MARKUS LÜPERTZ

Article publié exclusivement sur le site Internet, avec la Lettre n° 384
du 15 juin 2015

 
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MARKUS LÜPERTZ. Alors qu’il a déjà été mis à l’honneur dans les plus grands musées du monde, c’est la première rétrospective en France de cet artiste allemand. Il est né en 1941 à Liberec, en Bohème (aujourd’hui République tchèque) et a fait ses études, entre autres, à l’académie des Beaux-Arts de Düsseldorf, qu’il dirigera plus tard de 1988 à 2009. Aujourd’hui il vit et travaille entre Berlin, Düsseldorf et Karlsruhe.
Il se met à peindre dans le climat artistique de l’Allemagne d’après-guerre dominé par l’expressionnisme abstrait américain et le pop art mais, comme A.R. Penck (Lettre 281) ou Georg Baselitz (Lettre 335), il s’en affranchit pour suivre sa propre voie. En 1962 il crée à Berlin la série Donald Duck et ses premières peintures « dithyrambiques », qu’il produira jusqu’en 1976. Pour celles-ci il adopte des procédés qui consistent, selon ses propres termes, « à imposer aux objets existants une construction ». Dans ces peintures, l’artiste renoue avec la figuration tout en apportant une touche personnelle à l’abstraction, obtenue en grossissant le détail, créant ainsi des formes inédites et frappantes.
Par la suite, à travers des séries, comptant parfois plusieurs centaines d’œuvres de formats et de techniques variés, il s’intéresse à de nombreux sujets. A la fin des années 1960, il peint ainsi des motifs dits « allemands » avec des uniformes, des casques et autres objets du temps du nazisme, provoquant l’incompréhension. Le motif du casque est d’ailleurs récurrent dans son œuvre. Dix ans plus tard, il crée une série qu’il qualifie de « peinture de style » dans laquelle il renonce au motif, la forme étant, selon lui, devenue le motif même.
A partir de 1985, Markus Lüpertz s’intéresse davantage aux grandes figures de l’histoire de l’art telles Poussin, Goya, Courbet, Picasso, reprenant des fragments de tableaux anciens pour les réinsérer dans un contexte nouveau, et revisite en peinture et en sculpture les thèmes de la mythologie grecque.
L’exposition présente quelque cent quarante œuvres majeures présentées curieusement dans un ordre chronologique à rebours ! On commence donc par des peintures de grands formats, « Arcadies, 2013-2015 », pour finir par ses « Peintures dithyrambiques, 1963-1976 ». Entre ces deux sections, huit autres sont présentées : « Nus de dos, 2004-2005 » où l’on n’a parfois que le torse avec des bras détachés du corps ; « Hommes sans femmes. Parsifal, 1993-1997 », inspiré de Perceval, le héros de Chrétien de Troyes (vers 1180) et de Wagner ; « Le sourire mycénien, 1985 » qui trouve son origine dans des sculptures grecques montrant des guerriers mourant en souriant ; « La guerre, 1992 » qui a pour thème le retour de la guerre en Europe et au Proche-Orient ;  « D’après Poussin, 1989-1990 » où l’on a bien du mal à retrouver Adam et Eve dans ces Printemps, tant ils sont disloqués ; « Congo, 1981-1982 » série réalisée à l’occasion d’une exposition au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles et qui évoque l’art cubiste ; « Peinture de style, 1977-1978 » et « Motifs allemands, 1970-1976 ».
A partir de 1981, l’artiste commence à créer ses premières sculptures, en bronze peint, dans lesquelles les parties rugueuses s’opposent aux surfaces lisses, suggérant ainsi des traits physionomiques et des formes abstraites, principe récurrent dans toute son œuvre. Une très belle exposition, bien présentée. Musée d’Art moderne de la Ville de Paris 16e. Jusqu’au 19 juillet 2015. Lien : www.mam.paris.fr.


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