JEFF KOONS, la rétrospective

Article publié dans la Lettre n° 379
le 2 mars 2015

 


JEFF KOONS, la rétrospective. Cette exposition permet de voir, avec une centaine d’œuvres particulièrement significatives, le parcours singulier de cet artiste, né à York (Etats-Unis) en 1955, dont la cote atteint des records pour un artiste vivant. Le parcours est chronologique mais aussi thématique puisque Jeff Koons évolue au fil des ans, changeant de sujets et de techniques de réalisation. L’exposition commence par des objets de sa première série, Inflatables (1976-1979), qui se compose de jouets gonflables colorés, glanés dans les boutiques bon marché du sud de Manhattan, qu’il dispose sur des miroirs, mêlant ainsi langages pop et minimaliste. Avec sans doute plus de moyens, il assemble, dans Pre-New (1979-1980), des appareils électroménagers (aspirateur Hoover, grille-pain, etc.) et des tubes fluorescents. Cet ensemble annonce sa série The New (1980-1983), avec des aspirateurs soigneusement disposés dans des vitrines, ou des reproductions d’affiches pour des voitures ou des boissons « nouvelles ».
Une autre étape est franchie avec la série Equilibrium (1983-1985). A côté d’aquariums dans lesquelles flottent ou sont suspendus des ballons, nous voyons un équipement de plongée et un canot pneumatique, grandeur nature, en bronze. Ces objets du quotidien sont reproduits en plusieurs exemplaires, comme le seront la plupart des œuvres de Jeff Koons à partir de là. Pour ce faire, l’artiste fait appel à des professionnels des techniques qu’il veut utiliser. Lui-même ne réalise rien et aujourd’hui, il fait travailler une centaine d’artisans, un peu comme le faisaient les grands peintres dans les siècles passés. En 1986 avec la série Luxury and Degradation, Jeff Koons explore les stratégies publicitaires, faisant imprimer sur toile les affiches de différentes marques d’alcool et réaliser en acier inoxydable un Bar de voyage, un Service en baccarat et même un modèle réduit de train. Ces objets sont d’une réalisation particulièrement soignée, comme toutes les œuvres de l’artiste, absolument semblables aux objets authentiques qu’ils reproduisent. C’est encore plus manifeste avec la série suivante, Statuary (1986) dont nous voyons cinq sculptures en acier inoxydable poli, où il met sur le même plan un buste de Louis XIV, une statue représentant Bob Hope et son fameux Lapin, témoignant de son intérêt pour la culture populaire. Ce dernier est encore plus net avec Banality (1988) où l’on voit des représentations de Buster Keaton sur un tout petit cheval en bois polychrome ou de Michael Jackson tenant son singe Bubbles, réalisé en porcelaine dorée à la feuille d’or. C’est vraiment étonnant de mettre en œuvre de telles techniques pour des sujets aussi populaires !
Avec Made in Heaven, série présentée à la biennale de Venise en 1990, Jeff Koons se met en scène avec la Cicciolina, à laquelle il fut marié un temps. A côté de l’affiche de ce « film », on voit un buste en marbre qui le représente, une sculpture de caniche et une autre d’un vase de fleurs toutes deux en bois polychrome, avant d’entrer dans une salle interdite aux mineurs de 18 ans ! Là on peut voir de grandes sérigraphies et des sculptures en cristal de Murano ou en marbre, montrant sans pudeur les ébats érotiques du couple.
Les autres séries sont plus chastes. Nous avons tout d’abord les peintures et objets monumentaux de Celebration (1994-2008). Parmi ceux-ci, on remarque un Chat sur une corde à linge en polyéthylène, un énorme Cœur suspendu en acier inoxydable au poli miroir avec vernis transparent et laiton, une Lune bleue et surtout son fameux Ballon en forme de chien, eux aussi dans les mêmes matériaux. L’ensemble est impressionnant comme le sont les œuvres, Puppy par exemple, qu’il a conçues pour être exposées en extérieur. Après les séries Easyfun (1999), Esayfun-Etheral (2000-2002), Popeye (2003) et Hulk Elvis (2004) où il représente en peinture ou en sculpture sous un jour nouveau des jouets, des héros de bandes dessinées et divers objets, nous arrivons aux dernières productions de l’artiste.
La première, Antiquity (2009-2012), se réfère à des sujets connus comme la Venus paléolithique de Willendorf, une Venus classique, Pluton et Proserpine, l’Origine du Monde de Manet et des ballerines en acier inoxydable aux couleurs rutilantes. La seconde, Gazing Ball (2013), utilise des chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art comme l’Hercule Farnèse ou Ariane, réalisé en plâtre blanc mais aussi une Boîte aux lettres réalisée de la même manière. Sur toutes ces sculptures, il a déposé une boule en verre soufflé d’un bleu intense, d’où le titre de la série. Cette exposition très intéressante et gaie décrit merveilleusement bien l’univers et le parcours de l’artiste. Centre Pompidou 4e. Jusqu’au 27 avril 2015.
Lien : www.centrepompidou.fr.


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