Parcours en images de l'exposition

MAGRITTE / RENOIR
Le surréalisme en plein soleil

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°526 du 23 juin 2021



 

Magritte / Renoir.
Le surréalisme en plein soleil

De 1943 à 1947, René Magritte peint plus de 70 tableaux qu’il inscrit dans ce qu’il nomme tour à tour sa « Période Renoir », son « art solaire » ou encore son « surréalisme en plein soleil ». Ces oeuvres recourent à une palette de couleurs vives et à une touche qui évoque celle de l’impressionnisme. Leur iconographie célèbre « le beau côté de la vie » (Fleurs, nus, paysages champêtres…). Étranger à un surréalisme auquel est d’ordinaire associé Magritte, ce chapitre de son oeuvre n’a que rarement bénéficié de l’attention des historiens de l’art, de la bienveillance des commissaires d’exposition.

Inaugurée en 1943, la période « impressionniste » de Magritte est contemporaine de la défaite des troupes allemandes à Stalingrad et d’un espoir qui renaît alors dans l’Europe entière. En 1946, le peintre veut faire de son art «solaire » le modèle d’un renouvellement du surréalisme.
L’incompréhension d’André Breton et la déception qu’elle fait naître chez Magritte le conduit à saborder artistiquement ses projets de réforme du surréalisme. Cette désillusion explose dans ses peintures « vaches ». La présente exposition retrace les étapes d’un espoir qui se mue en un énorme éclat de rire.
 
Texte du panneau didactique.
 
René Magritte (1898-1967). Comité de vigilance des intellectuels antifascistes Le vrai visage de Rex »), vers 1937. J. Wuillaume (imprimeur). Lithographie sur papier, 80 × 57,3 cm. Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles, AVB Affiches 865.
 
 


1 - LES TEMPS MENAÇANTS

Les temps menaçants

Quelques jours après l’invasion de la Belgique par les troupes allemandes, les menaces que font peser sur lui son activisme au sein des groupes intellectuels opposés au fascisme conduit René Magritte à prendre la route de l’exil. Il séjourne à Carcassonne où le poète Joë Bousquet (1897- 1950) reçoit nombre d’écrivains et artistes ayant rejoint la « zone libre ». Les tableaux peints à Carcassonne expriment sa nostalgie, témoignent de sa solitude. Son épouse Georgette a en effet refusé de le suivre sur la route de l’exil. Alors que les surréalistes se regroupent à Marseille dans l’espoir de pouvoir rejoindre les États-Unis, Magritte ne pense qu’à retrouver la Belgique.
 
Texte du panneau didactique.
 
René Magritte (1898-1967). Le Présent, 1938. Gouache sur papier, 48.3 x 32.4 cm. Collection privée. © Photothèque R. Magritte / Adagp Images, Paris, 2021.


2 - RETOUR DE FLAMME

Scénographie
Retour de flamme

En décembre 1940, René Magritte peint Le Retour, l’image d’un oiseau qui retrouve son nid. Le « nid » de Magritte est la capitale belge qu’il vient tout juste de rejoindre. Celui-ci est d’autant plus douillet qu’il y retrouve son épouse Georgette, revenue à son égard à de bons sentiments. Les toiles que réalise Magritte disent sa passion et sa joie de vivre retrouvées (L’Embellie, Le Retour de flamme).

Il informe Paul Éluard (1895 - 1952) de l’évolution que connait sa peinture : « Il fallait sans doute que je trouve le moyen de réaliser ce qui me tracassait : des tableaux où le beau côté de la vie serait le domaine que j’exploiterais. J’entends par là tout l’attirail traditionnel des choses charmantes, les femmes, les fleurs, les oiseaux, les arbres, l’atmosphère de bonheur, etc. Et je suis parvenu à renouveler l’air de ma peinture, c’est un charme assez puissant qui remplace maintenant dans mes tableaux, la poésie inquiétante que je m’étais évertué jadis d’atteindre.»
(Magritte à Paul Éluard, décembre 1941).
 
Texte du panneau didactique.
 
René Magritte (1898-1967). Le Retour de flamme, 1943. Huile sur toile. Collection privée. © Photothèque R. Magritte / Adagp Images, Paris, 2021.
 
René Magritte (1898-1967). Portrait de Georgette Magritte, 1944. Huile sur toile, 54 × 45 cm. Collection Raquel et Andrew Segal.
 
René Magritte (1898-1967). La Voie Royale, 1944. Huile sur toile, 65,3 × 50,3 cm. Collection particulière. Photo courtesy of Sotheby’s. © Adagp, Paris 2021.
 
René Magritte (1898-1967). Le Retour, 1940. Huile sur toile, 50 x 65 cm. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. © MRBAB, Bruxelles /photo: J. Geleyns - Art Photography. © Adagp, Paris 2021.
 
René Magritte (1898-1967). L'Orient, 1941. Huile sur toile, 81 x 65 cm. Collection privée. © Alessandro Fiamingo – Art Defender S.r.l.  © Adagp, Paris 2021.


3 - SOUS LE SIGNE DE RENOIR

Scénographie
Sous le signe de Renoir

Quelques semaines seulement après la défaite des troupes allemandes à Stalingrad, René Magritte peint un tableau inspiré par Les grandes baigneuses d’Auguste Renoir (1884-1887). Il collecte les ouvrages récents consacrés au peintre impressionniste, concentre son attention sur ses oeuvres tardives. Son intérêt pour Renoir est-il compatible avec son surréalisme ? Magritte est conscient que son apologie de l’hédonisme et du sensualisme contredit les valeurs du surréalisme d’avant-guerre. Un surréalisme qu’il décrit à André Breton (1896-1966) comme marqué par « le désarroi» et « la panique », par une « atmosphère pessimiste ».
Son apologie du soleil, son exaltation de la pleine lumière, contredisent les célébrations de la nuit puisées par le surréalisme dans les écrits des romantiques allemands, notamment du poète Novalis (1772-1801). À ces provocations s’ajoute sa désinvolture à l’égard du style, ce dernier refuge de l’authenticité, de la subjectivité. Magritte inaugure une activité de faussaire, copiant Titien (1488- 1576) ou le paysagiste hollandais Meindert Hobbema (1638-1709), pour un marché avide de maîtres anciens.

 
Texte du panneau didactique.
 
René Magritte (1898-1967). La Leçon d'anatomie, 1943. Huile sur toile, 60 x 73 cm. Collection privée. © Photothèque R. Magritte / Adagp Images, Paris, 2021.
 
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919). Fleurs dans un vase, vers 1896-1898. Huile sur toile, 55 x 46 cm. Paris, musée de l'Orangerie. Photo © RMN-Grand Palais (musée de l'Orangerie) / Franck Raux.
 
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919). Bouquet, vers 1900. Paris, musée de l'Orangerie. © RMN-Grand Palais (musée de l'Orangerie) / Franck Raux.
 
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919). Bouquet de tulipes, vers 1905-1910. Huile sur toile, 44 × 37 cm. Paris, musée de l’Orangerie.
 
René Magritte (1898-1967). La Préméditation, 1943. Huile sur toile, 55 x 46 cm. Collection privée. © Photothèque R. Magritte / Adagp Images, Paris, 2021.


4 - L’HÉRITAGE DE RENOIR

Scénographie
L’héritage de Renoir

Après sa mort en 1919 et l’important hommage que lui consacre le Salon d’Automne l’année suivante, Auguste Renoir fait figure de maître pour les jeunes artistes modernes. Ces derniers s’intéressent notamment à ses œuvres tardives, plus radicales, tant par leur iconographie que par leur facture et couleurs audacieuses. Tandis que Picasso (1881-1973) y puise les lignes de la grande tradition, Matisse (1869-1954) y retrouve la fraicheur et l’hédonisme auxquels aspire sa propre peinture. Au tournant des années 1940, René Magritte s’approprie à son tour son « style » et ses thèmes, alors même que le succès populaire grandissant de Renoir auprès des musées et collectionneurs américains contraste avec un désintérêt grandissant de la critique d’art moderniste.

 
Texte du panneau didactique.
 
René Magritte (1898-1967). La Moisson, 1943. Huile sur toile, 59,7 x 80 cm. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. © MRBAB, Bruxelles/photo: J. Geleyns - Art Photography. © Adagp, Paris 2021.
 
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919). Nu au canapé, 1915. Huile sur toile, 54,4 x 65,3 cm. Royaume-Uni, Londres, Tate Collection. Photo © Tate.
 
René Magritte (1898-1967). L'Univers interdit, 1943. Huile sur toile, 60 x 81 cm. Liège, collection de la fédération Wallonie- Bruxelles. Photo Vincent Everarts. © Adagp, Paris 2021.


5 - LE SURRÉALISME EN PLEIN SOLEIL
Scénographie
Le surréalisme en plein soleil

Les premières expositions des oeuvres « Renoir » de René Magritte provoquent des réactions indignées. L’éditeur P.G. van Heecke (1887-1967) se lamente de le voir : « entêté, buté, accroché à ses erreurs (et horreurs !) actuelles ». Pour aider à la compréhension de ses oeuvres nouvelles, Magritte rédige : L’Imbécile, L’emmerdeur et L’enculeur, trois tracts rabelaisiens au « goût » de ses tableaux récents. Sitôt la guerre achevée, Magritte se précipite au domicile parisien d’André Breton et lui propose de faire de son art solaire le programme d’un surréalisme réinventé. Breton en est indigné. Faisant fi des réserves de ce dernier, Magritte rédige un Manifeste du surréalisme en plein soleil qu’il diffuse largement. Si le poète Joë Bousquet et le peintre Francis Picabia (1879-1953) s’y rallient, la plupart des surréalistes s’abstiennent d’y souscrire. Breton lui adresse un télégramme laconique : « Texte anti-dialectique et par ailleurs cousu de fil blanc… ». Magritte répond : « Le fil blanc est sur votre bobine… » Le sort du « surréalisme en plein soleil » est scellé.

 
Texte du panneau didactique.
 
René Magritte (1898-1967). Le Principe d'incertitude, 1944. Huile sur toile, 65 x 50 cm. Collection Particulière. © Photothèque R. Magritte / Adagp Images, Paris, 2021.
 
René Magritte (1898-1967). Le Regard mental, 1946. Huile sur toile, 54 x 65 cm. Collection privée. © Photothèque R. Magritte / Adagp Images, Paris, 2021.
 
René Magritte (1898-1967). La Cinquième Saison, 1943. Huile sur toile, 50,5 × 60 cm. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
Scénographie
 
René Magritte (1898-1967). La Magie noire, 1942. Huile sur toile, 73,3 × 54,3 cm. Collection particulière.
 
René Magritte (1898-1967). La Magie noire, 1943. Huile sur toile, 81 x 60 cm. Collection privée. Photo Vincent Everarts. © Adagp, Paris 2021.
 
René Magritte (1898-1967). Le Traité des sensations, 1944. Huile sur toile, 80 × 65 cm. Collection particulière.
 
René Magritte (1898-1967). Le Vertige, 1943. Huile sur toile, 74 × 50,9 cm. Collection particulière.
 
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919). Les Baigneuses, entre 1918 et 1919. Huile sur toile, 110 x 160 cm. Paris, musée d'Orsay.
 
René Magritte (1898-1967). Le Sourire, 1943. Huile sur toile, 54 × 65 cm. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
 
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919). Étude. Torse, effet de soleil, vers 1876. Huile sur toile, 81 × 65 cm. Paris, musée d’Orsay.
 
René Magritte (1898-1967). La Pensée parfaite, 1943. Huile sur toile, 65 × 50 cm. Collection particulière.
Scénographie
 
René Magritte (1898-1967). Le Somnambule, 1946. Huile sur toile, 54 x 65 cm. Collection privée. © Photothèque R. Magritte / Adagp Images, Paris, 2021.
 
René Magritte (1898-1967). La Bonne Fortune, 1945. Huile sur toile, 60 × 80 cm. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
 
René Magritte (1898-1967). Alice au pays des merveilles, 1946. Huile sur toile, 146,8 × 114,3 cm. Collection particulière. © Adagp, Paris 2021.
 
René Magritte (1898-1967). Elseneur, 1944. Huile sur toile, 73 × 60 cm. Collection particulière.


6 - ŒUVRES GRAPHIQUES

Scénographie
Œuvres graphiques

L’« impressionnisme » auquel adhère René Magritte pendant la seconde guerre mondiale connait un développement graphique. Il produit plusieurs séries de dessins réalisés d’une « touche » en virgule. Ces dessins sont pour la plupart des illustrations pour des ouvrages dont la nature s’accorde au « sensualisme » de la « période Renoir ». À l’invitation du libraire-éditeur Albert Van Loock, Magritte réalise six dessins à l’encre de Chine pour une édition pirate de Madame Edwarda, le récit érotique de Georges Bataille (1897 – 1962). Dans la même veine, Magritte réalise plusieurs dessins destinés à illustrer une biographie du marquis de Sade écrite par Gaston Puel (1924-2013). À la demande de Marcel Baesber, directeur des éditions La Boétie à Bruxelles, Magritte illustre Les Chants de Maldoror d’Isidore Ducasse (1846 - 1870). L’ouvrage parait en 1948, illustré de soixante-dix-sept illustrations. Pour Paul Éluard, il conçoit également une série de dessins illustrant Les Nécessités de la vie et les conséquences des rêves précédés d’Exemples, 1946.

 
Texte du panneau didactique.
 
René Magritte (1898-1967). Le Sourire, 1946. Gouache sur papier, 36 × 49,5 cm. Bruxelles / Milan, collection Lucien Bilinelli.
 
René Magritte (1898-1967). L’Air et la chanson, 1962. Crayon, 20 x 29 cm. Collection privée. Texte : « Ceci n'est pas une pipe ». © Photothèque R. Magritte / Adagp Images, Paris, 2021.
 
René Magritte (1898-1967). La liberté des cultes, 1946. Huile sur panneau, 24 x 33 cm. Signé en haut à droite. Collection privée.  © Photothèque R. Magritte / Adagp Images, Paris, 2020. Ce tableau n’est pas exposé.
Scénographie
 
René Magritte (1898-1967). Raminagrobis, 1946. Gouache sur papier, 43 × 61 cm. Collection particulière.
 
René Magritte (1898-1967). La Vocation, 1964. Pastels sur papier, 22,6 × 29,5 cm. Collection particulière.
 
René Magritte (1898-1967). Sans titre, dit aussi La Pipe-sexe. Crayon de couleur, 13,5 x 18,6 cm. Collection privée. © Photothèque R. Magritte / Adagp Images, Paris, 2021.
 
René Magritte (1898-1967). Le Plaisir, dit aussi La Jeune Fille mangeant un oiseau, 1927. Gouache sur papier, 36 × 49,5 cm. Collection particulière.
René Magritte (1898-1967). Illustrations pour Madame Edwarda, 1946. Dessins exécutés par Magritte pour illustrer la nouvelle érotique de Georges Bataille Madame Edwarda, publiée anonymement en 1941. Encre de Chine sur papier, 35 × 25 cm. Collection Sisters « L ».
 
René Magritte (1898-1967). Le Premier Jour, 1943. Crayon noir sur papier, 29 × 22 cm. Collection particulière.
 
René Magritte (1898-1967). Le Premier jour, 1943. Huile sur toile, 60,5 x 55,5 cm. Collection privée. © Photothèque R. Magritte / Adagp Images, Paris, 2021. Ce tableau n'est pas exposé.
 
René Magritte (1898-1967). Confiture de cheval, 1945. Crayons de couleur sur papier, 18,5 × 13,5 cm. Collection particulière.
 
René Magritte (1898-1967). Le Bain de cristal, 1946. Gouache sur papier, 48,5 × 34 cm. Collection particulière.


7 - VACHERIE

Scénographie
Vacherie

Dans l’exposition Le surréalisme en 1947 qui marque le retour du mouvement sur le sol européen, les œuvres de René Magritte apparaissent dans une section consacrée aux
« surréalistes malgré eux ». Après le désaveu auquel s’est heurté son Manifeste du surréalisme en plein soleil, cette semi exclusion achève d’irriter Magritte. Lorsqu’au printemps 1948, la Galerie du Faubourg lui propose d’exposer ses œuvres, Magritte y voit l’occasion de solder ses comptes avec le surréalisme parisien. En quelques jours, il « torche » une série de tableaux outranciers et carnavalesques que ses proches (le poète Louis Scutenaire (1905-1987) le premier) ne peuvent qualifier autrement que de « vaches ». Poussant aux limites du supportable l’intensité chromatique et le grotesque de ses derniers tableaux « Renoir », les oeuvres « vaches » viennent clore l’aventure de son oeuvre solaire.

 
Texte du panneau didactique.
 
René Magritte (1898-1967). La Liberté de l’esprit, 1948. Huile sur toile, 100 × 80 cm. Charleroi, musée des Beaux-Arts.
 
René Magritte (1898-1967). L’Incendie, 1943. Huile sur toile, 54 × 65 cm. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
 
René Magritte (1898-1967). L’Intelligence, 1946. Huile sur toile, 54 × 65 cm. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
 
René Magritte (1898-1967). Le Lyrisme, 1947. Huile sur toile, 50 × 65 cm. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
 
René Magritte (1898-1967). Pom’ po pon po pon pon pom pon, 1948. Aquarelle et gouache sur papier, 32,8 × 45,9 cm. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
Scénographie
 
René Magritte (1898-1967). La Vie des insectes, 1947. Huile sur toile, 81,5 × 100 cm. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
 
René Magritte (1898-1967). La Famine, 1948. Huile sur toile, 46 x 55 cm. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. © MRBAB, Bruxelles/photo: J. Geleyns - Art Photography. © Adagp, Paris 2021.
 
René Magritte (1898-1967). Le Crime du pape, 1948. Crayon, aquarelle, gouache sur papier, 46 × 37,8 cm. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
 
René Magritte (1898-1967). Le Psychologue, 1948. Crayon, aquarelle, gouache, gouache or sur papier, 40,7 × 32,8 cm. Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.


8 - PICABIA AUSSI

Scénographie
Picabia aussi

Lors de son premier voyage dans le Paris d’après-guerre, René Magritte rend visite à Francis Picabia. Dans son atelier, il découvre les tableaux que l’ancien dadaïste a réalisés pendant la période de l’Occupation. Ces œuvres enthousiasment tant Magritte qu’il propose à Picabia de rédiger la préface de sa prochaine exposition. Prenant aussitôt la plume, il écrit que sa peinture « oppose à tout un passé envahissant le mouvement et les éclairs de la lumière vive qui font voir la vie tout entière dans son isolement grandiose ». Magritte découvre qu’il n’est pas seul à avoir opposé à la terreur nazie, une peinture qui célèbre l’amour et les effusions printanières, qui illustre le « beau côté de la vie ».

 
Texte du panneau didactique.
 
Francis Picabia (1879-1953).Main mystérieuse (recto) ; Portrait de femme (verso), vers 1938-1942. Huile sur panneau double face, 65 × 54 cm. Strasbourg, musée d’Art moderne et contemporain.
Francis Picabia (1879-1953) (Francis Martinez de Picabia, dit).
Main mystérieuse / Portrait de femme (vers 1938 – 1942).
Recto-verso, Huile sur panneau double face. Strasbourg, musée d’Art moderne et contemporain.

À partir de 1938, Francis Picabia inaugure une série inspirée de l'imagerie populaire, notamment de photographies puisées dans les magazines de mode. Tandis que le verso du tableau représente une composition dadaïste, Picabia s'astreint ici à un réalisme qui confine au kitsch. La découverte de cette série confirme à Magritte la voie d’une peinture sensuelle et joyeuse. Dans un projet de préface, il écrit: « Picabia pense comme on doit penser. En 1946, il oppose à tout un passé envahissant le mouvement et les éclairs de la lumière vive [...] Les tableaux de Picabia bougent, ils échappent à l'idée fixe. Ils sont  superficiels comme la vie joyeuse des amoureux.»

 
Texte du panneau didactique.
 
Francis Picabia (1879-1953). Portrait de femme (verso) ; Main mystérieuse (recto), vers 1938-1942. Huile sur panneau double face, 65 × 54 cm. Strasbourg, musée d’Art moderne et contemporain.