JORDAENS 1593-1678. La gloire d’Anvers
Article
publié dans la Lettre n° 362
du
30 décembre 2013
JORDAENS 1593-1678. La gloire d’Anvers.
Jacques Jordaens est né et mort à Anvers où il semble avoir passé
toute sa vie. Sa renommée est donc moins grande en France que celle
de Rubens, qui réalisa le cycle de Marie de Médicis pour
le Palais du Luxembourg, exposé aujourd’hui au Louvre, dans l’atelier
duquel il travailla en même temps que van Dyck. La présente exposition
nous montre donc la diversité et l’étendue de l’œuvre de cet artiste
dont la notoriété à Anvers était sans égale après la mort de son
mentor en 1640 et celle de Van Dyck en 1641.
Dans une scénographie brillante et originale de Iva Berthon Gajsak
et Giovanna Comana, nous pouvons voir quelque 120 œuvres - tableaux
et gravures essentiellement - en provenance du monde entier, parmi
lesquelles on trouve la plupart de ses grands chefs d’œuvre.
Le parcours est organisé en dix sections commençant par une description
d’Anvers au XVIIe siècle et se terminant par un grand meuble évoquant
un « cabinet de curiosités » dans lequel on peut voir, sentir et
toucher des objets évoquant l’œuvre de Jordaens.
Comme tous les peintres de son époque, Jordaens appartient à une
famille liée au milieu artistique. Il a même un lien de parenté
avec Rubens de par sa première femme. Même s’il s’est converti au
calvinisme, il accepte sans problème et avec pragmatisme les nombreuses
commandes de tableaux décrivant des scènes de la Bible et de la
vie des saints. En effet, en 1585, Anvers est reprise par les armées
espagnoles et les catholiques sont les principaux pourvoyeurs de
commandes. Dans ce contexte, Jordaens et sa famille se conduisent
comme s’ils étaient catholiques ! Parmi les toiles exposées dans
cette section, on remarque une Adoration des Bergers (1616-1617),
une Sainte Famille (vers 1620), Le Sacrifice d’Isaac
(vers 1625-1630), ainsi qu’un Adam et Eve (la Chute de l’homme)
(vers 1640-1645).
Après ces œuvres religieuses, nous voyons une évocation des immenses
décors profanes qu’il réalise tant pour des décors éphémères que
pour des résidences princières, à la manière de Rubens, qui le forme
à ce genre à l’occasion de l’entrée solennelle à Anvers du nouveau
gouverneur des Pays-Bas espagnol, en 1635.
A la suite de cette section, c’est son atelier qui est évoqué. Jordaens
emploie un grand nombre d’assistants dont aucun n’acquiert de notoriété.
En effet son atelier est davantage une « fabrique» à faire de grandes
compositions, dans laquelle chacun a sa spécialité, qu’une école.
Déjà, avec Rubens, il était courant que certains grands commanditaires
acceptent que les tableaux ne soient exécutés que sous la supervision
du maître, du moment que celui-ci les signe ! Des instruments et
des pigments évoquent également, de manière très instructive, la
manière de procéder à son époque.
Dans la section suivante, « "Quotidien" et proverbes »,
nous entrons dans le genre le plus connu de Jordaens, celui associé
aux scènes de festivités, souvent truculentes, comme celles que
l’on trouve dans les diverses versions du Roi boit ! ou de
« Comme les vieux ont chanté, ainsi les jeunes jouent de la flûte
» qui remontent à des traditions anciennes. Le Roi boit !
ne décrit rien d’autre que notre galette des rois avec sa fève
et sa couronne en carton. Après cette section divertissante, vient
la section consacrée aux portraits et figures, un genre où Jordaens
n’excelle pas et où il a de nombreux concurrents (Anvers ne compte
alors pas moins de 200 ateliers de peintures !), qui ont la faveur
des riches familles anversoises. C’est avec «Histoire profane et
mythologie » que l’on retrouve le meilleur de Jordaens. Même s’il
n’a pas l’érudition de Rubens, Jordaens trouve dans des traductions
du grec et du latin, des sujets tirés de l’histoire de l’antiquité
et de la mythologie. Parmi ces compositions, souvent de grandes
dimensions et aux couleurs flamboyantes, on remarque en particulier
Jupiter enfant nourri par la chèvre Amalthée (vers 1630),
L’Enlèvement d’Europe (1643), Le satyre et le paysan
(vers 1645) ou encore Candaule faisant épier sa femme par Gygès
(vers 1646).
Anvers n’est pas loin de Bruxelles et de ses ateliers de tapisseries.
L’avant dernière section est donc consacrée aux « Modèles, cartons
de tapisserie et tentures » qui constituèrent une part importante
du travail de Jordaens dès la fin des années 1620 jusqu’aux années
1660, et cela dans les registres les plus divers : littérature proverbiale,
thèmes équestres, mythologie, histoire antique ou médiévale. Vraiment
une très belle rétrospective. Petit Palais 8e. Jusqu’au 19
janvier 2014. Pour
voir notre sélection de visuels, cliquez ici.
Lien: www.petitpalais.paris.fr.
Retour
à l'index des expositions
Page
d'accueil de « Spectacles Sélection »
|