële Buffet-Picabia, épouse du peintre dada Francis Picabia, l’introduit auprès de Paul Poiret.

1923
Bérénice Abbott devient son assistante jusqu’en 1926, date à laquelle elle ouvre son propre studio, devenant elle-même célèbre pour ses portraits photographiques.
Le photographe Adolf de Meyer quitte les éditions Condé-Nast (regroupant Vogue et Vanity Fair) pour Harper’s Bazaar.

1924
Publication du Violon d’Ingres dans Littérature.
Commence à collaborer avec Vogue (éditions anglaise, française et américaine) dès le mois de juillet.
Collabore avec le photographe de mode George Hoyningen-Huene au portfolio de mode The most beautiful women in Paris.
Participe à La Revue surréaliste dont le premier numéro paraît cette année.

1925
Il photographie, lors de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes, le Pavillon de l’Élégance pour Vogue (publication au mois d’août dans le Vogue français et anglais, puis au mois de septembre dans le Vogue américain).
Vogue recrute George Honyngen-Huene pour dessiner les figurines. Celui-ci deviendra par la suite un des plus importants photographes de mode.

1926
Il publie Noire et Blanche dans le Vogue français du 1er mai.

1927
La couturière Elsa Schiaparelli, influencée dans ses créations par l’évolution contemporaine des beauxarts, ouvre son premier magasin de mode à Paris.
Participation au Bal futuriste organisé par le vicomte Charles de Noailles et son épouse Marie-Laure, importants mécènes du mouvement surréaliste, et photographie les hôtes.

1928
Man Ray collabore avec le journal VU, spécialisé dans la photographie, et ne travaille plus pour Vogue que de manière épisodique.

1929
Tournage des Mystères du château du Dé dans la villa Noailles à Hyères, commandité par Charles de Noailles, un film qu’il dédie à la comtesse propriétaire des lieux.
Participation à l’exposition Film und Foto à Stuttgart, évènement emblématique de la Nouvelle Vision, mouvement photographique caractérisé par un cadrage dynamique, des vues en plongée et contreplongée et des plans rapprochés jouant sur les angles et les diagonales.
Lee Miller, qu’il vient de rencontrer, devient son assistante et sa compagne jusqu’en 1932. Ils redécouvrent ensemble la solarisation. Ce dispositif de tirage,apparu au XIXe siècle, est utilisé sciemment par Man Ray pour produire des phénomènes d'inversion localisée et de silhouettage sur ses photographies.

1930
Durant l’été, Man Ray participe au Bal blanc chez le comte et la comtesse Pecci-Blunt. Avec l’aide de Lee Miller, il projette sur les habits blancs des invités les images d’un film colorié à la main. Ses photographies sont publiées dans le Vogue français d’août 1930.

1931
Réalise un album publicitaire pour la Compagnie parisienne de distribution de l’électricité. Il y combine la méthode de la rayographie à celle du photomontage.

1932
Carmel Snow, éditrice de la revue de mode Harper’s Bazaar, engage Alexey Brodovitch comme directeur artistique du magazine.

1933
Collaboration avec la revue Minotaure, revue d’inspiration surréaliste créée cette année même par les éditeurs Albert Skira et Tériade, et dans laquelle Man Ray publie L’Age de la lumière.
Réalise À l’heure de l’observatoire – Les Amoureux.
Il participe au Salon du Nu photographique, galerie de la Renaissance à Paris.
Il est embauché par Harper’s Bazaar. En septembre, ses premières Fashions by radio dans lesquelles Man Ray mêle la rayographie à la photographie de mode y sont publiées.
Le critique d’art J. Thrall Soby publie l’album Man Ray Photographs 1920-1934.

1935
Man Ray publie son texte On Photography dans Commercial Art and Industry.
Réalise des photographies de Nusch Eluard, épouse du poète, nue, pour le recueil Facile de Paul Eluard.

1936
Man Ray rencontre Adrienne Fidelin, une danseuse guadeloupéenne, qui devient sa compagne.
Il participe à l’exposition Cubism and Abstract Art ainsi qu’à Fantastic Art Dada Surrealism au Museum of Modern Art à New York.

1937
Publication de La photographie n’est pas l’art avec un texte d’André Breton et douze photographies de Man Ray.
Exposition de chapeaux africains à la galerie Charles Ratton, spécialisée dans les arts dits « primitifs », organisée par Paul Eluard. Man Ray photographie des modèles portant ces chapeaux pour Harper’s Bazaar sous le titre La Mode au Congo.

1938
Il participe à l’Exposition internationale du surréalisme, galerie des Beaux-arts à Paris, et photographie tous les mannequins exposés.
Erwin Blumenfeld, célèbre photographe de mode qui, comme Man Ray, sait mettre à profit ses expérimentations de « dadaïste futuriste » pour la photographie de mode, intègre l’équipe de Vogue et publie également dans Harper’s Bazaar.

1940
Man Ray s’installe en Californie à Hollywood et rencontre Juliet Browner, danseuse et modèle américaine, qu’il épouse en 1946.

1944
Dernière publication pour Harper’s Bazaar.

1951
Il expérimente la photographie en couleur.

1961
Médaille d'or de la photographie à la Biennale de Venise.

1962
Exposition Man Ray, l'oeuvre photographique à la Bibliothèque nationale.

1963
Publication de son autobiographie Self portrait.

1976
Man Ray meurt à Paris le 18 novembre.

 




Techniques photographiques

RAYOGRAMME

En 1922 Man Ray publie dans Vanity Fair ses premiers photogrammes et les baptise « rayogrammes ». Cette technique de « photographie sans objectif » permet d’obtenir une épreuve par simple interposition d’un objet entre le papier sensible et la source lumineuse.
Ce procédé est à l’origine de l’invention de la photographie et fut découvert par William Henry Fox-Talbot dès 1834 qui le publia sous le nom de « photogenic drawing ». Il fut repris sur un plan purement artistique par le dadaïste Christian Schad en 1917 puis par Laszlo Moholy-Nagy un peu plus tard. Ne nécessitant ni appareil ni objectif, le photogramme, après avoir été fixé, révèle la trace photographique de la forme de l’objet, prenant des teintes sombres aux endroits exposés à la lumière et des teintes claires aux endroits non exposés, elles deviennent grises si les objets sont transparents ou translucides. En déplaçant la source lumineuse ou en procédant à de multiples expositions on peut obtenir une image complexe.


SOLARISATION

Ce procédé de tirage est apparu en 1862 sous le nom d’effet Sabatier. Il provoque une inversion partielle des valeurs de l’image par une exposition à la lumière du négatif ou de l’épreuve au cours du développement. Cette action provoque l’apparition d’un liseré séparant les zones sombres des zones claires. Man Ray, qui dit l’avoir découvert par hasard en 1931, l’a utilisé sciemment pour produire un effet de silhouettage qui est devenu une des caractéristiques de son style photographique. Confiant dans sa maîtrise technique, il réalisait cette opération le plus souvent directement sur le négatif ce qui lui permettait de confier le travail du tirage à un assistant.


SURIMPRESSION

La surimpression consiste à superposer deux ou plusieurs éléments, soit à la prise de vue (clichés successifs sur la même plaque), soit au tirage. Le plus souvent l’épreuve a été réalisée à partir de deux ou plusieurs négatifs superposés en sandwich dans la fenêtre de l’agrandisseur.


PHOTOMONTAGE

Apparu au XIXe siècle, le montage photographique est adopté dans les années 1920 et 1930, par les mouvements artistiques d’avant-garde (dada, surréalisme, futurisme, constructivisme russe) qui en font un moyen d’expression à part entière. Le photomontage peut prendre des formes très diverses : il peut être composé à partir de fragments photographiques découpés, collés, parfois complétés d’ajouts peints ou typographiques, mais également créé à partir de plusieurs négatifs combinés. Dans les années 1930, la presse s’emparera de ce nouveau moyen d’expression souvent dans un but politique.

LES DIFFÉRENTS TYPES DE TIRAGE

Tirage par contact : un tirage contact est obtenu en plaçant le négatif directement sur le papier photographique. Le tirage a donc les mêmes dimensions que celles du négatif. Privilégié au XIXe siècle, ce type de tirage continue tout au long du XXe siècle à être pratiqué, notamment pour l’obtention de planches-contact permettant au photographe de choisir l’image à retenir. Man Ray marque souvent le cadrage souhaité directement sur cette épreuve.

Tirage original : un tirage original est un tirage effectué par l’auteur ou sous son contrôle, à partir du négatif original. On en distingue deux types selon la période de réalisation : le tirage d’époque et le tirage tardif. Un tirage d’époque est un tirage original produit à une date proche de celle de la prise de vue, tandis que le tirage tardif peut être produit de nombreuses années après la prise de vue.

Retirage (aussi appelé tirage moderne) : un retirage est un tirage réalisé après la mort de l’auteur, à partir du négatif original. L’oeuvre de Man Ray a fait l’objet de très nombreux retirages de qualité très diverses souvent à partir de contretypes des négatifs originaux.

Contretype : le contretype est un duplicata d’une image photographique obtenu en la rephotographiant. Le contretype d’un négatif peut être obtenu par contact. Man Ray a beaucoup contretypé ses rayogrammes originaux pour les diffuser ou même les commercialiser.