« MADAME GRÈS. La couture à l'œuvre »

Article publié exclusivement sur Internet avec la Lettre n° 327
du 23 mai 2011


MADAME GRÈS. La couture à l'œuvre. Durant les travaux, le Musée Galliera organise ses expositions dans d'autres lieux. Il commence ainsi par le musée Bourdelle, installé dans la demeure et l'atelier - agrandis - de ce sculpteur (1861-1929) dont on peut aussi admirer les nombreuses œuvres qui y sont exposées. Madame Grès (1903-1993), de son vrai nom Germaine Krebs, aurait aimé ce lieu, elle qui disait : « Je voulais être sculpteur. Pour moi, c'est la même chose de travailler le tissu ou la pierre ».
De famille bourgeoise, elle ne peut se consacrer à la danse ou à la sculpture, des professions inconvenantes ! Elle apprend donc les bases de la couture, en trois mois dit-on, auprès d'une première d'atelier et entre comme aide modéliste vers 1924. Rapidement elle gravit tous les échelons et commence à vendre ses toiles et prototypes de modèles à des acheteurs du monde entier. Mademoiselle Alix est le nom sous lequel elle est connue. En 1933 elle ouvre une maison de couture, « Alix Barton » avec Julie Barton. D'emblée leur maison est placée au premier plan. La future Madame Grès lance sa technique consistant à draper à plat la silhouette avec le moins de couture possible, aussi bien pour ses robes du soir que pour ses tenues de piscine ou de plage. Elle explore aussi les tissus de la nouveauté tels les jersey, mohair, satin ciré, crin de nylon qu'elle discipline à dessein.
En 1934 des financiers lui proposent d'ouvrir sa propre maison de couture. Ce sera la maison « Alix ». Le Tout-Paris et le gotha international s'y pressent. Elle se fait aussi remarquer par ses costumes créés pour La Guerre de Troie n'aura pas lieu de Jean Giraudoux, dans la mise en scène de Louis Jouvet. Mademoiselle Alix est une artiste qui sculpte le tissu en drapés à l'antique. Elle présente des modèles aux expositions internationales de Paris (1937) et de New York (1939).
En novembre 1942, après être allée se réfugier avec sa fille en Haute-Garonne, elle rentre à Paris et lance sa propre griffe sous le nom de « Grès », anagramme du prénom - Serge - que portait l'être qui lui était le plus cher, selon ses dires, son mari. Celui-ci reprendra ce pseudonyme pour signer ses œuvres de peintre. Elle ne change rien à ce qu'elle avait fait sous le nom de Mademoiselle Alix, poursuivant ses drapés et le « minimalisme ». Ainsi pendant une cinquantaine d'année, Madame Grès poursuit son travail incessant, sans s'occuper de ses contemporains et des « modes », recevant toutes sortes d'honneurs, jusqu'à ce que Bernard Tapie rachète sa maison et la ruine en moins de trois ans. Elle ne s'en remettra pas et assistera au saccage, en une journée, des trois étages de sa maison de couture. « On venait de lui voler sa vie ». En 1993, elle décède dans une maison de repos près de Toulon, dans un grand dénuement. Son décès ne sera connu que le 14 décembre 1994 par un article du Monde, « La mort confisquée de Madame Grès ».
La scénographie agréable mêle les œuvres de Bourdelle aux robes sculpturales de cette créatrice hors pair, qui reste une référence pour les couturiers et créateurs d'aujourd'hui. Nous avons ainsi la chance de voir quelque quatre-vingts pièces provenant du musée Galliera et de collections privées, une cinquantaine de photographies originales et une centaine de croquis extraits du fonds de dessins de la Maison Grès qui en possède plus de trois mille, dons de la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent. Musée Bourdelle 15e. Jusqu'au 24 juillet 2011. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien Musée Galliera : www.paris.fr/portail/culture/portal.lut?page_id=5854


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